six ans après, les tristes résultats de la suppression de l’ISF
Pour ceux qui ont repoussé l’échéance, il est temps de se connecter au meilleur ami du contribuable, le site impots.gouv.fr. Décalées selon les départements entre le 23 mai et le 6 juin – le 21 mai pour les déclarations papier – les dates limites de validation de la déclaration de revenus 2023 approchent à grands pas. Les Français les plus à l’aise sont désormais bien informés. Depuis le 1euh Depuis janvier 2018, ils ne sont plus soumis à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Traduction d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, l’ISF a cédé sa place à l’IFI, l’impôt sur la fortune immobilière. Parallèlement, le prélèvement forfaitaire unique (PFU) a été créé. Appelé » …
Pour ceux qui ont repoussé l’échéance, il est temps de se connecter au meilleur ami du contribuable, le site impots.gouv.fr. Décalées selon les départements entre le 23 mai et le 6 juin – le 21 mai pour les déclarations papier – les dates limites de validation de la déclaration de revenus 2023 approchent à grands pas. Les Français les plus à l’aise sont désormais bien informés. Depuis le 1euh Depuis janvier 2018, ils ne sont plus soumis à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Traduction d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, l’ISF a cédé sa place à l’IFI, l’impôt sur la fortune immobilière. Parallèlement, le prélèvement forfaitaire unique (PFU) a été créé. Appelé « flat tax », pour les adeptes des anglicismes, et fixé à 30 %, il s’applique aux revenus des biens meubles comme les dividendes et les plus-values de mutations immobilières.
Au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, le sujet a fait couler beaucoup d’encre. Il suffisait de parcourir les rangs des manifestations des Gilets jaunes pour saisir le côté abrasif de ce « cadeau aux riches », perçu comme tel de toute façon. A l’époque, la majorité présidentielle le présentait comme un moyen de réinjecter dans l’économie réelle une partie de l’argent dormant dans les actifs immobiliers. Qu’est-ce que c’est exactement ?
Les critiques des sénateurs
Dès l’automne 2019, un rapport d’information élaboré par la commission des Finances du Sénat s’est montré peu favorable à la réforme entreprise « à la va-vite, malgré son coût pour les finances publiques, initialement estimé à 5,1 milliards de dinars ». « l’euro et sa signification politique majeure ». Selon Vincent Éblé, alors président (PS) de la commission sénatoriale, « les premiers éléments recueillis dans le cadre de l’évaluation indiquent que le gain fiscal n’a été que très partiellement réinvesti dans les entreprises françaises (…) En réalité, il apparaît que la suppression de le FSI répond avant tout à des raisons idéologiques. »
D’autres travaux permettent d’avoir une idée plus précise de l’impact de cette décision historique. En janvier dernier, la Cour des comptes a rendu public un rapport sur l’IFI. Cet impôt concerne les personnes physiques possédant un bien immobilier d’une valeur supérieure à 1,3 million d’euros. 164 000 ménages étaient imposés comme tels en 2022. Depuis le remplacement de l’ISF par l’IFI en 2018, « aucun signe de réallocation des richesses vers les biens meubles n’a été détecté par les études récentes », conclut la Cour, peu suspecte de visées politiques. De toute évidence, l’argent n’a pas été investi pour financer l’économie.
Une perte fiscale estimée à 4,5 milliards d’euros pour 2022
Mais il y a de l’argent. C’est l’un des nombreux enseignements du quatrième et dernier rapport du Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital, installé en décembre 2018, un an après la réforme. Hébergée par France Stratégie, organisme d’expertise et d’analyse qui conseille le gouvernement sur les grands enjeux sociaux, économiques et environnementaux, la Commission d’évaluation rend sa copie en octobre 2023. Selon ses calculs, la perte de recettes fiscales induite par le remplacement de l’ISF par l’IFI peut être estimé à 4,5 milliards d’euros pour la seule année 2022. Ce n’est pas le cas du « flat tax », dont la création ne présenterait aucun coût budgétaire pour le pays.
Comme les autres experts qui se sont penchés sur le sujet, la commission d’évaluation doute fortement que les 4,5 milliards non collectés du chapitre ISF/IFI aient afflué vers l’économie dynamique. « A ce stade, on n’observe, parmi les ménages anciennement soumis à l’ISF, aucune réorientation de leur patrimoine au détriment de l’immobilier », précise-t-il. Le constat est similaire pour le « flat tax » de 30 %. Tout sauf une surprise, selon la commission d’évaluation : « Cette absence d’effet identifié sur l’investissement rejoint de nombreuses études académiques (…) ne parvenant pas à démontrer qu’une modification de la fiscalité du capital pesant sur les ménages peut avoir un effet notable sur les comportements réels. d’entreprises. »
C’était pourtant l’objectif affiché dans le programme du candidat Macron pour l’élection présidentielle de 2017. La mise en place de ce prélèvement forfaitaire unique et la transformation de l’ISF en IFI sont alors présentées comme un soutien à l’investissement. privé. Une fois élu, le nouveau chef de l’Etat reprend l’antienne. « C’est une réforme à produire, pas un cadeau pour les plus fortunés », affirmait-il en avril 2019, précisant sa pensée. Il s’agit d’« encourager les investissements dans l’économie réelle, la recherche, les usines, la production ». Et de corriger le tir, si l’efficacité n’est pas au rendez-vous.
Plus de retours que de départs à l’étranger
Le rapport de la Commission d’évaluation est nuancé sur l’une des autres raisons avancées par le gouvernement pour justifier le bouleversement de 2018 : le retour au bercail des fortunes des expatriés. Depuis cette date, les relocalisations des contribuables IFI vers la France ont dépassé le nombre de départs à l’étranger. «Cette évolution concerne cependant un petit nombre, de l’ordre de quelques centaines, à comparer aux environ 150 000 contribuables soumis à l’IFI», indique-t-on.
La réforme fiscale a fait des gagnants dont la répartition territoriale est précisée par le rapport : Paris et ses environs, les zones de villégiature comme la Côte d’Azur, la côte atlantique et les Alpes du Nord, et les métropoles de Lyon, Marseille et Bordeaux. Mais il y a des riches et des (très) riches, si l’on regarde les revenus fonciers.
Pour les dividendes, la Commission d’évaluation observe que 0,1% des foyers fiscaux, au nombre de 40.000, ont concentré 62% des dividendes versés en 2021. Et que 0,01%, soit 4.000 foyers, 33% sont partagés. Le déséquilibre est encore plus net pour les plus-values : 70 % des montants totaux ont été déclarés par 4 000 ménages cette année-là. Pour ces deux catégories de revenus, le phénomène de concentration dans un nombre très limité de mains (et de poches) est bien plus fort qu’au début des années 2010.