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« Simone a créé mon compte Insta », ce Français caché derrière les médailles de Biles

« Simone a créé mon compte Insta », ce Français caché derrière les médailles de Biles

Avec l’argent au sol ce lundi, Simone Biles repart des JO de Paris avec quatre médailles, dont trois d’or, sous la houlette de ses entraîneurs français Laurent et Cécile Landy, mais aussi de Grégory Milan, ancien danseur de l’Opéra de Paris qui a participé à la mise au point de sa chorégraphie.

Il ne manquait plus que 33 centièmes de point à Simone Biles pour repartir de Paris avec une quatrième médaille d’or autour du cou. Après sa chute à la poutre lundi matin, l’Américaine a dû se contenter de la deuxième place au sol l’après-midi, battue de justesse par la Brésilienne Rebeca Andrade (14.166 à 14.133).

« J’espère que les dixièmes qui lui manquent ne sont pas dus à la chorégraphie », s’inquiète Gregory Milan.

« Elle doit observer »

Depuis décembre dernier, cet ancien danseur français, qui a intégré l’école de danse de l’Opéra de Paris à l’âge de 11 ans, était chargé d’élaborer la nouvelle chorégraphie de la superstar américaine. Une suggestion de ses entraîneurs, eux aussi français, Laurent et Cécile Landy. Cette dernière avait été séduite par son travail avec l’équipe de France de gymnastique, qui lui verse 80% du salaire. Il était ainsi parti aux Etats-Unis pour développer « le plancher » de la leader de l’équipe de France, Mélanie de Jesus dos Santos, partenaire d’entraînement de Simone Biles. L’occasion de prendre le pouls de la championne américaine.

« Simone n’est pas quelqu’un de méfiant mais elle a besoin d’observer, d’avoir confiance, de ressentir quelque chose », a expliqué Gregory Milan à RMC Sport. « Quand elle a vu le début des travaux, elle a aimé mon énergie et ma façon de faire. On a eu une belle relation car on a tous les deux des côtés fous avec des peurs, des passés un peu similaires. Beaucoup de choses nous ont rapprochés. »

Marquée par les JO de Tokyo 2021 où elle avait déclaré forfait pour le concours général en raison d’une pression mentale trop importante, l’athlète de 27 ans s’est remise sur pied avec le Stéphanois à ses côtés. Il l’a rencontrée physiquement deux fois pendant deux semaines à chaque fois, prodiguant, le reste du temps, de nombreux conseils à ses entraîneurs après les compétitions. Ensemble, ils ont ainsi mis en place une nouvelle approche au sol.

« Je ne voulais pas faire une ‘choré’ comme tout le monde avec des gestes dans tous les sens, je voulais faire quelque chose d’assez sobre », explique-t-il.

Et le travail a payé avec trois titres olympiques, dont celui du concours général où il a retrouvé ses marques. « Elle a été superbe, très précise, il fallait qu’elle finisse sa diagonale et qu’elle mette un sourire. Je voulais montrer dans ses gestes qu’elle était la reine, qu’elle n’avait pas besoin d’en faire tout un plat et de dire simplement : ‘c’est moi le patron’. Je voulais que les gens la voient d’une autre manière, qu’ils la voient plus comme une femme, moins comme une enfant, qu’ils passent à un autre statut, c’est-à-dire celui d’une femme d’affaires, d’une femme mariée et qu’ils disent : ‘c’est moi, personne ne va parler pour moi’. »

« Elle m’a dit qu’elle m’aimait »

Le Stéphanois s’est aussi adapté aux envies du gymnaste le plus titré du monde (11 médailles olympiques, 23 championnats du monde). « Simone revenait après ce qui s’était passé au Japon, on sentait qu’elle avait une forte appréhension, raconte-t-il. J’étais parti sur quelque chose de complètement différent, elle voulait choisir la musique donc j’ai opté pour autre chose. Si c’était à refaire, je le referais mais on ne se connaissait pas, c’était la première fois qu’on se voyait donc il fallait aussi faire en sorte que tout le monde ait ce qu’il voulait. »

« Elle m’a dit qu’elle aimait beaucoup Taylor Swift, Beyoncé, qu’elle voulait le faire là-dessus. C’est respectable, c’est elle qui va faire le travail au sol. »

« La musique, c’était son choix », poursuit-il, visiblement pas un grand fan. « Ensuite, on a parlé du mouvement, de ce que je voulais et ça lui convenait parce que ça lui permettait aussi d’être vraiment bon pour aller dans ses diagonales. »

Bien qu’il n’ait pas été accrédité pour suivre ses compétitions puisqu’il est accrédité au nom de l’équipe de France de gymnastique, Grégory Milan a tout de même reçu des nouvelles de Simone Biles. « Elle m’a signé une photo en disant qu’elle adorait sa routine, elle m’a écrit des messages pour me dire qu’elle m’aimait beaucoup et qu’elle me remerciait, a-t-il déclaré. Je suis ravi et ce qui compte, c’est qu’elle soit contente et qu’elle ait été suffisamment bien pour effectuer ses diagonales. »

« C’est Simone qui a créé mon compte Instagram »

Celle qui ne veut pas être présentée comme une chorégraphe mais comme une préparatrice corporelle et artistique a adoré sa personnalité. « Quand elle est dans la salle avec ses autres collègues, elle se comporte comme les autres, on ne pense pas qu’on voit la plus grande gymnaste du monde. Elle n’est pas du tout prétentieuse mais elle est très moqueuse et c’est ce qui fait son charme. »

Elle a aussi à cœur de partager la vedette. « Simone a créé mon compte Instagram, sourit Gregory Milan. Elle a pris mon téléphone avec Mélanie et elles l’ont fait toutes les deux. Simone m’a dit : ‘il faut que tu te fasses connaître et avec moi tu te feras connaître’. »

Nicolas Couët Journaliste RMC Sport

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