Il est le premier membre de la rédaction de Charlie à être abattu par les frères Kouachi le 7 janvier 2015. Rescapé de l’attentat mais handicapé à vie, il témoigne souvent, avec pudeur et humour, de sa vie de survivant.
Simon Fieschi, ancien webmaster et community manager de la rédaction de Charlie Hebdo, est décédé ce jeudi à l’âge de 41 ans, a confirmé à Figaro plusieurs de ses proches. Lors de l’attentat contre Charlie le 7 janvier 2015, il est le premier sur lequel les frères Kouachi tirent. Une balle de Kalachnikov lui a touché la colonne vertébrale et Simon Fieschi subit depuis neuf ans les séquelles irréparables de ce drame. Les circonstances de sa mort ne sont pas encore élucidées, et le parquet de Paris confirme Figaro qu’une enquête a été ouverte pour identifier les causes du décès, suite à la découverte de son corps. L’hypothèse selon laquelle il aurait lui-même mis fin à ses jours n’est donc pas encore confirmée.
Simon Fieschi avait rejoint Charlie en 2012. Il a témoigné à plusieurs reprises sur ce qu’il a vécu le 7 janvier 2015, notamment lors du procès en 2020, au cours duquel il a marqué les journalistes présents par sa modestie… et son sens de l’humour : « Je ne peux plus donner le majeur, mais parfois ça me démange »a-t-il notamment déclaré. Il a récemment assisté, en tant que partie civile, au procès de Peter Cherif, un jihadiste condamné à la prison à vie pour son rôle auprès de l’un des agresseurs de Charlie Hebdo.
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Quand les frères Kouachi font irruption dans la rédaction de Charlie Hebdo, Simon Fieschi a été immédiatement affecté et raconte avoir alors fermé les yeux au sol, croyant que ce réflexe avait « peut-être lui a-t-il sauvé la vie ». « Je me souviens de la porte qui s’est ouverte violemment, d’une explosion. Je me souviens avoir vu mon champ de vision devenir diagonal. Je me souviens avoir entendu « Allahu Akbar », « nous ne tuons pas les femmes » et j’ai vu passer les deux hommes cagoulés. »il a témoigné au procès, racontant ces minutes d’horreur gravées à jamais dans sa mémoire. Il ne verra qu’une trace de sang, le sien, dont il « Je ne comprends pas vraiment le sens ».
« Des douleurs qui ne disparaissent jamais »
Simon Fieschi est alors hospitalisé et placé dans un coma artificiel pendant une semaine : il se réveille après l’attentat de l’Hyper Cacher et la marche du 11 janvier. Son hospitalisation complète durera au total huit mois, puis pendant plusieurs années il continuera à aller à l’hôpital tous les jours. Il a perdu ses capacités motrices, dit qu’il souffre également « des douleurs qui ne disparaissent jamais ».
Dans un texte poignant, intitulé « Se réveiller dans un sarcophage en janvier 2015 »il a raconté sa lente reconstruction en termes émouvants. « Comme je ne pouvais ou ne voulais pas mourir, j’ai dû recommencer à vivre »il écrit notamment. Avant de conclure : « J’ai appris à vivre avec ce que j’ai perdu et ce qu’il me reste. C’est l’année la plus difficile de ma vie, et pourtant j’ai une étrange nostalgie de 2015 car c’est là que j’étais le plus vivant, là où j’ai ressenti l’euphorie d’être en vie.
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Simon Fieschi a depuis épousé une jeune Australienne : c’est Anne Hidalgo qui a célébré leur mariage à la mairie du 11e arrondissement. Le couple a eu une petite fille. Dans une récente interview accordée à un journal australien, il confiait son soulagement à l’idée de mener une vie plus calme, loin des caricatures et des polémiques, même s’il traversait des moments de plus grande difficulté psychologique, et qu’il s’épuiserait en 2023. .
Plusieurs personnalités lui ont rendu hommage, comme le député (PS) Jérôme Guedj, la journaliste Sophia Aram, Caroline Fourest et l’avocate Juliette Méadel, ancienne secrétaire d’État chargée de l’aide aux victimes sous François Hollande. Un numéro spécial de Charlie Hebdo lui sera dédiée mercredi.