« Si on parle, ils nous virent » : les salariés français de Tesla sous pression

Saint-Ouen, au nord de Paris. Au pied du grand building gris où se trouve le siège de Tesla France, les salariés sont mutiques. « Je ne préfère pas donner mon avis là-dessus », balaie une employée. « Non, franchement, pas grand-chose à dire », évacue l’un de ses collègues. Dans la concession automobile au rez-de-chaussée, c’est la même chose. « Pas de commentaire. »

Car, de ce côté de l’Atlantique, la marque américaine est en pleine crise de confiance, depuis que son patron, Elon Musk, est devenu le bras droit de Donald Trump et que les États-Unis ont cessé de soutenir l’Ukraine face à la Russie. Les ventes de Tesla sont en chute libre en Europe : -26% en France, -76% en Allemagne. Lundi dernier, une concession a été incendiée près de Toulouse. Le 11 février dernier, le siège de Tesla France était recouvert d’un liquide brunâtre.

« On nous traite de nazis, de collaborateurs »

Un salarié accepte finalement de nous parler, de manière anonyme. « On nous met la pression en nous disant tout simplement, ‘si vous parlez, on vous vire' ». « On reçoit un mail au moins une fois par semaine, nous rappelant les règles pour discuter en public de Tesla, que ce soit avec des amis ou avec des journalistes », poursuit-il. Ce salarié a fait un burn-out et il est aujourd’hui en arrêt maladie. Il n’a pas supporté être pris à partie sans cesse par les clients depuis les prises de position d’Elon Musk. « On nous traite de nazis, de collaborateurs. On a peur de subir une agression. C’est dur à vivre dans le sens moral : on n’est pas forcément tous alignés sur les positions de notre dirigeant. Moi, je n’ai pas pu continuer. »

Il dénonce aussi une pression professionnelle. Selon lui, la direction accuse les salariés d’être responsable de la chute des ventes. « À leurs yeux, ce n’est pas la faute de notre dirigeant, mais notre faute à nous en tant que salariés ! Je n’ai jamais vu un taux de burn-out aussi élevé que chez Tesla à l’heure actuelle. »

Contactée, la direction n’a pas souhaité faire de commentaire.