« Si les circonstances l’exigent, je peux diriger le gouvernement du Bangladesh »
ENTRETIEN – A 84 ans, cet économiste et entrepreneur, prix Nobel de la paix en 2006, est une figure de la société civile et de l’opposition. De passage à Paris, il livre à la presse Figaro son analyse à ce moment clé de l’histoire de son pays.
LE FIGARO. – Comment expliquez-vous la situation dans votre pays ? ?
MOHAMMED YUNUS. – Tout a commencé par des manifestations de jeunes, d’étudiants, contre le système de quotas pour les emplois publics. C’était quelque chose de très simple. Mais le gouvernement a réagi très violemment, en envoyant la police et les paramilitaires, tuant plus de 300 personnes. Puis c’est devenu autre chose.
Malgré des centaines de morts et des milliers de blessés, les étudiants ont continué à défier les manifestants. La tactique habituelle du gouvernement consistant à frapper les leaders de la manifestation et à les incarcérer pour les décourager et les diviser n’a pas fonctionné. Le gouvernement a même forcé certains leaders étudiants, sous la torture, à publier une déclaration annonçant la suspension de toutes les manifestations. Immédiatement, de nouveaux leaders sont apparus et ont relancé les manifestations.
La chute soudaine du Premier ministre vous surprend-elle ? ?
Je suis surpris par le fait que les jeunes soient confrontés à…