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Si la consultation médicale passe à 30 €, qui paiera la différence ?

Vendredi 17 mai 2024, les syndicats de médecins libéraux ont finalisé un dernier round de négociations avec l’Assurance maladie. Ils doivent désormais consulter leurs membres avant de se prononcer.

Quel est l’accord sur la table ?

Il s’agit de la convention médicale, qui fixe les tarifs des consultations pendant cinq ans. Ce contrat, qui lie l’Assurance maladie à la médecine privée, date de 2017, faute d’accord depuis. Les médecins ont néanmoins obtenu entre-temps que le prix de la consultation augmente de 1,50 € en France métropolitaine (et de 1,80 € dans les départements et régions d’outre-mer) depuis le 1er novembre 2023 : ainsi, chez un médecin généraliste du secteur 1, il porté à 26,50 € (contre 25 € auparavant), et 31,50 € chez un spécialiste.

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Insuffisant, affirment les syndicats de médecins, face à l’inflation (qui a eu un impact sur leurs coûts), aux conditions de travail aggravées par le manque de praticiens et à la difficulté d’attirer les jeunes médecins. Selon la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF), après une hausse de leurs revenus nets de près de 6 % entre 2019 et 2021, les médecins généralistes (agréés en secteur 1 ou non) auraient vu ceux-ci baisser de 5,7 % en 2022 ( derniers chiffres disponibles) autour de 76 600 € en moyenne. « Et ce chiffre a encore baissé en 2023, sachant qu’on n’est évidemment pas à 35 heures de travail par semaine mais plus proche des 55 ou 60 heures »insiste un médecin généraliste.

L’accord envisagé avec l’Assurance maladie consisterait à augmenter le prix de la consultation de base à 30 €, à partir de décembre 2024. Les médecins généralistes pourraient également être rémunérés 60 € pour certaines consultations longues destinées aux patients très âgés ou handicapés. Et bénéficier d’une réduction sur leur rémunération fixe (afin de ne pas les inciter à enchaîner les consultations), compte tenu du nombre de patients suivis et de leur complexité.

Et les spécialistes ?

Les discussions sont plus tendues avec eux. L’Assurance maladie propose notamment de porter à 60 € (contre 56,50 € aujourd’hui) le recours occasionnel à l’avis de spécialistes à la demande d’un autre médecin. Et qu’ils peuvent être rémunérés aussi bien pour une intervention que pour une consultation.

Ceci, alors qu’en février 2024, l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir – après avoir scruté les tarifs pratiqués par les médecins de huit spécialités libérales en France – estimait qu’un spécialiste sur deux applique des dépassements d’honoraires. 52,2 % d’entre eux l’ont fait en 2021, contre 45,8 % un an plus tôt. L’UFC a dénoncé une situation où, selon leur lieu de résidence, les Français sont confrontés soit à un « désert géographique » (quelques médecins) ou « un désert financier » (médecins plus nombreux mais à prix très élevés).

Pourquoi est-ce négocié avec l’Assurance Maladie ?

En 2023, les praticiens agréés représentaient 99,3 % des quelque 110 000 médecins libéraux que compte la France, selon la Sécurité sociale. Lorsqu’un médecin signe la convention avec l’Assurance Maladie, il peut exercer en secteur 1 ou en secteur 2. En secteur 1, il s’engage à respecter les tarifs fixés par la convention médicale nationale et à ne pas appliquer de franchises. frais (contrairement au secteur 2).

En retour, a récemment rappelé Ouest de la France Caroline Bonnet, directrice de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Mayenne, lui, bénéficie de « versements forfaitaires en fonction de leur clientèle, paiement d’une grande partie de leurs cotisations sociales… (…) Le principe fondateur de l’Assurance Maladie est de garantir l’accès financier aux soins pour tous. Il s’agit d’un accompagnement collectif, assuré sur la base de tarifs. »

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S’il s’agit du médecin traitant ou d’un spécialiste recommandé par ce dernier, l’Assurance Maladie rembourse alors le prix de la consultation à hauteur de 70 % diminué de la franchise médicale de 2 € (depuis le 15 mai 2024, contre 1 € auparavant. Elle n’est pas appliquée aux les patientes les plus vulnérables ou aux mineurs, les femmes en fin de grossesse) à la charge du patient. La complémentaire santé de l’usager prend le solde à hauteur de 30%.

Qui paierait le surcoût envisagé à partir de décembre ?

En contrepartie de ce texte, le gouvernement espère réduire les déserts médicaux et mieux contenir l’explosion des dépenses de santé (notamment en demandant aux médecins de s’engager à optimiser leurs prescriptions), tout en devant faire face au vieillissement de la population et à la augmentation des maladies chroniques.

Mais ce nouvel accord aurait un coût : il pourrait atteindre 1,6 milliard d’euros pour l’Assurance maladie, et 300 millions pour la complémentaire santé (ce qui augmentera probablement le prix des cotisations). Cela n’impliquerait pas une augmentation de la franchise de 2 € par consultation (dans une enveloppe annuelle totale de 50 €) pour le patient, assure le ministère de la Santé. Ouest de la France. Mais les 4 % de Français qui ne sont pas couverts par une assurance complémentaire et doivent déjà payer 30 % dans le cadre d’un parcours de santé, et 70 % en dehors d’un parcours de santé, verront la différence.

En février, l’UFC-Que Choisir a demandé à « condition » une augmentation future du prix conventionnel à « la réduction effective du reste à la charge des usagers ». Selon une enquête réalisée par son Observatoire de la Consommation en novembre 2023, « 45 % des personnes interrogées aux revenus les plus modestes déclarent avoir du mal à trouver des rendez-vous médicaux, contre seulement 4 % des ménages les plus aisés ». Et 38 % des personnes s’estimant en mauvaise santé renonceraient à des soins pour des raisons financières.

Cammile Bussière

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