Santé

« Si je tombe à nouveau malade, je ne dirai rien à mon entourage »

Il y a 12 ans, Stéphanie Charlier luttait contre le cancer du sein. Aujourd’hui, la Sédanaise de 52 ans est en rémission totale. Dans le cadre d’Octobre Rose, le mois dédié à la prévention contre cancer du seinelle voulait apporter son témoignage à Les Ardennes. Elle revient pour nous sur l’épreuve de la maladie qu’elle a vécue dans sa chair, tout en portant le chagrin de ses proches. Elle raconte que lorsqu’elle est tombée malade, sa vie de famille a été complètement bouleversée.

« Préservez vos proches, avant tout »

«  Malheureusement oui. Quand on vous dit que vous êtes malade, c’est déjà un choc. Puis tu te retrouves à l’annoncer à tes parents et pour eux c’est la fin du monde. » Et pour le patient, c’est vécu comme une double peine. L’idée de préserver ses proches l’a accompagné tout au long de sa maladie, confie-t-elle. «  Au début, je voulais que ma famille m’accompagne chaque chimio. Puis j’ai fini par y aller seul. »

Votre entourage souffre autant que la personne malade

Stéphanie ne supportait plus de voir ses proches la voir dans cet état, avec son corps changeant et la souffrance qui l’accompagne. C’était l’épreuve est trop pour ceux qui l’entourent. «  Au plus mal, le pilier de la famille qu’était ma grand-mère est décédé à l’âge de 96 ans, confie Stéphanie. Elle ne supportait plus de me voir comme ça. Quand ma grand-mère est partie, ma mère qui devait aussi s’occuper d’elle m’a dit qu’elle serait capable de s’occuper de moi à 100%.. »

« Ma fille n’a jamais prononcé le mot cancer. Aujourd’hui, quand elle en parle, il y a des périodes qu’elle a complètement oubliées, comme celle où j’ai perdu mes cheveux devant elle. »

Stéphanie CharlierAncienne patiente atteinte d’un cancer du sein

Stéphanie Charlier reconnaît que face à la maladie, la famille n’est pas suffisamment accompagnée.  » On ne peut pas se mettre à la place du malade, mais son entourage souffre autant que le malade. » De sa propre expérience, ce que Stéphanie retient aussi, c’est comment sa propre fille vécu l’épreuve de la maladie.  » Au début, je lui ai caché ma maladie. Vient ensuite le moment où on ne peut plus le cacher : où j’ai dû retirer mon sein, puis faire la chimio. À partir de là, je l’ai impliquée. C’est elle qui a choisi mes foulards. »

Sa fille avait 11 ans à l’époque, Stéphanie raconte la maladie » l’a fait grandir d’un coup. » « À l’école, je prévenais le personnel au cas où ma fille aurait des réactions de colère ou d’agressivité. Mais ça n’est pas arrivé », détaille Stéphanie, qui ajoute que sa fille a réagi différemment.  » Elle s’est réfugiée dans ses cours. Elle m’a dit que lorsqu’elle travaillait, elle pensait moins à ma maladie. »

Stéphanie Charlier insiste, l’accompagnement d’une autre personne, comme un psychologue, aurait été très utile. «  C’est bien que la Ligue contre le cancer reprenne le soutien de votre entourage (voir ailleurs) » Parce que voir souffrir sa famille et ses proches l’a fait éprouvé. «  Je sais que ma famille comptait beaucoup, je ne serais pas dans ce monde s’ils n’avaient pas été là. Mais je ne supportais pas non plus qu’elle me voie comme ça. » Elle pense surtout à sa fille. «  Elle a peut-être eu des mots durs à mon égard. Elle m’a reproché de ne pas sortir assez avec elle. En même temps, elle me voyait souvent fatiguée sur mon canapé. Elle a exprimé son impuissance face à cela. »

Stéphanie a vaincu son combat contre la maladie. Mais, elle n’aimerait pas faire revivre cette épreuve à ses proches. «  Si je tombe à nouveau malade demain, je ne leur dirai rien. Ils le savent, je les ai prévenus. »

« Le malade ne veut pas surcharger le soignant »

Lorsqu’un proche annonce qu’il est atteint d’un cancer du sein, son entourage n’est généralement pas préparé à cela. « Ce que l’on remarque aussi, c’est que chacun prend la nouvelle différemment et réagit en conséquence selon qui il est. », souligne Joëlle Barat, présidente de la Ligue contre le cancer 08.

Elle reconnaît également qu’actuellement, les proches des patients ne sont pas suffisamment soutenus dans cette épreuve. «  C’est pourquoi depuis trois ans avec la Ligue, nous mettons en place soutiens psychologiques pour le malade mais aussi pour les soignants. » Pour l’association, il s’agit de faire en sorte que le patient se sente mieux pris en charge sans culpabiliser et que l’aidant se sente mieux armé pour mieux l’accompagner.

 » Il ne faut en effet pas inverser les rôles, afin que la personne malade ne porte pas également la charge d’être un soutien pour son entourage. Car, de manière générale, elle ne veut pas surcharger l’aidante. » Pour ce faire, depuis trois ans la Ligue contre le cancer 08 recrues psychologues. «  Nous en avons actuellement cinq pour l’ensemble du département. Nous aimerions en avoir davantage pour que l’aidant comme le patient puissent parler de ce qu’ils vivent à une personne neutre. C’est pourquoi nous avons besoin de dons. »

La Ligue contre le Cancer 08:03 24 59 33 31.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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