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Si Donald Trump perd, « le cocktail est potentiellement explosif »

Si Donald Trump perd, « le cocktail est potentiellement explosif »

Donald Trump n’a jamais admis avoir perdu face à Joe Biden en 2020, ou du moins à contrecœur. Et ne semble pas prêt à accepter un éventuel nouvel échec. Quelques mois avant le début des premiers votes pour cette élection présidentielle de 2024, l’ancien locataire de la Maison Blanche avait déjà prévenu : il ne reconnaîtra une victoire de Kamala Harris qu’à la condition que l’élection soit « juste et légale ».

Une manière de préparer le terrain et ses électeurs à un refus des résultats en cas de défaite. Discours qui pourrait bien plonger le pays dans un nouvel épisode de chaos, quatre ans après l’assaut spectaculaire du Capitole par les partisans du candidat républicain.

Ce scénario « est une probabilité tout à fait réelle étant donné que ses partisans sont convaincus d’être majoritaires parmi le peuple américain et persécutés par de puissants démocrates », estime Cécile Coquet-Mokoko, professeur de civilisation américaine à l’université de Versailles. . Par ailleurs, deux Américains sur trois craignent une éruption de violence dans la foulée du 5 novembre, selon une enquête Ipsos publiée le 24 octobre.

De l’intimidation à la violence

Qu’il s’agisse de bureaux de vote ou de monuments aussi emblématiques de la puissance américaine que le Capitole, le pays n’est pas à l’abri d’une violente vague de colère si Trump ne gagne pas. « D’autant que la campagne présidentielle est encore plus touchée que la précédente par les fake news et les fausses images générées par l’intelligence artificielle », souligne Cécile Coquet-Mokoko. Ces protestations ont pu s’entendre dès le soir du 5 novembre, jour du scrutin, et s’étendre jusqu’au 6 janvier, jour de l’investiture. « Des feux de contestation pourraient s’allumer dans différents Etats », notamment ceux où les résultats seront les plus serrés, note Cécile Coquet-Mokoko.

Sans aller jusqu’à passer à l’acte, cette violence pourrait aussi s’exprimer par une « présence intimidante de partisans républicains », par exemple au moment du dépouillement, prédit Jeff Hawkins, ancien ambassadeur américain, chercheur associé à l’Institut d’études internationales et stratégiques. relations (Iris) et enseignante à Sciences Po.

Et si Donald Trump gagnait ? Le scénario semble moins probable. Et encore. Si ce dernier arrive au pouvoir à force de procès et de recomptages, « il pourrait y avoir de grandes manifestations ». Et à ce moment-là, « on ne sait jamais où cela pourrait mener », craint Jeff Hawkins. Sous la présidence de Donald Trump en 2017, lors d’un rassemblement suprémaciste blanc à Charlottesville, une voiture avait foncé sur une foule de manifestants antifascistes, blessant plusieurs dizaines de personnes et provoquant la mort d’une femme de 32 ans.

Plus les résultats sont proches, plus ils peuvent être contestés

Dans cette course à la Maison Blanche, les deux candidats sont au coude à coude dans les sondages, et cela « accentue encore le risque de révolte ». Il sera plus facile pour les électeurs républicains de croire à une victoire soi-disant volée de Donald Trump, ajoute Cécile Coquet-Mokoko. Cette histoire fantasmée d’élection truquée en faveur du camp démocrate n’est pas une invention du républicain de 78 ans.

Notre dossier sur l’élection américaine de 2024

Depuis Richard Nixon, le récit victimaire « est dans l’ADN du Parti républicain », que le milliardaire a adopté, rappelle le professeur de civilisation américaine. Une posture renforcée avec la tentative d’assassinat dont il a été victime en juillet dernier. « Dans l’esprit de Donald Trump, c’est lui ou le chaos », résume-t-elle. Ce discours « fait appel à l’émotion et fonctionne chez des électeurs convaincus que les wokistes vont détruire leur modèle de république chrétienne », ajoute Cécile Coquet-Mokoko.

Alors qu’il avait appelé à une marche sur le Capitole en 2020, le candidat républicain « ne va pas forcément appeler à prendre les armes mais il va laisser entendre que l’élection lui a été volée et laisser ses partisans en tirer les conséquences », prédit l’ancien ambassadeur. Et « dans un pays où il y a plus d’armes que d’habitants, le cocktail est potentiellement explosif ».

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