Shot SpaceX Starship : attraper une énorme fusée en vol, ça ressemble à de la magie !
En fait, nous n’y avions même pas pensé. Rattrapez un booster Super Heavy, c’est-à-dire le premier étage d’un Starship, doté de deux bras mécaniques. Si Henri III, passionné de football, pouvait voir cela. Un tel engin mesure 71 m de hauteur sur 9 m de diamètre et possède une masse au décollage de 3600 t. Bien entendu, au moment où l’improbable rattrapage doit se produire, le booster a perdu la majorité de son carburant et de sa masse. Selon les données disponibles, il devrait néanmoins peser un peu plus de 200 t au moment de la tentative de capture.
Résumons : il s’agit d’atteindre un défi de retournement de bouteille avec un engin grand comme un immeuble de 30 étages, pesant l’équivalent de 40 éléphants – originaires d’Afrique bien sûr, on ne parle pas de leurs homologues aux petites oreilles – et qui vient d’atteindre la vitesse d’environ 6 000 km/h avant sa séparation (appelée mise en scène chaude) depuis l’étage supérieur. Et encore une fois, c’était avant. Le Falcon 9 fait son grand retour depuis des années, et cela semble presque « normal ».
Récupérer son premier étage pour le réutiliser sur une barge en mer : trop facile pour SpaceX (ou pas efficace en terme de rendement, voir ci-dessous) ! Bien sûr, il y a eu de nombreux échecs pour en arriver là, mais ce qui serait vraiment inouï serait que la tour de lancement récupère elle-même le booster Super Heavy. Ce serait fou !
Un show « à la Elon Musk », du jamais vu, de la magie, mais dans quel but ?
C’est une vraie question. Est-ce simplement une autre manifestation de ce que certains appellent l’orgueil de la part d’Elon Musk, le patron de SpaceX ? En effet, il n’y a aucune obligation technique de récupérer le booster et ses 33 moteurs Raptor de cette manière très inédite et dangereuse pour les installations en cas de panne. DONC ? Il semble qu’il y ait une raison logistique à ceci et à cela, finalementSpaceX n’a pas vraiment le choix.
Pour accomplir tout ce que le Starship doit accomplir, il faudra réaliser l’improbable :
- Lancement du plus grand lanceur de l’histoire de l’humanité : c’est fait.
- Envoyez l’étage supérieur (alias le Starship) en vol orbital : fait.
- Contrôle du retour sur Terre du premier étage : presque réussi lors du test IFT-4 (il s’est posé verticalement).
- Récupérer le premier étage avec les armes de Mechazilla, la tour du lanceur géant : le test est donc prévu pour ce dimanche 13 octobre.
Le Starship, c’est-à-dire l’étage supérieur du lanceur de 121 m de haut, a été sélectionné par la NASA pour le retour sur la Lune lors de la phase III du programme Artemis. Cela implique plusieurs lancements de l’ensemble du Starship (Super Heavy + Starship booster) pour ravitailler un autre Starship en propulseur dans l’espace afin qu’il atteigne notre satellite naturel.
Mais si le vaisseau spatial attend trop longtemps en orbite pour « faire le plein », alors ces propulseurs seront lentement chauffés par le rayonnement solaire. Ils doivent cependant rester à une température d’environ -160°C. Mais ce n’est pas tout : si la température augmente, la pression suit et le Starship perd ainsi chaque jour qui passe une partie de ses capacités de propulsion. Pour remplir ses réservoirs et aller sur la Lune, un Starship aurait besoin d’une quinzaine de ravitaillements en orbite !
Récupérer le booster Super Heavy de Starbase accélérerait la cadence de tir
La seule façon pour SpaceX de respecter ces délais et d’envoyer suffisamment de lanceurs Starship dans l’espace est de réduire le temps logistique de récupération. De plus, les routes ne sont pas adaptées à la circulation des camions transportant des boosters Super Heavy de 70 m.
Une fois de plus, les promesses d’Elon Musk le condamnent à des exploits, et ici à de multiples exploits. Nous n’avons même pas évoqué son objectif ultime, qui dépend aussi du succès de son programme Starship : envoyer des êtres humains sur Mars…
Le menu du dimanche semble irréel. Par ailleurs, la FAA (American Federal Aviation Administration) n’a pas encore officiellement donné son accord pour ce 5ème lancement, mais après une longue période de suspens, celui-ci semble bien engagé.
Ce que nous sommes censés voir le 13 octobre semble impossible, comme l’ont été de nombreuses autres réalisations de SpaceX auparavant. Si Elon Musk nous a habitué à ne pas respecter ses délais – nous aurions dû être sur la planète rouge depuis quelques mois, selon ses premiers plannings –, il a aussi montré qu’il repoussait sans cesse les limites techniques. S’il y a quelque chose que l’on peut apprendre des succès de cette extraordinaire entreprise spatiale, c’est qu’il est risqué de parier contre elle.
Voici une vidéo de Hugo Lisoir qui explique très bien l’idée derrière le retrofit du booster Super Heavy :