Sète, Lille, Oissel… Comment expliquer la succession des évasions des centres de rétention administrative
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Sète, Lille, Oissel… Comment expliquer la succession des évasions des centres de rétention administrative

Sète, Lille, Oissel… Comment expliquer la succession des évasions des centres de rétention administrative

DÉCRYPTION – Le nombre de personnes en situation irrégulière placées au sein des CRA est plus important. Le profil des détenus a également varié ces dernières années.

Deux évasions en moins de 24 heures. Vendredi dernier, sept personnes en situation irrégulière se sont évadées du centre de rétention administrative (CRA) de Lille-Lesquin, dans le Nord, a-t-on appris Le Figaro de source policière, confirmant une information d’Actu 17. Le lendemain, c’était au tour du CRA de Sète, dans l’Hérault, d’être le théâtre d’une évasion, avec pas moins d’une dizaine de personnes interpellées qui ont pris la fuite, poursuit notre même source, comme l’ont initialement indiqué nos confrères de Sans Midi . Dans les rangs de la police des frontières (PAF), la colère grandit contre le manque de moyens.

Badge volé et fuite par le toit

A Lille, les premières tensions sont apparues le 8 mai, mais la situation a été rapidement maîtrisée par les responsables du PAF. Le lendemain soir, les détenus sont rassemblés dans l’espace de vie du centre pour assister au match de football entre l’Atalanta Bergame et l’Olympique de Marseille. C’est en fin de match que les choses dégénèrent. Un groupe de migrants refuse de regagner les blocs de chambres, avant que l’un d’eux ne brandisse un morceau de verre et menace l’un des agents. Il parvient alors à récupérer son badge d’accès puis s’enfuit par la porte principale avec neuf autres individus. Heureusement, aucun policier n’a été blessé mais deux d’entre eux, sous le choc, ont reçu l’ordre d’arrêter leur travail.

Selon nos informations, il s’agit toutes de personnes sortant de prison, c’est-à-dire d’individus présents illégalement sur le sol français, ayant déjà été condamnés par la justice française et en attente d’expulsion vers leur pays d’origine. origine. Ils sont âgés de 21 à 31 ans. Alors que le CRA de Lille-Lesquin, d’une capacité de 116 places, accueille des individus condamnés pour des faits liés au terrorisme, aucun des fuyards n’est inscrit au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation d’un terroriste. nature . Une enquête a depuis été ouverte pour «soustraction à une mesure de rétention administrative en réunion», a déclaré la procureure Carole Étienne.

A l’autre bout de la France, l’évasion a eu lieu en pleine nuit, au CRA de Sète samedi dernier. Le centre est situé dans un bâtiment en pierre classé monument historique appartenant à l’ancien arsenal de la ville portuaire. Dix des 26 détenus se sont évadés par une bouche d’aération située au plafond de l’une des pièces. Ils ont ainsi accédé aux combles puis ont enlevé les tuiles du toit avant de s’enfuir par le toit du greffe qui donne accès directement à la rue. La police a remarqué des mouvements suspects dans les couloirs et est intervenue pour empêcher la fuite des autres personnes détenues. La particularité du CRA de Sète est qu’il n’y a pas de blocs de chambres, toutes les chambres sont donc communicantes. Selon nos informations, six d’entre eux sont également sortis de prison. Comme à chaque évasion, la préfecture et les commissariats ont été immédiatement alertés. Dans un premier temps, deux d’entre eux ont été interpellés, notamment en gare de Montpellier. Ils ont été condamnés à huit mois de prison et ont été incarcérés à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone. Selon nos informations, deux autres ont été interpellés depuis, à Draguignan et Montbéliard.

Plus nombreux, plus violents

En avril dernier, 10 étrangers en situation irrégulière s’étaient déjà évadés du CRA d’Oissel en Seine-Maritime. Les individus avaient utilisé des bâches entre les grilles et les fenêtres puis déchiré les filets de protection pour s’enfuir. Trois d’entre eux ont été arrêtés immédiatement. Le même mois, un homme s’évade du CRA de Cornebarrieu en Haute-Garonne, suite à un incendie de matelas. Trois autres individus ont été rattrapés de justesse sur les toits de l’établissement.

Comment expliquer cette succession d’évasions ces dernières semaines ? Il faut tout d’abord noter que le nombre de migrants enfermés dans les CRA a augmenté en 2023, tout comme la durée moyenne (28,5 jours) passée dans ces établissements. Selon un bilan de La Cimade et France terre d’Asile, 46 955 personnes ont été enfermées dans les CRA en 2023, contre 43 565 en 2022. Parallèlement, depuis 2022, le ministère de l’Intérieur demande que le placement en centre de détention l’ordre administratif soit ordonné en priorité aux personnes en situation irrégulière déjà sous contrôle de la justice, par rapport aux individus sans casier qui doivent néanmoins quitter le territoire parce qu’ils y sont présents illégalement. Par conséquent, la police contrôle une population plus violente qu’auparavant. « Les détenus ont désormais régulièrement été condamnés pour violence domestique, effraction, rébellion», liste avec le Figaro Cédric Castes, délégué national PAF du syndicat Unité. Le regroupement de ces profils au sein d’un même établissement favorise les troubles à l’ordre public« .

« On ne fait rien pour les aider »

Face à des actes de rébellion ou à des attaques violentes, les fonctionnaires sont équipés de casques, de boucliers, de matraques et de Tasers mais ne doivent les utiliser qu’en cas de légitime défense avérée. Avec le risque de se le faire voler et de voir l’arme se retourner contre vous. « Habituellement, tu les laisses s’exprimer», soupire le syndicaliste. Ce dernier ne s’oppose pas au placement en centre de détention de ce type de profil, mais appelle à «des moyens de les maintenir au niveau de risque« . Lors de la fuite de Sète, cinq policiers étaient présents, certains étaient au poste de surveillance tandis que d’autres effectuaient des patrouilles de nuit autour du centre. Au niveau national, selon Cédric Castes, il manque 230 agents par rapport à la référence minimale. calculé par le ministère de l’Intérieur.Les collègues sont impuissants. Nous ne faisons rien pour les aider.» Contacté par Le Figarole préfet du Nord et le préfet de l’Hérault ont refusé de répondre à nos demandes.

Du côté du ministère, on souligne que les effectifs ont augmenté d’une centaine en 18 mois, et se poursuivent actuellement, avec le soutien supplémentaire, par exemple d’un escadron mobile de gendarmerie à Lyon. Dans le même temps, les ARC «ont progressivement vu leurs capacités d’accueil et leurs ressources renforcées», avec notamment l’inauguration de nouveaux centres à Lyon et Olivet, dans le Loiret. Ces ouvertures s’accompagnent, assure-t-on, de travaux dans différents centres afin de «respecter les normes de sécurité et d’accueil« .

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