ses débuts à Marseille, son engagement caritatif... notre entretien avec Zerator, pionnier du streaming français
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ses débuts à Marseille, son engagement caritatif… notre entretien avec Zerator, pionnier du streaming français

ses débuts à Marseille, son engagement caritatif… notre entretien avec Zerator, pionnier du streaming français

Suivi par près de 2 millions de personnes sur Twitch et YouTube, Zerator est une véritable star pour toute une génération. Agé de 34 ans, son aventure a commencé il y a 12 ans dans la maison de jeux Millénium à… Marseille. Référence française du casting des compétitions de jeux vidéo, ambianceur pas comme les autres (avec Doigby, lire page suivante), confie le natif de Montpellier.

Comment Adrien Nougaret est-il devenu Zerator ?

J’avais environ 11 ans. C’est la contraction d’un héros d’un jeu que j’aimais beaucoup à l’époque, Starcraft, qui s’appelle Zeratul. Et à l’époque je lisais la BD « Kid Paddle » qui est dans le monde du jeu vidéo et les noms des méchants se terminaient par « or ». J’ai trouvé ça drôle. Les gens me connaissaient comme ça alors je me suis dit que c’était bien de le garder et contre-productif de le changer aujourd’hui.

Comment avez-vous débuté dans le streaming ?

J’ai commencé en 2010. C’est une autre époque : le streaming n’existe pas en France, YouTube est très différent. Et heureusement, mon frère était un passionné d’Internet donc nous avons rapidement eu l’ADSL à la maison. Cela m’a permis de suivre rapidement les matchs du jeu Starcraft qui étaient diffusés en Corée. Ils étaient les seuls à le faire. Puis c’est arrivé aux États-Unis. J’adorais l’esport, même sans le stream, alors j’ai suivi les compétitions et quelques Français ont commencé à partager ça sur des sites communautaires. J’ai demandé si je pouvais essayer, cela a été fait rapidement et puis j’ai foncé.

J’ai commencé avec 10 puis 20 puis 50 spectateurs. C’était au format « radio » à l’époque, il n’y avait pas de caméra. Puis, au bout d’un an, j’ai lancé le casting de Starcraft devant 1 000 personnes. Tout cela gratuitement, personne n’a gagné d’argent. J’étais loin d’imaginer que ce serait le cas un jour. Puis les modèles économiques se sont développés, j’ai évolué en même temps puis j’ai signé mon premier CDI au sein de la maison de jeux Millénium à Marseille, où j’ai notamment rencontré Doigby.

Justement, il vous accompagne pour cette Fortnite Ascension. Un choix naturel ?

J’ai beaucoup joué à Fortnite lors de son avènement avec le mode battle royal et même avant dans son mode survie, le premier, qui n’était certes pas très ambitieux (rires). Et depuis 4-5 ans, je n’ai quasiment rien fait sur le jeu donc il me fallait une certaine légitimité. Doigby était une évidence, il a fait beaucoup de choses sur la franchise. C’est un grand ami et je voulais retravailler avec lui.

Doigby est le lanceur phare du jeu Twitch…

Il est le fidèle gentleman de French Twitch pour le meilleur et pour le pire. Doigby crée ses événements mais il existe aussi avec ce cap de pouvoir travailler avec tout le monde. C’est une chance. Là, dans Ascension, nous sommes égaux : nous animons tous les deux, nous castons tous les deux, nous présentons tous les deux les acteurs. Le but pour nous est de soutenir le support visuel des jeux vidéo en expliquant aux gens ce qui se passe à l’écran et aussi en excitant un peu les choses. Dans le sport électronique, le commentateur est devenu incontournable et incontournable pour valoriser l’image.

Revenons à vous, on vous connaît aussi pour ZEvent, ce gros stream caritatif. Comment est-il né ?

J’ai fait du travail caritatif bien avant ZEvent. Ma mère a beaucoup travaillé aux Restos du Cœur à Montpellier. J’y allais souvent pour l’aider. Quand j’ai commencé à diffuser, j’ai découvert que les Américains en faisaient déjà beaucoup. La charité est très courante parmi eux. Entre 2010 et 2016, date du premier ZEvent, j’ai participé à pas mal de streams caritatifs de différentes tailles.

Et un soir, lors d’un voyage professionnel en Norvège, je me mets à dire ‘On pourrait inviter telle personne, telle personne. On pourrait faire ça dans mon salon, ça pourrait être cool.« Les invités ont vite dit oui, tout le monde était excité et c’est comme ça que ça a commencé. On ne s’est pas brûlé les ailes, on l’a fait petit à petit.

A l’époque, il devait y avoir une quinzaine de streamers en France qui en vivaient. C’était très simple à faire : 15 DM Twitter et tous les Twitcheurs français étaient chez eux. Alors qu’aujourd’hui, l’ensemble du Twitch français nécessiterait que nous soyons plus de 600 dans la salle et c’est impossible.

Cette année, vous avez ouvert le ZEvent aux streamers distants…

Il s’agissait d’un test auprès de 100 créateurs de contenus à distance, pour des raisons techniques. L’année prochaine, nous souhaitons l’ouvrir à 3 à 4 000 personnes. Tous les streamers qui souhaitent s’inscrire peuvent s’inscrire. Nous aurons toujours nos « amis » sur place à Montpellier et d’autres streamers à distance qui auront de bonnes idées pour le ZEvent. L’idée est de l’ouvrir à tous pour que nous soyons tous unis pour une bonne cause.

Encore plus de 10 millions d’euros de dons récoltés cette année, du succès sur Twitch, des événements qui marchent. Et malgré tout ça, on vous voit rarement dans les médias ou les réseaux. Pour quoi ?

Je protège un peu ma vie privée ou plutôt je ne l’expose pas. De nombreux streamers utilisent leur quotidien pour lancer leur stream et alimenter leur contenu. Pas moi du tout. Je suis très « jeu vidéo » et moins « life style ». Les médias sont différents. J’y vais quand cela peut être utile pour un de mes événements. Après, nous ne sommes pas souvent invités non plus.

En tout cas quand j’y suis, je réponds présent. Notamment pour ZEvent, j’ai fait quasiment toutes les interviews qui m’étaient proposées. Je le fais avant parce que cela rehausse l’événement. Je ne le fais pas après, car cela ne relance pas le ZEvent mais le Zerator. Je refuse de faire des affaires caritatives. Evidemment je ne suis pas naïf, l’aura de ZEvent retombe forcément sur moi mais je n’arrive pas à la contrôler. Mais faire le tour des médias après le ZEvent pour dire ‘regarde, j’ai gagné 10 millions’, je ne fais pas ça, ce n’est pas dans ma nature. Après les médias, s’ils veulent qu’on soit comme vous, tant mieux. S’ils n’en veulent pas, tant pis, on avance sur internet. Je ne recule pas devant les médias comme certains streamers. Je n’y vais que pour les bonnes raisons.

Les jeux vidéo sont un hobby, vous êtes votre métier. Que fait Zerator pendant son temps libre ?

Je travaille beaucoup (rires). Le peu de temps libre que je consacre à construire ma relation, à manger et à dormir. Je vis en équipe, car je stream le soir donc je vais au cinéma par exemple l’après-midi. Quand je peux, je vais au padel, un sport formidable que j’ai découvert récemment. Mais en dehors des streams, je me prépare beaucoup, j’ai des rendez-vous pour des événements. Sinon non, je ne joue pas aux jeux vidéo. Après ce métier est exigeant, vous êtes toujours au téléphone etc. donc on peut travailler même 24h/24. Il faut mettre des barrières. On a tendance à vouloir tout faire car finalement on ne sait jamais combien de temps durera cette carrière, un peu comme un athlète ou un artiste. On se dit qu’autant faire de notre mieux pendant que ça marche. Finalement, je prends peu de repos. Parfois 4 jours d’affilée, mais c’est dur de s’éloigner trop longtemps du ruisseau. Il faut garder le public en haleine.

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