Parmi les autres victimes des incendies figurent un Brésilien de 28 ans employé par une entreprise forestière, brûlé vif lundi alors qu’il tentait de récupérer des outils, deux personnes victimes d’une crise cardiaque et un pompier volontaire décédé d’un malaise soudain en marge d’une intervention. Mardi après-midi, plus d’une cinquantaine d’incendies actifs, attisés par de forts vents, ont mobilisé quelque 4.500 pompiers à travers le pays, où les incendies ont fait au total sept morts et une cinquantaine de blessés.
« Aujourd’hui a été une journée assez difficile (…) et la nuit le sera aussi » en raison notamment des vents forts prévus, a déclaré le porte-parole des services de protection civile André Fernandes lors d’un point de presse mardi soir. Il a également précisé que 62 personnes devaient être relogées mardi, ajoutant ne pas disposer encore de données complètes sur le nombre de blessés et de maisons touchées. Le front le plus inquiétant fait rage dans la région d’Aveiro (nord) où les flammes ont menacé des villages.
Risque « maximum »
En début d’après-midi, à Arrancada, près d’Agueda, le ciel s’est soudainement assombri. Une colonne de fumée noire s’est élevée dans les jardins d’une maison. Dans la rue, des habitants inquiets sont sortis de chez eux, se précipitant pour aider à combattre un incendie qui s’est à nouveau déclaré dans un petit entrepôt agricole.
« C’est horrible ! Personne ne dort ici. On est debout depuis deux heures du matin », soupire Maria Ludivina Castanheira, une habitante de 63 ans qui est intervenue pour aider ses voisins. « On a ouvert les cages pour que les pigeons puissent s’échapper » et « on a déplacé les poules qui étaient dans le poulailler chez un voisin », raconte Antonia Estima, une ouvrière de 39 ans qui a pris congé pour aider à lutter contre les flammes.
Lundi soir, les autorités estimaient à quelque 10.000 hectares la superficie détruite de forêt et de maquis dans l’arrière-pays d’Aveiro, selon des données encore provisoires. La « situation d’alerte », en vigueur depuis samedi après-midi en raison d’un risque d’incendie jugé « maximal » dans une grande partie de la moitié nord du pays, a été prolongée jusqu’à jeudi soir.
Les autorités de Lisbonne ont activé le mécanisme européen de protection civile pour obtenir huit avions bombardiers d’eau supplémentaires. L’Espagne, la France, l’Italie et la Grèce ont répondu à l’appel. Après avoir indiqué que des mesures seraient prises rapidement pour aider les municipalités touchées par cette catastrophe, le Premier ministre Luis Montenegro a également annoncé la création d’une « équipe spécialisée » pour enquêter sur l’origine criminelle des incendies de forêt, à l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire.
Souvenir de 2017
Selon des spécialistes interrogés par l’hebdomadaire Expresso, lundi ont réuni dans la moitié nord du pays les pires conditions météorologiques en termes de risque d’incendie depuis 2001. Cela s’est traduit par quelque 160 départs d’incendies, dont une dizaine ont ensuite pris des proportions importantes, rendant la lutte contre les flammes très difficile.
Les experts estiment que les vagues de chaleur et les sécheresses de plus en plus intenses sont des conséquences du changement climatique et alimentent les incendies de forêt. Le Portugal a connu jusqu’à présent un été relativement calme sur le front des incendies, avec 10 300 hectares brûlés à fin août, soit un tiers de ceux de 2023 et sept fois moins que la moyenne des dix dernières années.