Selon l’Institut Montaigne, pour s’en sortir économiquement, il faut revoir tout le modèle social français
Barthélémy Philippe / Crédits photos : MAEVA DESTOMBES / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
A la veille de la présentation d’un budget particulièrement scruté, qui devrait permettre à la France de générer 60 milliards d’économies d’ici la fin de l’année prochaine, voilà un rapport qui risque de faire beaucoup parler. Partant du constat que la trajectoire des finances publiques françaises, plombées par une dette de plus de 3 200 milliards d’euros, n’est plus tenable, l’Institut Montaigne a identifié 150 milliards d’économies sur les dépenses publiques à réaliser en 10 ans, d’ici 2034. Une thérapie de choc qui cible principalement les dépenses sociales.
Les retraites à nouveau dans le viseur
Au cœur du rapport, les prestations sociales et la masse salariale du secteur public. Ces deux postes représentent respectivement 44 % et 21 % des dépenses publiques totales, dans une France qui compte 5,7 millions de fonctionnaires. Logiquement, c’est là que l’État peut faire le plus d’économies, comme on le voit à la lecture du rapport. A condition que les politiques se saisissent de ces recommandations, souvent explosives, et dont l’acceptation sociale est pour le moins incertaine.
« Les retraites représentent un quart des dépenses publiques »
L’ancien magistrat à la Cour des comptes et co-auteur du rapport François Ecalle estime que les Français vont bientôt devoir faire un nouvel effort sur les retraites, un an et demi après la réforme controversée de 64 ans, qui avait mis des millions de personnes à l’abri. dans la rue : « Les retraites représentent un quart des dépenses publiques. Et si par ailleurs il y a des dépenses assez essentielles à engager dans la lutte contre le réchauffement climatique ou sur les budgets militaires, on ne peut éviter de toucher aux retraites », prévient le spécialiste des finances publiques. .
Le rapport recommande un nouvel allongement de l’âge légal de la retraite
Le rapport préconise donc un nouveau report de l’âge légal de la retraite de 64 à 66 ans… Mais seulement d’ici 2050. Un report de cet arrêté permettrait à l’Etat d’économiser 30 milliards d’euros. A plus court terme, la non-indexation ou le gel des retraites jusqu’en 2029 rapporterait la même somme dans les caisses de l’Etat, au risque de provoquer la colère des retraités. Ces derniers ont déjà du mal à avaler la potion de Michel Barnier, qui prévoit de décaler d’un semestre l’indexation des retraites, de janvier à juillet 2025.
Autre option, réduire la durée d’indemnisation des chômeurs
Autre piste explosive : dans la fonction publique de l’Etat, le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux jusqu’en 2030 rapporterait 3 milliards d’euros, selon l’Institut Montaigne. C’est là encore une piste envisagée très sérieusement par Michel Barnier pour amener 60 milliards d’économies dans le prochain budget.
L’Institut Montaigne préconise d’autres mesures impopulaires mais payantes comme la réduction de la durée d’indemnisation des chômeurs, ce que le Premier ministre semble avoir renoncé à faire dans l’immédiat, ou encore une action sur les indemnités journalières versées en cas d’arrêt. maladie, en ajoutant un jour, voire plusieurs jours de carence supplémentaires pour les salariés du public et du privé.