Seize fois moins de sportives à la télé

Jeudi 26 janvier, nous nous sommes précipités à la conférence de presse de la Tour Mirabeau à Paris, à l’invitation d’Arcom (ex-CSA). Son président, Roch-Olivier Maistre, allait présenter la dernière étude sur la médiatisation du sport féminin en France. Depuis dix ans, et avec la prise de conscience des institutions du déséquilibre abyssal sur le sujet, les chiffres d’Arcom sont sidérants. Tiens bon ! La part du sport exclusivement féminin diffusée sur l’ensemble des chaînes françaises, gratuites et payantes, est passée de 3,6 % en 2018 à… 4,8 % en 2021 ! Cette petite statistique représente 2 350 heures de diffusion pour les athlètes féminines, contre 36 284 pour les hommes et 10 281 pour les compétitions mixtes. L’écart est béant.

Face à l’aspect quasi microscopique de ces données, le mot d’ordre était malgré tout : « Ce n’est pas terrible, mais ça va dans le bon sens. » Derrière le micro, chacun le traduisait selon sa volonté. « Globalement, c’est en moyenne 4 %, donc on est légèrement au-dessus. Mais c’est encore très insuffisant. 16 fois moins c’est très inquiétant. On va s’y atteler. » a réagi Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports. Laurent-Éric Le Lay, directeur de la rédaction sportive de France Télévisions, a reconnu que « Les audiences sont souvent au-delà de nos attentes, ce qui prouve que nous sommes trop timides ». En effet, le Tour de France féminin (2,2 millions de téléspectateurs en moyenne) et l’Euro de football (2,6 millions en moyenne) incarnent de nettes réussites. Cette étude indique également que le sport féminin est « particulièrement » présent sur les chaînes généralistes gratuites (hors La Chaîne l’Équipe). Entre 2018 et 2021, 9,1 % du volume horaire correspondait à la retransmission des compétitions féminines, contre 4,1 % sur les chaînes payantes. La fonction publique ne pourrait-elle pas aller encore plus loin ? Dans le détail, les grands événements, comme le tournoi de rugby des VI-Nations, la Coupe du monde de football 2019, assurent l’essentiel de la représentation. En dehors des événements majeurs, il n’y a pas de salut.

Mais jeudi dernier, le plus étonnant a été la réaction de l’assistance. Une faille spatio-temporelle s’est ouverte sur la troisième dimension où l’on s’exprime en novlangue. Ainsi, les directeurs éditoriaux de France Télévisions, de l’Équipe et de Canal Plus ont accueilli « que les choses avancent, même s’il y a encore du travail » et ont successivement pris la parole pour présenter tout ce qui allait être mis en place lors de l’opération « Le sport féminin toujours », dans laquelle elles sont « très impliqué ». Qu’en est-il des 51 autres semaines? A dans un an.