Le 7 janvier 2024, un séisme a fait plus d’une centaine de morts au Tibet. Le sismologue à l’Irap (Institut de recherche en astrophysique et planétologie) de Toulouse, Matthieu Sylvander nous explique d’où viennent les tremblements de terre.
Le bilan n’a cessé de s’alourdir tout au long de la journée. Ce 7 janvier, un séisme a fait au moins 126 morts au Tibet. Le tremblement de terre, de magnitude 7,1, a surpris tout le monde et fait d’importants dégâts dans la région de Tingri.
D’où viennent les séismes ?
« La Terre a besoin de se refroidir », explique le sismologue. Pour cela, « la matière chaude se déplace de l’intérieur vers la surface et se refroidit au contact de la surface. En se refroidissant, elle redescend vers l’intérieur. C’est une sorte de tapis roulant. »
Un tapis roulant gigantesque. C’est ce phénomène, appelé convection, qui fait bouger les plaques qui forment la croûte terrestre. Ces fameuses plaques tectoniques bougent les unes par rapport aux autres à mesure que la chaleur est évacuée : « On parle de quelques millimètres, quelques centimètres par an au maximum. »
Ces mouvements entraînent des contraintes, une sorte de pression qui, s’accumulant, excèdent le seuil de résistance des roches. Lorsqu’elles ne peuvent plus tenir, elles cèdent : c’est le séisme.
Dans le cas du tremblement de terre de ce mardi au Tibet, « c’est la plaque indienne – qui contient grosso modo l’Inde et le Népal – qui remonte vers le nord, et engloutit la plaque eurasienne. » Ces deux plaques, au fil des millénaires, ont formé la chaîne de l’Himalaya. Et sur l’un de ses plateaux est le Tibet, en pleine zone de friction.
Imprévisibles
« C’est absolument imprévisible », pointe Matthieu Sylvander. On ne peut pas prédire le moment où les contraintes seront telles que le tremblement de terre surviendra. On peut identifier des zones à risques : « Tout ce que l’on peut dire, c’est que telle région n’a pas cédé depuis très longtemps, et donc qu’il y a plus de chance qu’elle casse. »
Car les plaques bougent si lentement – « c’est la vitesse à laquelle poussent les cheveux et les ongles » – et cèdent si vite – « c’est quasiment instantané » – qu’on ne pourra probablement jamais les anticiper : « Il y a vraiment un grand écart entre les échelles de temps de la construction des contraintes et de la rupture. »
De la même manière, les répliques sont difficilement prévisibles. Si on sait que pour les plus gros séismes, il reste probablement encore de l’énergie à libérer et donc qu’il y aura de nouvelles secousses, on ne peut pas savoir quand est-ce qu’elles surviendront : « La zone est très fragilisée. Donc, il suffit de très peu de choses pour qu’elle continue de se libérer de toutes ces contraintes. Toutes les répliques qui suivent le tremblement de terre, c’est des réajustements pour finir d’évacuer toute l’énergie. »
Une fois les répliques terminées, le processus recommence : des contraintes s’accumulent pendant des années, voire des dizaines ou des centaines d’années, jusqu’au point de rupture.
Une catastrophe qui n’est pas sans rappeler le séisme de 2009, dans la région de Katmandou, la capitale népalaise. Le tremblement de terre de magnitude 7,8 avait entraîné la mort de 9 000 personnes.