Sega, Capcom : Ces groupes de jeux vidéo dont vous ne soupçonniez pas l’existence en Bourse
(BFM Bourse) – Le nombre d’éditeurs ou de développeurs de jeux vidéo cotés en Bourse est important, au-delà des noms les plus évidents, comme Nintendo. BFM Bourse cite plusieurs exemples parlants.
Le jeu vidéo reste un secteur au poids modeste en bourse. Selon les données de Companiesmarketcap.com, les quelque 233 sociétés cotées dans ce secteur représentent environ 4,295 milliards de dollars de capitalisation boursière, soit deux fois plus que les constructeurs automobiles.
Mais en supprimant Microsoft (3 100 milliards de dollars), dont les jeux vidéo ne représentent qu’une infime partie des revenus (7 %), ou le géant chinois du numérique Tencent, ce chiffre tombe à seulement 650 milliards de dollars.
Le secteur reste cependant riche de noms bien connus du grand public et pas seulement des gamers confirmés. Nous avons précédemment répertorié les dix plus grandes sociétés cotées du secteur dans un classement. Microsoft, Tencent et Sony dominaient la hiérarchie.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives et obtenez un aperçu du portefeuille de trading
CD Projekt, la société polonaise qui voulait rester indépendante
Dans ce top 10 figuraient également Nintendo, dont le cours de bourse semble toujours lié à la sortie hypothétique d’une deuxième génération de sa console Switch, et Electronic Arts, connu pour ses licences sportives, comme EA Sport FC (anciennement Fifa). Le groupe américain a également organisé mi-septembre une journée dédiée aux investisseurs pour présenter sa stratégie à long terme et vanté les bénéfices de l’IA sur son activité.
Le distributeur de la série GTA, Take Two, figure également en bas de ce classement, avec des actions en baisse de 6% depuis le début de l’année. Le titre a notamment souffert du fait que la sortie de GTA VI, très attendue par le marché, n’est prévue que pour cet automne.
Mais au-delà du top 10, le reste du classement vaut le détour. En Europe, la Bourse parisienne inclut évidemment Ubisoft, qui a beaucoup souffert ces dernières semaines en Bourse. Le groupe a émis un lourd avertissement sur ses résultats fin septembre en raison des contre-performances de « Star Wars Outlaws » et a décalé de trois mois le lancement de son jeu « Assassin’s Creed Shadows ». L’action a toutefois repris 33,5% vendredi, portée par les spéculations sur une potentielle sortie de cotation et un rachat par la famille Guillemot aux côtés de Tencent.
Outre le groupe franco-québécois, CD Projekt, studio polonais connu pour les jeux « The Witcher » et « Cyberpunk 2077 », est coté à la Bourse de Varsovie, avec une capitalisation boursière d’un peu plus de 4 milliards d’euros. Dans un secteur qui tend à se consolider, comme l’illustre le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft en 2023, la petite taille de l’entreprise peut la conduire à apparaître comme une proie évidente. Mais sa direction a rejeté à plusieurs reprises cette idée de rachat, comme le souligne IGN.com.
Sega, c’est toujours plus fort que toi
Mais c’est surtout au Japon que de nombreux groupes connus sont répertoriés. L’ancien grand rival de Nintendo dans les années 90, Sega, est ainsi présent à la Bourse de Tokyo. Plus précisément, la société qui a créé la Megadrive et la Saturn est désormais une filiale de la holding « Sega Sammy Holdings », la structure cotée en question.
Cette société est née en 2004 suite à la fusion de Sega avec Sammy, société japonaise spécialisée dans les « pachinkos », machines qui s’apparentent à un mélange entre flippers et machines à sous et qui font partie intégrante de la culture japonaise. . La fusion entre les deux groupes a conduit les actionnaires de Sammy à détenir plus de 70 % du nouveau groupe. Les revenus de Sega Sammy Holdings s’élèvent aujourd’hui à 468 milliards de yens, soit environ 3 milliards d’euros, pour une capitalisation boursière d’un peu moins de 4 milliards d’euros.
Autre groupe issu d’une fusion, Bandai Namco est bien plus lourd, avec une capitalisation boursière de 13,3 milliards d’euros et un chiffre d’affaires de plus de 1.000 milliards de yens, soit 6 milliards d’euros. Cette société est née en 2005 de la fusion entre Bandai, connu pour ses produits dérivés (jeux, jouets) de célèbres dessins animés, et Namco, géant des jeux d’arcade, avec notamment Pac-Man, Ridge Racer et la série Tekken. La société a récemment sorti le blockbuster « Elden Ring ». L’année dernière, Bandai Namco a eu l’honneur d’apparaître dans « Heard on the Street », une rubrique éditoriale du Wall Street Journal consacrée aux groupes cotés. Le quotidien économique américain avait alors vanté l’incroyable solidité des licences du groupe, notamment Gundam, robots géants célèbres dans le monde entier. Et dont les ventes mondiales de produits dérivés (notamment de jouets) avoisinent le milliard d’euros.
Capcom, entre suites et remakes
Éternellement célèbre pour ses nombreuses franchises comme Street Fighter, Megaman et Resident Evil, Capcom a une capitalisation boursière d’environ 8,5 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires d’environ 950 millions d’euros. La société a bénéficié, plus récemment, du succès de sa série Monster Hunter.
« Dans les années 2010, Capcom a modifié sa stratégie, passant de la production de nouveaux jeux à la vente de remakes et à l’expansion des ventes mondiales de titres plus anciens via la distribution numérique. C’est ce qui a permis à Capcom d’enregistrer une croissance régulière de ses ventes et des bénéfices élevés au cours de la dernière décennie », a déclaré Morningstar. Un peu comme Nintendo, Capcom gagne aussi des revenus grâce à l’exploitation de ses licences au cinéma, notamment avec les films Resident Evil (pas très bons d’ailleurs).
Un peu plus gros que Capcom, avec une capitalisation de 11,5 milliards d’euros, Konami reste un géant japonais du jeu vidéo, avec un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros. Connu pour ses séries Metal Gear Solid et eFootball (anciennement PES), Konami a récemment relancé deux sagas phares, avec des remakes du jeu de rôle Suikoden et du titre de survie horrifique Silent Hill. Au-delà du jeu vidéo, l’entreprise est présente dans le sport, avec notamment des salles de sport… Et des studios de Pilates.
Difficile également de passer à côté de Square Enix, la société issue de la fusion en 2003 des deux géants du jeu de rôle Squaresoft (Final Fantasy) et Enix (Dragon Quest). Sa capitalisation boursière reste assez modeste (autour de 4,3 milliards d’euros) alors que ses revenus s’élèvent à environ 2 milliards d’euros.
En mai, l’action du groupe a chuté de 16% sur une séance après que la société a admis aux analystes que les ventes de deux jeux phares, « Final Fantasy VII Rebirth », suite du remake du mythique Final Fantasy VII et « Foamstars », un jeu de tir, étaient décevants. Selon Bloomberg, la société a récemment révisé sa stratégie pour se concentrer sur un plus petit nombre de versions, avec moins de jeux mobiles, tout en étendant ses titres phares à plusieurs consoles, et pas seulement à la Playstation de Sony.
Citons enfin Koei Tecmo (là encore une fusion entre Koei et Tecmo en 2009), société connue notamment pour sa série de jeux de combat Dead or Alive, ou encore les franchises Ninja Gaiden et Dynasty Warriors. La société a récemment sorti sur Playstation 5 « Rise of the Ronin », un jeu d’action se déroulant dans le Japon du XIXe siècle. Au cours de son dernier exercice publié, ses revenus ont dépassé les 500 millions d’euros. Sa capitalisation boursière s’élève à environ 3,2 milliards d’euros.
A noter que Koei Tecmo, comme Capcom et Nintendo, compte le fonds souverain saoudien parmi ses principaux actionnaires. Ces investissements de plus en plus importants de Riyad dans des groupes de jeux vidéo japonais – notamment dans Nintendo, dont le fonds détient plus de 8% du capital – s’inscrivent dans la stratégie de diversification du pays, qui veut étendre son économie à d’autres domaines que les hydrocarbures.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse