Scor se : Le réassureur Scor s’effondre en Bourse après un lourd avertissement sur résultats

(BFM Bourse) – Le groupe a abandonné son objectif de croissance de la valeur économique et a prévenu que le résultat de sa branche vie-santé serait nettement inférieur aux attentes au deuxième trimestre.

La patience du marché avait déjà été mise à rude épreuve par Scor. Le réassureur français avait déçu lors de la publication de ses résultats du premier trimestre en mai dernier, en raison d’une performance inférieure aux attentes dans sa branche « réassurance vie et santé » (« L&H »).

Le résultat de cette division s’était révélé inférieur d’environ 50% au consensus, plombé par un « experience gap » négatif. C’est-à-dire, pour simplifier, que les coûts réels (et donc les rémunérations) avaient été supérieurs aux prévisions de l’entreprise.

Scor a expliqué avoir souffert d’un taux de mortalité défavorable aux Etats-Unis, et d’un taux de déclarations de sinistres tout aussi défavorable.

Suite à cet « écart d’expérience négatif » au premier trimestre, le groupe a annoncé lundi soir qu’il revoyait ses hypothèses de provisions dans sa branche vie et santé. Cela aura un impact sur ses résultats du deuxième trimestre.

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Un objectif qui ne sera pas atteint

Au final, le résultat de cette branche devrait être une perte d’environ 400 millions d’euros au deuxième trimestre, alors que le consensus tablait sur un chiffre positif de 100 millions d’euros, selon la Banque Royale du Canada.

Cette perte est due à « des actions prises sur provisions et (à) un écart d’expérience qui continue d’être négatif », explique le réassureur. « Des révisions supplémentaires au second semestre pourraient potentiellement conduire à des ajustements négatifs supplémentaires sur le résultat des activités d’assurance de personnes pour un montant estimé au maximum à -0,1 milliard d’euros d’ici fin 2024 », ajoute la compagnie.

En conséquence, le résultat de l’activité vie et santé en 2024 sera «significativement» inférieur au montant de 500 millions d’euros sur lequel la société comptait à la fin du premier trimestre, a prévenu Scor.

En outre, la marge avant impôts sur les services contractuels de la division, c’est-à-dire le bénéfice attendu de l’exécution des contrats ou la réserve de bénéfices futurs, est ajustée à la baisse d’environ 900 millions d’euros. D’autres ajustements d’environ 400 millions d’euros pourraient intervenir au second semestre, a précisé Scor.

Compte tenu de ces éléments, Scor anticipe une valeur économique (somme de ses fonds propres et de sa marge sur prestations contractuelles) comprise entre 8,3 et 8,5 milliards d’euros au deuxième trimestre, soit 46 à 47 euros par action. Au premier trimestre, cette valeur économique était de 54 euros par action (et de 51 euros au quatrième trimestre 2023).

En conséquence, Scor a prévenu que son objectif de croissance de 9% par an de sa valeur économique ne serait « probablement » pas atteint cette année. Lors d’une journée investisseurs en septembre dernier, le réassureur avait indiqué vouloir augmenter cet indicateur de 9% par an sur la période 2024-2026 à « hypothèses économiques constantes ».

La saison des ouragans approche

A la Bourse de Paris, l’action Scor s’effondrait suite à cet avertissement sur résultats, plongeant de 27,6% vers 10h45

« L’annonce d’aujourd’hui semble avoir renforcé les inquiétudes du marché concernant les comptes d’assurance-vie et d’assurance-maladie après l’avertissement initial du premier trimestre. Même si nous pensions que d’autres pertes étaient possibles, l’impact quantifié aujourd’hui devrait à juste titre faire sourciller », a déclaré la Banque Royale du Canada.

« Nous nous attendons à ce que les prévisions de bénéfices (des analystes) soient revues à la baisse au cours des prochaines années en raison de l’ajustement à la baisse de la marge des services contractuels », poursuit la banque canadienne.

Le groupe a assuré que les annonces de mardi n’auraient pas d’impact sur sa situation de liquidité. Il a également indiqué que son ratio de solvabilité, indicateur très surveillé chez les assureurs et réassureurs, devrait être supérieur à 200% au deuxième trimestre, dans sa fourchette considérée comme optimale (entre 185% et 220%). Ce que Jefferies qualifie de « bonne nouvelle ».

Mais UBS souligne qu’un autre risque se profile, avec le début de la saison des ouragans aux Etats-Unis, qui pourrait pénaliser plus tard le ratio de solvabilité de Scor.

« Bien que Scor affirme qu’il n’y a pas d’impact sur la liquidité ou la politique de dividendes dans le communiqué d’aujourd’hui, cela ne devrait pas être une grande consolation à ce stade de la saison des ouragans, à notre avis », conclut la banque suisse.

Scor publiera ses résultats complets du deuxième trimestre le 30 juillet.

Julien Marion – ©2024 BFM Bourse