Après le décès de Michel Blanc, victime d’une violente réaction allergique, avant un examen radiographique, vous avez été nombreux à exprimer vos craintes face aux produits de contraste. Ce médicament utilisé en radiologie qui permet de mieux visualiser un organe ou une lésion aux radiographies. Le professeur Olivier Clément, chef du service de radiologie à l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, a été pilote d’une étude de référence (Cirtaci) sur les allergies aux produits de contraste. Il revient sur ces réactions allergiques » très rare, cette réaction est également totalement imprévisible « .
– Comment savoir, avant de faire un examen, si on est allergique aux produits de contraste ? Que faire si vous risquez d’avoir une allergie grave ?
Professeur Olivier Clément : « Il n’y a aucun moyen de savoir si on va avoir une réaction allergique, c’est-à-dire une réaction immunologique à un produit de contraste. Dans les réactions d’hypersensibilité – c’est-à-dire induisant des signes cliniques d’allergie : urticaire, asthme, choc, etc. –, on distingue les réactions d’hypersensibilité allergique (on est allergique à un produit, parfois deux, mais pas à tous). Ceux-ci sont imprévisibles. Et des réactions d’hypersensibilité non allergiques pour lesquelles quel que soit le produit, le patient sera susceptible d’avoir une réaction, le plus souvent modérée (urticaire). Le seul facteur de risque connu est l’histoire de la réaction. Il est évident que le patient ayant eu une réaction risque d’en avoir à nouveau, soit parce qu’il est allergique au produit, soit parce qu’il est susceptible d’avoir des réactions irritantes. »
– Quelles populations sont considérées comme à risque ?
Professeur Olivier Clément : Les « zones allergiques » (allergie aux fraises, au poisson, aux antibiotiques…) ne constituent pas un risque d’allergie aux produits de contraste. En revanche, un patient asthmatique ou présentant une affection dite « atopique » se manifestant par exemple par de l’urticaire ou un rhume des foins, a un plus grand risque de présenter une réaction d’hypersensibilité. Et c’est pourquoi certains radiologues prémédicamentent ces patients, par exemple avec des antihistaminiques. Mais cette prémédication ne sert qu’à prévenir l’urticaire, elle ne peut pas servir à prévenir une réaction grave. Nous ne le recommandons donc pas. Si vous avez des antécédents de réaction à un produit de contraste, vous devriez demander une évaluation à un allergologue. Si le mécanisme allergique persiste, le produit de contraste est contre-indiqué à vie. »
– Combien y a-t-il de produits de contraste différents ? Et peut-on les faire tester par un allergologue avant de passer une IRM ou un scanner ?
Professeur Olivier Clément : « Il existe cinq produits de contraste gadolines pour l’IRM et 6 à 8 produits iodés pour les scanners. Nous ne faisons pas de test prospectif avec l’allergologue. Seuls les patients ayant eu une réaction à un produit sont testés. Réaliser des tests sur des patients n’ayant jamais eu de produit de contraste entraînerait trop de faux positifs. »
– Les allergies sévères sont-elles courantes ? Et sont-ils forcément mortels ?
Professeur Olivier Clément : « Plus c’est grave, plus c’est rare. C’est la classification de Ring et Messmer (1977) : grade 1, urticaire ; 2e année, signes généraux ; grade 3, troubles du rythme cardiaque ; grade 4, arrêt cardiaque. Sur les 6 millions de patients qui se font injecter un produit de contraste chaque année en France, il y a une centaine de chocs anaphylactiques qui se rétabliront avec un bon traitement et malheureusement quelques décès. »
– Et si un patient refuse l’injection du produit, y a-t-il une alternative ?
Professeur Olivier Clément : « Non, c’est une perte de chance d’établir le diagnostic. »
– Comment rassurer les patients inquiets ou ceux qui risquent de ne plus être examinés par crainte d’une réaction allergique sévère ?
Professeur Olivier Clément : « Ces patients doivent comprendre que le risque est minime. Les cabinets de radiologie et les radiologues qui travaillent en milieu hospitalier sont conscients de cette problématique et savent réagir en cas de problème. Attention toutefois à ne pas faire de scanner ou d’IRM si vous présentez une poussée d’asthme allergique. »
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle, de son côté, « qu’un suivi médical des patients pendant et après l’administration du produit de contraste (30 minutes) doit être mis en place et les moyens nécessaires en cas d’urgence ». la réanimation doit être immédiatement disponible en cas de réactions allergiques graves. »
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