Scandale Starlink dans le Pacifique : des soldats ont secrètement installé une antenne sur un navire de guerre
L’ennui touche tout le monde, même les soldats. Preuve en est avec cette histoire qui se déroule au milieu des eaux du Pacifique occidental. Sur l’USS Manchester, une frégate de l’US Navy, l’un des deux équipages se relayant à la barre du navire avait plus de mal à supporter la vie à bord. C’est pourquoi ses membres ont installé en secret une antenne Starlink, rapporte The War Zone.
Starlink est le réseau de satellites de SpaceX. Avec ce service, il est possible de recevoir internet quasiment partout sur la planète. Le tout fonctionne grâce à une armada de satellites placés en orbite par les lanceurs de l’entreprise d’Elon Musk. L’idée était au départ de lutter contre les zones mortes, mais a été progressivement adaptée pour équiper des véhicules marins.
« Starlink présente un risque sérieux pour la mission et la sécurité »
Posé l’an dernier sur le pont exposé du navire, l’appareil était quasiment indétectable. Bien caché, il permettait aux marins de regarder des films en streaming, de consulter les scores sportifs ou de communiquer avec leurs proches. De quoi tromper l’ennui d’une vie au milieu de l’océan, en somme.
Le seul problème est que toutes ces connexions violent toutes les consignes de sécurité en matière de télécommunications. Le service Starlink s’adresse en priorité aux citoyens ordinaires et ne bénéficie donc d’aucune protection spécifique. Car si ces antennes ont pu être déployées sur le champ de bataille en Ukraine, elles doivent être soumises à des conditions d’utilisation bien précises.
« L’installation et l’utilisation de Starlink sans l’approbation de la haute direction constituent un risque sérieux pour la sécurité de la mission, des opérations et des informations. »a souligné l’enquête menée par la Marine sur cette affaire, comme l’a rapporté le Navy Times. « Le danger que représentent de tels systèmes pour l’équipage, le navire et la marine ne peut être sous-estimé. »
Les privilèges accordés aux dirigeants par les dirigeants créent un dilemme moral
Un capitaine de la Marine à la retraite, Jerry Hendrix, a confirmé à The War Zone que l’installation de l’antenne Starlink sur la frégate USS Manchester constituait « une violation directe des règles de contrôle des émissions à bord d’un navire »Le principal risque de cette installation était la détection et la localisation du navire. L’appareil aurait même pu devenir une porte d’entrée pour des cyberattaques ou révéler des informations privées sur les soldats à bord.
Mais ce qui est le plus intriguant dans cette affaire, c’est que l’installation a été réalisée par les dirigeants de « l’équipage d’or ». Ainsi, en plus du problème de sécurité, un problème moral s’est posé sur le navire de guerre. « Les dirigeants se sont octroyé un privilège particulier, qui nuit au bon ordre et à la discipline. »fustige Jerry Hendrix.
L’antenne Starlink a finalement été découverte au bout de quelques mois. Sa présence a donné lieu à une enquête militaire et à des sanctions devant une cour martiale. Le chef du commandement, Grisel Marrero, a été relevé de ses fonctions et rétrogradé d’un rang.
Besoin accru de connectivité depuis les confinements liés au Covid-19
Cette mésaventure met en évidence à la fois les risques liés à l’installation d’une connexion sur un navire militaire, mais aussi la nécessité pour les soldats de maintenir le contact avec leurs proches ou d’accéder à certains divertissements. Starlink propose déjà une offre pour l’armée américaine, notamment pour certaines opérations tactiques.
Mais comme le rappelle un rapport de la marine américaine aujourd’hui disparu : « Le besoin d’une connectivité accrue a été exacerbé par l’arrêt des activités dû à la pandémie de COVID-19 en mars 2020, lorsque les navires n’ont pas pu faire escale dans les ports en raison des restrictions imposées par les pays, coupant ainsi leur connexion au reste du monde. »
Le défi pour les différentes branches de l’armée est donc de pouvoir fournir des connexions internet suffisamment robustes pour garantir toutes les protections nécessaires aux soldats et aux opérations. Tout cela avec un risque de cyberattaques toujours plus grand.
GrP1