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Satellites en orbite : un autre pari risqué de nos gouvernements avec Télésat

Satellites en orbite : un autre pari risqué de nos gouvernements avec Télésat

Les gouvernements fédéral et provincial ont réitéré avec enthousiasme leur appui au projet de réseau de satellites Lightspeed mené par Télésat Canada. Pour créer moins de 967 emplois, le Canada et le Québec « investiront » 2,62 milliards $, soit une subvention publique d’un peu moins de 3 millions $ par emploi, pour un projet qui coûtera au total plus de 6 milliards $.

Il est intéressant de comparer ce projet à la constellation Starlink, mise en orbite ces dernières années par la société d’Elon Musk. Selon certaines estimations, les 6 300 satellites Starlink auraient coûté 10 milliards de dollars, et la société n’a reçu aucune subvention.

Au moment de la rédaction de cet article, le NASDAQ estime que la société réalise un chiffre d’affaires de près de 7 milliards de dollars par an et qu’elle est très rentable.

Outre la création de quelques emplois, quelles sont les prévisions financières de Télésat pour ses 198 satellites ? Le projet Lightspeed sera-t-il un jour rentable ? Et si oui, pourquoi les capitaux privés ne se précipitent-ils pas pour le soutenir ?

Interrogé sur le projet canadien, Musk a répondu sur X qu’il serait capable de réaliser un projet comme Lightspeed pour la moitié du coût… donc sans argent public.

Naïveté ou incompétence ?

Alors que de nombreux projets d’envergure et ambitieux sont sur le point d’être lancés au Québec, le véritable coût final de Northvolt, du pont de l’Île d’Orléans, du REM ou de Gentilly-2 fait rarement l’objet de débats. Face à la vague d’optimisme politique, les montants avancés par les élus sont généralement ceux qui sont relayés partout.

Mais ces chiffres sont, pour la plupart, faux. Et les élus le savent.

Bent Flyvbjerg, l’auteur du livre Comment les grandes choses sont-elles réalisées ? – lecture de chevet de plusieurs ministres de la CAQ l’an dernier – nous sert d’avertissement. Flyvbjerg a mené une analyse systématique de milliers de projets à travers le monde, qui montre que le coût des grands projets est presque toujours sous-estimé. En moyenne, les dépassements de coûts représentent 16 % pour les routes, 39 % pour les trains, 75 % pour les projets hydroélectriques.

Ces analyses méritent d’être revisitées.

Coûts imaginés, coûts réels

Si l’on en croit les recherches de Flyvbjerg, le coût réel de la constellation Lightspeed devrait être plus proche de 10 milliards de dollars. En effet, les projets aérospatiaux dépassent en moyenne de 60 % les coûts prévus.

Si tel est le cas, il est légitime de se demander qui paiera ces milliards supplémentaires. Deux milliards de dollars supplémentaires d’argent public, peut-être ?

De plus, on apprend ces derniers jours que Northvolt a suspendu ses dépenses. Certains salariés disent craindre de ne pas être payés à la fin du mois. Si le projet échoue, les millions engagés jusqu’à présent seront irrécupérables.

Sur les 7,3 milliards de dollars initialement prévus, est-il plausible que les nombreux retards, obstacles et changements apportés aux plans de Northvolt entraînent des dépassements de coûts de 73 %, comme le prévoit Flyvbjerg pour les projets technologiques ? Ou, pire encore, de 62 %, comme dans les projets de construction à grande échelle ? Il est assez peu probable qu’une jeune entreprise comme Northvolt puisse se charger seule de la construction d’une seule usine de 12 milliards de dollars… !

Si les lectures de nos élus doivent servir à quelque chose, ce devrait être d’accroître la transparence lors de l’annonce de tels projets. Cette valse de milliards, sans envisager le pire des scénarios, est sinon totalement irresponsable.

journaldemontreal-boras

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