Santé. Les bactéries survivent dans nos micro-ondes, et ce n’est pas seulement une question d’hygiène
Non, les micro-ondes ne détruisent pas toutes les bactéries lors de la cuisson. Elles peuvent même contenir des extrêmophiles, des organismes qui vivent habituellement dans des conditions extrêmes, selon une étude publiée jeudi dans Frontières de la microbiologie.
Bien qu’il existe de nombreuses analyses sur les bactéries et les microbes qui vivent dans les lave-vaisselle ou les machines à café, les micro-ondes ont fait l’objet de peu de tests scientifiques. Des chercheurs espagnols de l’Université de Valence ont comparé les « communautés bactériennes » de trois types de micro-ondes : l’un utilisé par un foyer ; un autre partagé par plusieurs personnes (travail, dortoir, etc.) ; le troisième dans un laboratoire.
Une majorité de micro-organismes détruits lors de la cuisson
Bonne nouvelle : la cuisson au micro-ondes (300 MHz à 300 GHz) tue la majorité des micro-organismes, confirme l’étude. Y compris Escherichia coli, listeria, salmonelle et staphylocoque doré. Mais pas tous.
Sur les 30 appareils analysés, 101 bactéries ont été découvertes. La plupart d’entre elles sont proches de celles que l’on trouve habituellement dans et sur la peau humaine. Les chercheurs ont également trouvé des bactéries pouvant provoquer des maladies plus ou moins graves, comme Klebsiella L’ Enterobacter cloacae ou des bacilles Brevundimonas. Et plus l’appareil est partagé, plus il y en a.
Des bactéries qui survivent à des conditions extrêmes
Mais certains, notamment ceux des micro-ondes de laboratoire, sont extrémophiles, capables de vivre dans des conditions où la majorité des organismes meurent : températures supérieures à 100°C et inférieures à 0°C, pressions (comme dans les profondeurs marines), environnements acides voire radioactifs.
« Il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour rencontrer des organismes vivant dans des environnements extrêmes », ironisent les auteurs de l’étude. Ces extrémophiles se sont développés au cours de l’irradiation.
Le micro-ondes a 78 ans et est présent en France depuis 65 ans
Le four à micro-ondes serait né d’une découverte surprise de l’équipe de l’ingénieur américain Percy Spencer en 1946. Le premier appareil a été commercialisé en 1947 pour les professionnels de la restauration, le Portée du radar : 1,80 m de haut, 300 kg. Le four à micro-ondes est présenté en France pour la première fois en 1959, au Salon des Arts ménagers. Puis de nombreuses entreprises se lancent dans l’aventure. Le premier plateau tournant est ajouté au milieu des années 1960. En 1967, un modèle pour les particuliers sort. Mais ce sera un échec commercial. Ce n’est que dans les années 1970 que le micro-ondes connaîtra le succès, après la mise sur le marché de modèles abordables. Selon Freedonia, 40 % des ménages français en possédaient un en 1994, 91 % en 2018, selon LSA. Plus de 2 millions sont vendus neufs chaque année, selon Statista. Le nombre d’unités en France est estimé à environ 23,5 millions.
Un micro-ondes « n’est pas de l’espace pur »
« En fin de compte, un micro-ondes n’est pas un espace propre », écrivent les auteurs. « Pour éviter tout risque potentiel pour la santé, les appareils doivent être nettoyés et désinfectés régulièrement, surtout lorsqu’ils sont partagés. »
Désormais, les chercheurs vont étudier comment les micro-organismes s’adaptent et évoluent au sein d’un micro-ondes standard. D’autant que les extrêmophiles ne disparaissent pas avec le savon.
« Depuis les années 1980, on nous dit que les micro-ondes tuent toutes les bactéries (en cuisant) », explique le microbiologiste Jason Tetro. « Cette étude montre clairement que ce n’est pas vrai. » Une raison de plus pour veiller à ce que votre appareil de bureau soit propre…