Santé : la hausse des franchises médicales sous le feu des projecteurs

Publié le 27 septembre 2023 à 17h52
Le gouvernement n’a pas encore résolu de faire contribuer davantage les Français au financement du système de santé. Alors qu’il évoque depuis des mois l’idée de faire payer plus cher aux patients leurs médicaments ou leurs consultations en augmentant les franchises existantes, il assure que la mesure est toujours en discussion.
« Il y a encore du travail en ce moment », a déclaré Thomas Cazenave, le ministre chargé du Budget, à propos d’une augmentation des franchises. « La question est de savoir comment mieux réguler les dépenses en médicaments mais ce sujet doit être vu de manière plus large, un travail avec les professionnels de santé doit être mené », a poursuivi le ministre lors de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale ce mercredi.
Des comportements à « changer »
« Oui, nous continuons à y travailler », a confirmé le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, interrogé sur le même sujet à sa sortie du Conseil des ministres. Cela apparaît en tout cas favorable à une augmentation desdites franchises.
« Quand on (…) va directement à la pharmacie acheter ce que le médecin nous a prescrit sans faire le détour de chez soi pour vérifier qu’on n’a pas exactement les mêmes médicaments (…) ce sont des comportements qu’il faut changer », argumente-t-il. « Parmi ces incitations au changement, il y a évidemment le sujet des franchises. »
Ces derniers mois, le gouvernement a laissé entendre qu’il était prêt à doubler la franchise de 50 centimes facturée aux patients pour chaque boîte de médicaments remboursés obtenue en pharmacie. De même, il a indiqué qu’il envisageait de doubler la « contribution forfaitaire » de 1 euro, payée de sa poche par les patients pour chaque visite chez le médecin.
Cette perspective fait sourciller, notamment parmi les syndicats de médecins. Le gouvernement a tenté d’apaiser les inquiétudes en laissant entendre qu’il n’entendait pas toucher aux plafonds de franchise actuels (50 euros par an et par patient) pour éviter que les patients atteints de maladies chroniques ne perdent leurs factures de soins de santé.
Cependant, la mesure fait toujours débat au sein de l’exécutif face aux inquiétudes sur le pouvoir d’achat et l’accès à la santé. Selon un sondage Elabe publié ce mercredi, 64% des Français interrogés le jugent « inacceptable ». La mesure pouvant être adoptée par voie réglementaire, il reste encore un peu de temps pour trancher et discuter avec les parlementaires.
« Responsabilité des assurés »
Une augmentation des franchises rapporterait en tout cas entre 700 et 800 millions. Un montant non négligeable sachant que les dépenses de santé sont très dynamiques. Pour tenter de les maîtriser, le budget de la Sécurité sociale prévoit de réaliser 3,5 milliards d’euros d’économies par rapport à la progression « naturelle » des dépenses. Sur ce montant, quelque 1,3 milliard d’euros d’économies doivent être réalisés « grâce à des mesures de transfert des dépenses et de responsabilisation des assurés ».
Le gouvernement a déjà annoncé que la Sécurité sociale rembourserait moins les soins dentaires, augmentant ainsi les montants couverts par les assureurs. Toutefois, ce transfert d’environ 500 millions d’euros ne saurait suffire à réaliser les économies espérées grâce aux transferts à la charge des assurés. De quoi plaider en faveur d’une augmentation des franchises.
Transport partagé
L’exécutif prévoit également de réaliser 1,3 milliard d’euros d’économies sur le poste de dépenses en médicaments et dispositifs médicaux. Comme chaque année, il compte renégocier à la baisse les montants versés aux fabricants pour les produits de santé (baisses de prix) mais il promet aussi d’agir sur les « volumes » remboursés.
Enfin, l’exécutif envisage de faire des économies sur les analyses médicales et les radiographies, comme déjà évoqué l’année dernière. Il souhaite également réduire le coût du transport sanitaire en favorisant le transport partagé.