(SANTÉ ET POLITIQUE) Après le Covid, une pandémie de grippe aviaire ?
À la mi-juin, l’hebdomadaire Indiquer nous a alerté sur la possibilité d’une épidémie, voire d’une pandémie, de grippe aviaire, qui pourrait bientôt toucher la France et l’Europe, car trois cas (bénins) de cette pathologie liée à ce virus ont été enregistrés parmi des ouvriers agricoles d’une ferme laitière aux Etats-Unis.
665 000 doses de vaccin contre la grippe aviaire
Et France Info L’Agence européenne des médicaments nous informe que l’Autorité européenne de préparation et de réaction aux situations d’urgence sanitaire (HERA), mise en place lors de la pandémie de Covid 19, a conclu un contrat avec le laboratoire britannique Seqirus pour acquérir 665 000 doses de vaccin empêchant la transmission de la maladie à l’homme, avec une option pour 40 millions de doses supplémentaires si nécessaire. Il n’est pas question pour l’instant d’envisager de vacciner l’ensemble de la population, mais de réserver cette vaccination aux personnes les plus exposées à la transmission de la grippe aviaire par les oiseaux ou certains animaux, comme les travailleurs des élevages et les vétérinaires.
La grippe aviaire est une infection due à des virus grippaux de type A, notamment de catégories H5, H7 et H9, nous précise l’Institut Pasteur. Ce virus est véhiculé par les oiseaux sauvages chez qui il est asymptomatique, mais il se transmet bien sûr aux animaux d’élevage comme les poulets ou les dindes chez qui il est particulièrement dangereux, et provoque une mortalité très élevée. Il peut infecter d’autres espèces animales comme les vaches chez qui il a la possibilité de se fixer et de contaminer ainsi le lait produit. On le retrouve en grande partie dans les fientes des volailles infectées et dans leurs sécrétions respiratoires comme l’explique Santé Publique France ; on le retrouve donc dans les poussières des élevages, ou dans les plans d’eau.
Cependant, la transmission à l’homme reste exceptionnelle et la transmission interhumaine du virus H5 N1 est très épisodique.
La prochaine pandémie ?
Mais pour les experts, le risque de voir émerger un nouveau virus issu de mutations différentes et capable de se transmettre d’humain à humain n’est pas à exclure, de plus ce virus échapperait (au début) à notre système immunitaire car la population humaine n’y a pas encore été confrontée, et si tel était le cas il s’agirait probablement d’une pandémie mondiale.
En 20 ans, de janvier 2003 à avril 2024, l’OMS a recensé 889 cas humains de grippe aviaire dans 23 pays, avec un taux de mortalité très élevé ; il ne s’agit pas d’une contamination interhumaine, mais d’une contamination directe par les oiseaux. Chez l’homme, ce virus H5 N1 peut se fixer sur la conjonctive recouvrant l’œil ou dans les alvéoles pulmonaires où il provoque une pneumonie très sévère.
Si les élevages bovins peuvent être un réservoir de germes, il semblerait logique de vacciner les vaches pour éviter que la contamination ne touche ensuite les humains, cependant cette vaccination nécessiterait de très grandes quantités de vaccin que l’industrie ne peut actuellement pas fournir. Il est donc préférable, si nécessaire, de vacciner les humains en contact avec les animaux hébergeant le virus. Ce vaccin n’a rien à voir avec celui qui a été fabriqué pour tenter de lutter contre le Covid et pourrait donc être facilement utilisé sans risque d’effets secondaires inconnus.