Santé, énergie, transports : la fusion nucléaire pourrait déclencher une nouvelle révolution industrielle

Et si la fusion nucléaire était la nouvelle machine à vapeur ? La découverte de cette invention au XVIIIe siècle a déclenché une vague d’avancées technologiques. La première source d’énergie mécanique entièrement maîtrisée par l’homme a ainsi été à l’origine de la révolution industrielle.

Aujourd’hui, une nouvelle révolution pourrait être en marche. Le monde scientifique est sur le point de découvrir une source d’énergie virtuellement infinie : la fusion nucléaire. Si les étapes sont actuellement difficiles à franchir, chaque once de connaissance nous rapproche du but. Mais, comme le souligne The Guardian, les connaissances acquises sur le chemin de la fusion nucléaire peuvent être utiles dans d’autres secteurs.

De nombreuses briques technologiques réutilisées dans d’autres domaines

L’un des principaux obstacles à cette technologie est son coût énergétique. Pour lancer une réaction de fusion nucléaire, il faut dépenser une très grande quantité d’énergie (750 MW) avant de pouvoir en récupérer une plus grande quantité. Or, le réseau électrique n’est capable de fournir que 2 MW.

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10 grandes découvertes qui font avancer la science

Ainsi, l’entreprise américaine TAE Power Solutions a développé des batteries spécifiques pour atteindre une telle puissance et permettre aux scientifiques de démarrer un réacteur. Et ces travaux sont désormais mis au service de l’industrie automobile : des batteries plus performantes sont actuellement adaptées pour équiper les futures voitures électriques. « Des produits dérivés heureux »qualifie Lu-Fong Chua, directeur de la stratégie de Tae Power Solutions.

L’Autorité britannique de l’énergie atomique (UKAEA) adopte une approche similaire. En 2021, elle a créé le Fusion Cluster pour contribuer à faire de la fusion nucléaire une réalité. Cela comprend le développement de compétences ou de technologies pour y parvenir, mais aussi la mobilisation des entreprises.

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Les technologies habilitantes, un moyen de rassurer les investisseurs

« L’un des rôles du Fusion Cluster est de dire aux gens que non seulement la fusion arrive, mais qu’elle est utile même des années avant que nous ayons les premières centrales à fusion, car des technologies habilitantes émergent. »assure Valerie Jamieson, responsable du développement du Fusion Cluster.

Les technologies habilitantes sont des innovations qui ont le pouvoir d’apporter des changements radicaux pour leurs utilisateurs. Elles sont souvent le fruit de recherches dans un autre domaine que celui de leur application, comme les batteries de TAE Power Solutions. Elles permettent surtout aux investisseurs de se projeter dans des projets à long terme comme la fusion nucléaire tout en pouvant espérer un retour sur investissement plus immédiat.

De nouveaux aimants supraconducteurs ont déjà été développés dans le cadre de la recherche sur la fusion nucléaire. Ils servent à contrôler le plasma dans les réacteurs lorsque la température atteint une centaine de millions de degrés. En 2023, la société Tokamak Energy (du nom des principaux réacteurs de fusion nucléaire) a développé des aimants supraconducteurs capables de produire un champ magnétique stable 10 à 20 fois plus puissant que les technologies existantes.

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De l’allumage d’un réacteur à la destruction des cellules cancéreuses

Ces modèles peuvent désormais être utilisés pour créer des moteurs magnétohydrodynamiques (MHD). Il s’agit d’une technologie permettant de créer un jet de fluide chargé électriquement qui peut propulser un véhicule. Ce type de moteur ne nécessite aucune pièce en mouvement, ce qui évite tout risque d’usure.

La fusion nucléaire a également des implications dans le domaine médical. Dans les années 1930, on a montré que le bore tuait les cellules cancéreuses. Lorsqu’il est exposé aux neutrons, il se décompose pour former du lithium et de l’hélium. L’énergie de cette réaction détruit la cellule à laquelle le bore est attaché.

Jusqu’à présent, il n’était possible d’introduire du bore dans l’organisme d’un patient que par l’intermédiaire de médicaments. Mais c’est seulement grâce aux travaux sur la fusion nucléaire que des faisceaux de neutrons concentrés ont été développés pour déclencher la réaction dans certains types de réacteurs. TAE Life Sciences est désormais en discussion avec des hôpitaux pour lancer des essais cliniques autour de son accélérateur de particules compact pour traiter les cancers.

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Et ces exemples ne représentent qu’une petite partie des découvertes réalisées pour parvenir à la fusion nucléaire. C’est pourquoi de nombreux scientifiques impliqués dans ces recherches estiment que les travaux sur cette technologie peuvent conduire à des changements majeurs dans de nombreux domaines d’activité. De quoi imaginer une nouvelle révolution industrielle.