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Sans supermarché depuis 2016, Grigny pose la première pierre d’une nouvelle grande surface


Dix ans sans pouvoir faire ses courses à pied à Grigny, ville pauvre de près de 30.000 habitants en banlieue sud de Paris. Depuis la fermeture, en 2016, d’un grand magasin Casino de 4.000 mètres carrés – l’enseigne avait invoqué trop de cas de violences pour justifier sa décision -, la première pierre d’un supermarché devant remplacer un magasin fermé a été posée ce samedi 7 septembre, en vue d’une ouverture en 2026.

UN « grand plaisir » Un moment teinté de soulagement pour Michèle Moncourt, une retraitée grignoise de 75 ans. Jusqu’à aujourd’hui, cette habitante du centre-ville nouvellement construit devait prendre le bus pour faire ses courses à l’hypermarché Leclerc de la ville voisine de Viry-Châtillon. « Je prends ce que je peux, à la force de mes bras, et pour les packs d’eau j’attends les jours où mes enfants sont disponibles, j’en suis réduite à ça »regrette Michèle Moncourt, installée à Grigny depuis 1976.

« Marathon judiciaire et politique »

Le projet a souffert du manque de candidats pour prendre la relève de Casino jusqu’en 2019, date à laquelle l’enseigne O’Marché Frais (depuis rebaptisée Marché Frais), principalement implantée dans les quartiers populaires de la région parisienne, a accepté de s’implanter à Grigny. Mais le permis de construire de ce futur hypermarché de 5.000 mètres carrés, coiffé d’un parking de plus de 800 places, a fait l’objet de deux recours en 2020 et 2022 de la société gestionnaire de l’hypermarché de Viry-Châtillon, inquiète de l’impact de ce projet sur la fréquentation des magasins voisins.

La réouverture d’un supermarché représentait la promesse de revitaliser le nouveau centre-ville, qui était censé transformer une « ville dortoir » dans « coeur de la ville »selon la municipalité. Ce quartier, où plusieurs centaines de nouveaux logements ont été créés, a vocation à relier les quartiers populaires de la Grande Borne et de Grigny 2, qui abrite l’une des plus grandes copropriétés d’Europe, en proie au surpeuplement et à l’insalubrité. « marathon judiciaire et politique » entrepris s’est terminé avec « une victoire dans notre combat pour le droit à la ville »a déclaré samedi le maire (communiste) Philippe Rio.

La nouvelle marque doit également être accessible en termes de prix. « La volonté du groupe Marché Frais est de s’adapter au territoire »promet Céline Quattrucci, présidente du groupe cofondé par son mari Bruno Quattrucci. Car « la vie est chère » Pour les habitants de la ville, explique Nora Belgroul, 54 ans, agente d’entretien de la ville, qui habite aussi dans les nouveaux logements du centre-ville. Dans sa robe violette et son foulard assorti, un petit four à la main, elle se réjouit avec ses amies que la marque crée aussi des emplois. « pour les jeunes et les mères » du coin – 150 après ouverture selon la municipalité.

Elle n’a pas non plus de voiture pour faire ses courses et compte sur sa famille et ses amis pour l’accompagner. « On y va avec des amis quand on fait les grandes courses du mois »dit la femme qui avoue n’avoir ni les moyens ni l’envie de « déranger les amis » pour faire leurs courses chaque semaine. Pour ceux qui habitent un peu plus loin, une solution a déjà été trouvée : depuis décembre, le tramway T12 qui relie Massy à Evry s’arrête à moins de dix minutes à pied du futur supermarché.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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