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Sans papiers : « Leur combat donne de la force à tous »

Marilyn Poulain Pilote du collectif immigration de la CGT

En lançant la grève coordonnée des travailleurs sans papiers en octobre 2021, la CGT a présenté la lutte pour leur régularisation comme une contribution à l’élévation des droits de tous les salariés. Comment ?

Les luttes des sans-papiers leur permettent de sortir de l’ombre, de dire non aux conditions de travail qui leur sont imposées du fait de leur situation administrative. Leur combat, que nous soutenons en tant que syndicats dans lesquels ils ont toute leur place, est un combat pour leur régularisation, qui contribue à améliorer leurs conditions de travail, à requalifier leurs contrats. Ces évolutions positives profitent à tous les salariés. Ces travailleurs sans papiers, parmi les plus précaires, les plus vulnérables, prennent de grands risques en entrant en lutte ; ce choix ne les engage pas seuls : souvent, la survie de leur famille restée au pays dépend de leur rémunération. Qu’ils osent prendre de tels risques, qu’ils remportent des victoires donnent à chacun la force et la volonté de se battre.

La vulnérabilité de ces travailleurs les expose plus que d’autres à une gestion arbitraire, voire à des pratiques illégales. Comment cela se traduit-il ?

Trois types de situations peuvent être distinguées. Il y a d’abord ceux des travailleurs sans papiers recrutés sous le couvert de la légalité. C’est courant dans la restauration et dans d’autres secteurs confrontés à une pénurie de main-d’œuvre dans des métiers pénibles et sous-évalués. Souvent ces travailleurs sont rémunérés dans un cadre légal, mais soumis à des horaires atypiques, à une grande flexibilité de leur temps de travail. Dans ces configurations, cependant, les employeurs sont rarement réticents à régulariser.

Ensuite, il y a les systèmes d’exploitation consciemment organisés ; on les retrouve dans certains secteurs d’activité comme la collecte des ordures, le nettoyage, la construction, les grands entrepôts pour la préparation des commandes liées à la vente à distance. Là, les grandes entreprises se cachent derrière des sous-traitants ou des intérimaires pour tirer profit de l’exploitation massive de travailleurs sans papiers affectés à des tâches pénibles, avec une très grande flexibilité, du CDD à la chaîne sur des durées très courtes, des normes de sécurité abaissées. Aux yeux des entreprises, ils sont interchangeables : des pions dont il faut se débarrasser dès qu’ils se manifestent pour demander la régularisation de leur situation. Dans le cas de la société de collecte de déchets Sepur, nous sommes dans cette configuration, avec l’abus de contrats temporaires sur des postes non qualifiés et une entreprise réfractaire à la régularisation car le retour à la légalité affecterait ses bénéfices. Ici, l’arbitraire de l’employeur tient aussi au fait que la régularisation est entre les mains de l’employeur, ce qui lui donne un pouvoir disproportionné. Dans d’autres pays, la régularisation est à l’initiative du salarié, qui doit produire un justificatif de son travail.

Enfin, il existe des situations extrêmes, celles du travail dissimulé, à la limite de la traite des êtres humains. On les retrouve dans le secteur agricole, dans les activités de démolition, dans l’assistance aux personnes. Je pense aussi au combat que nous avons mené avec les coiffeurs de Château-d’Eau, à Paris, employés par des exploiteurs ayant une vitrine dans des conditions indignes, pour moins de 1,50 euro de l’heure. Là, il est difficile de contraindre l’employeur à rentrer dans les clous par le seul rapport de force, par la grève : souvent, il faut passer par la riposte pénale, en alertant l’inspection du travail.

Des éboueurs employés par Sepur dénoncent l’extorsion dont ils auraient été victimes. Les travailleurs sans papiers sont-ils souvent victimes d’extorsion ?

Ces situations ne sont pas courantes. Ils existent surtout dans le secteur agricole, où des intermédiaires empochent des sommes importantes pour faire venir des travailleurs saisonniers. Dans le cas de Sepur, il s’agit de chefs d’équipe qui prélèvent le salaire mensuel des travailleurs sans papiers en les forçant à payer pour travailler.

Quelle est la responsabilité de l’employeur dans ce cas ?

Ces salariés enchaînent les contrats, passent d’une case d’intérim à une autre, changent régulièrement d’identité à la demande des cadres de l’entreprise, pour empêcher toute requalification de leurs contrats en CDI. Ils sont recrutés dans les dépôts de l’entreprise, puis leur dossier est redirigé vers les caisses d’intérim par des encadrants Sepur, qui connaissent leur situation administrative et qui voient très bien la différence entre la personne en face d’eux et celle des photographies des documents présentés à eux. Certains surveillants en profitent pour donner libre cours à leurs excès de pouvoir, pour instaurer un système d’extorsion et d’abus : « Vous allez me payer pour pouvoir travailler. »


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Cammile Bussière

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