vendredi 25 octobre 2024
Histoires franco-américaines
Avec un nom pareil, il ne pouvait rien faire d’autre ! Au 19ème sièclee siècle, Jean-Louis Vignes fait partie des pionniers français installés en Amérique. Sa méthode aurait changé le destin du vin californien. Il serait même « le père de la viticulture californienne ».
Né à Béguey (Gironde) en 1780, ce tonnelier, installé à une trentaine de kilomètres de la capitale girondine, quitte sa femme et ses enfants à l’âge de 47 ans. Il embarque sur un navire pour s’installer dans l’archipel hawaïen, « à trois miles d’Honolulu sur un terrain où il a planté de la canne à sucre et des vignes et élevé du bétail », rapporte le Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde en 1959. Activité peu rentable, il devient alors directeur d’une distillerie. Mais la fabrication de rhum étant interdite, le Français repart… pour la Californie.
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De passage à Monterey, il est arrivé à Los Angeles à une date qui reste inconnue. Ici, dans ce qui n’était alors qu’une modeste ville encore sous domination mexicaine, il acheta près de la rivière Los Angeles, « une centaine d’acres (soit 40 hectares) de terres qu’il commença immédiatement à planter des vignes. La propriété prit le nom d’el Aliso, c’est-à-dire aulne, en raison du bel arbre de cette espèce qui ornait l’entrée. »
Jean-Louis Vignes n’est pas le premier à planter des vignes sur le sol américain. Le conquistador Hernan Cortes s’était implanté au Mexique trois siècles plus tôt, les premières usines californiennes datent de la seconde partie du XVIIIe siècle.e siècle. Le vin produit est utilisé notamment pour les besoins du culte. Los Angeles était même en tête en termes de production à l’époque : « En 1831, il y avait plus de 100 000 pieds dans les limites actuelles de la ville, soit environ la moitié de ce qui existait dans l’ensemble de l’État. »
Il importe des vignes françaises pour développer des vignes américaines
Mais quel est l’apport de Jean-Louis Vignes ? « Son mérite, et il n’est pas faible, a été de s’efforcer d’améliorer la qualité des vins du pays. Il était notoire que ceux produits jusqu’alors étaient médiocres. » A l’époque, on pensait que cette médiocrité était due à des insuffisances en matière de vinification. De plus, nous ne produisons pas de vin et vendons le breuvage dès que la fermentation est terminée.
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Jean-Louis Vignes estime que les plantes américaines sont en partie responsables de cette mauvaise qualité. Il décide alors de faire venir des cépages de France et de les greffer sur des vignes américaines. « Les plantes, emballées de manière spéciale, devaient d’abord être expédiées à Boston, puis chargées sur des navires faisant le tour de l’Amérique du Sud. Les résultats furent favorables et en peu de temps, les vins de Jean-Louis Vignes gagnèrent une prime sur le marché local. » Au point que lorsqu’un émissaire du ministère français des Affaires étrangères arriva à Los Angeles, Don Luis del Aliso, son nom local, lui donna « un petit tonneau de vin de Californie à offrir au roi ».
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En 1850, Jean-Louis Vignes, qui pensait que le vin californien pouvait rivaliser en qualité avec le vin français, devint l’un des principaux producteurs du pays, vendant 150 000 bouteilles par an. Il développe son entreprise dans les vergers (oranges, pêches, pommiers, etc.) et ajoute un atelier de tonnellerie à l’exploitation agricole. Il vendit sa propriété à ses neveux, qui avaient émigré entre-temps. Jean-Louis et Pierre Sainsevain réalisent en 1857, « le premier « champagne » de Californie – qu’ils n’hésitent pas, dans leurs publicités, à proclamer « supérieur au meilleur champagne de Châlons ou de Reims », indique l’historienne Annick Foucrier dans un article revenant sur l’histoire du vin californien. Jean-Louis Vignes meurt à Los Angeles en janvier 1862. Une artère porte encore son nom dans la Cité des Anges.