Sanofi mise sur la bioproduction avec plus d’un milliard d’euros d’investissements prévus en France
Neuf projets en santé, pour des promesses d’environ 1 milliard d’euros investis, ont été dévoilés lors de l’édition 2024 de Choose France. En parallèle du sommet qui s’est tenu le 13 mai, Sanofi a dévoilé, le même jour, un vaste programme industriel estimé à 1,11 milliard d’euros.
La conjonction d’annonces n’est pas fortuite, indiquant astucieusement que le leader pharmaceutique français mise aussi sur le territoire français. Fortement même, avec des médicaments parmi les plus innovants puisque le projet concerne la bioproduction, la fabrication de biomédicaments.
Il est divisé en trois parties. Sur son site de Trait (Seine-Maritime), Sanofi va accroître ses capacités de formulation, remplissage et conditionnement de médicaments biotechnologiques et de vaccins avec 100 millions d’euros investis et 150 emplois créés. A Lyon Gerland (Rhône), le groupe prévoit 10 millions d’euros pour relocaliser en France la production, actuellement américaine, du principe actif de Tzield, un anticorps monoclonal indiqué dans le traitement du diabète de type 1, hérité de l’acquisition de la biotech Provention Bio l’an dernier.
Contexte sensible
Le volet le plus important concerne le complexe de R&D et de bioproduction de Sanofi à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), avec la construction d’une nouvelle usine d’anticorps monoclonaux. Valorisée à 1 milliard d’euros, elle représente le plus gros investissement industriel du groupe. Ici, 350 créations d’emplois sont envisagées.Notre ambition est de devenir un leader en immunologie, qui couvre un nombre très important de pathologies et nécessite d’anticiper nos besoins industriels, avec notamment 12 médicaments phares en développement, dont certains pourraient être produits à Vitry en cas de succès. »« Pour l’heure, le calendrier n’est pas encore fixé. Une porte-parole évoque un « horizon 2030 » pour la mise en service de la future usine, et des réalisations « plus rapides » pour les deux autres projets », commente Audrey Derveloy, la présidente de Sanofi France.
Cette déclaration intervient dans un contexte sensible. En avril, en décidant de réduire sa voilure en oncologie, Sanofi a entamé de nouvelles coupes dans la R&D, avec la suppression de 330 postes en France. En 2022, le groupe s’est séparé de sa division chimie tierce, reprise par le français EuroAPI, dont la santé n’est pas très bonne. La branche distribution est en passe d’être cédée à DHL. On peut aussi citer la division Consumer Healthcare, qui regroupe des médicaments anciens et à fort volume, dont le Doliprane, que Sanofi va probablement céder.
Cette nouvelle stratégie se concentre sur les vaccins et médicaments les plus innovants et rentables. Elle conduit à une très forte spécialisation au détriment de certaines activités. Cependant, cela alimente de gros investissements productifs. Audrey Derveloy souligne que ce nouveau projet «s’inscrit dans une période d’investissements industriels structurants, avec un focus chimique comme le lancement de la production de petits volumes de principes actifs sur nos sites d’Aramon (Gard) et Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), un focus sur les vaccins avec notre usine ultra-modulaire de Neuville-sur-Saône (Rhône) et des investissements majeurs à Val-de-Reuil (Eure), et désormais en bioproduction« Au total, en intégrant des investissements récurrents de plus de 300 millions par an dans l’outil industriel, le groupe calcule avoir engagé 2,5 milliards depuis la pandémie en France. Et y ajoute désormais 1,1 milliard d’euros.
Vous lisez un article de L’Usine Nouvelle 3731 – Juin 2024
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