Sandro Gozi, un Italien sur une liste française
Son profil n’est pas le plus répandu en politique. Sandro Gozi est italien, mais son nom figure en France sur la liste de la majorité présidentielle pour les élections européennes du 9 juin. Il occupe la sixième place parmi les 81 candidats, ce qui le place en bonne position d’éligibilité. Agé de 56 ans, il est déjà, depuis 2020, député européen sur la liste Renaissance du groupe Renew Europe (centre et libéral) et secrétaire général du Parti démocrate européen (PDE).
Fondé en 2019, le groupe Renew Europe (RE) est le successeur de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE). Composée principalement d’élus français de Renaissance et de leurs collègues roumains de la liste USR-Plus (Parti Sauvons la Roumanie, Union et Liberté, Unité et Solidarité), elle fut, lors de la législature qui s’achève, la troisième force politique au Parlement européen, avec 101 députés (plus de 14%).
100 milliards pour la défense européenne
« Si je devais proposer une seule mesure au Parlement européen, ce serait celle du plan de 100 milliards d’euros pour développer les équipements de défense au sein de l’Union européenne », soutient Sandro Gozi. Une mesure de soutien à l’Ukraine face à la Russie, qui « répond le mieux à l’urgence actuelle et contribue à construire une Europe puissante ».
Pour mener à bien ce projet, celui qui s’est lancé en politique à 37 ans est « déterminé à construire une nouvelle majorité centrale avec le Parti populaire européen (EPI, à droite, NDLR) et les sociaux-démocrates pour poursuivre la transformation européenne « . Sandro Gozi est catégorique, il refuse toute alliance « avec l’extrême droite, qu’il s’agisse de l’ECR, le groupe de Giorgia Meloni, ou du RN, le parti de Marine Le Pen ».
Ancien député et ancien secrétaire d’État aux Affaires européennes sous le gouvernement italien du Premier ministre Matteo Renzi, Sandro Gozi a toujours un pied dans son pays natal, et l’autre en France. Mais pourquoi choisir, quand son objectif est « pour incarner la citoyenneté européenne » ? Tout citoyen européen a le droit de voter et d’être élu aux élections municipales et européennes dans le pays dans lequel il réside, même s’il n’en a pas la nationalité. L’Italien est resté attaché à la France depuis ses études de droit à la Sorbonne à Paris, dans le cadre d’un programme Erasmus. Depuis, là passer une bonne partie de (son) vie » et continue de donner des cours à Sciences Po Paris sur le fonctionnement de la Commission européenne, parallèlement à son activité politique.
Une identité transnationale
Son parcours reste cependant atypique. « Je suis convaincu que lorsque les élections seront véritablement européennes, il y aura plus de candidats de nationalités différentes sur une liste d’un même pays », a prédit l’Italien dans un français impeccable. Mais cette volonté de représenter « une politique transnationale » Cela n’a pas été sans obstacles pour le quinquagénaire : « On m’a traité de traître en Italie, comme en France. »
Cet ancien diplomate et fonctionnaire européen vit en France depuis plus de cinq ans, ce qui pourrait lui permettre d’acquérir la nationalité française. Mais il n’a pas encore atteint ce cap : « Mon objectif est de faire comprendre qu’il est possible de faire de la politique dans un pays dont on n’a pas de nationalité. Je pense que le message sur l’identité transnationale est plus fort. »