Divertissement

Sandra Hüller dans l’affaire des billets de banque de l’ex-RDA

Cette comédie chorale, interprétée par Sandra Hüller, raconte l’histoire d’une grande escroquerie orchestrée par un groupe de chômeurs de l’ex-RDA, qui profitent de la désorganisation générale de la réunification pour mettre la main sur « l’argent du peuple ».

France Télévisions – Culture Edito

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Temps de lecture : 4 min

Après la chute du mur de Berlin, les autorités allemandes décidèrent de stocker dans un ancien bunker tous les billets de banque de la RDA, soit l’équivalent de 3 000 tonnes de billets, pour un total de plus de 100 milliards de marks. La réalisatrice allemande Natja Brunckhorst a transformé cet épisode de l’histoire en une comédie pleine d’entrain avec Sandra Hüller. La bonne affaire sort en salles le 28 août.

Robert et Maren vivent dans le quartier ouvrier d’une petite ville de l’ex-RDA. L’usine qui fait vivre une grande partie de la population licencie des ouvriers. Robert fait partie de la charrette. C’est pourtant avec joie et bonne humeur que la famille partage des moments festifs avec les voisins dans le jardin commun à la fin de cet été caniculaire. Volker, parti tenter sa chance à l’Ouest, vient de rentrer, accueilli froidement par Maren, qui lui cache un secret.

Au même moment, des camions vont et viennent vers l’entrepôt militaire du secteur. Robert, Volker et Maren décident d’aller y jeter un œil avec l’aide de l’oncle de Robert, qui travaille à la maintenance sur le site. Au terme d’une expédition périlleuse, ils découvrent avec stupeur que des piles de billets de banque de l’ex-RDA sont stockées au fond d’une galerie souterraine, avant destruction. Le jackpot ne vaut plus rien. Le quatuor, aidé par tout le quartier, va néanmoins réussir à le transformer en trésor grâce à une machination astucieuse.

À travers cette aventure, le réalisateur allemand dépeint l’ex-RDA dans l’année qui a suivi la chute du Mur, durant laquelle régnait une atmosphère de chaos, mais aussi de joie, un sentiment de libération partagé par la population et très joyeusement incarné par ce petit groupe d’amis du même quartier.

« Un très bon moment », comme le dit Yannek, le fils tagger de Maren et Robert« Il y avait de l’espoir, puis plus du tout, des peurs, mais aussi des opportunités. J’ai rencontré beaucoup de gens qui m’ont dit : ‘C’était la meilleure période de ma vie’ ! », dit le réalisateur.

L’argent fait-il le bonheur ? Cette question traverse le film avec une représentation presque magique au début, la bande de pieds nickelés étalés comme des enfants dans des piles de billets. Au fur et à mesure du récit, le rapport à l’argent se structure, jusqu’à une réflexion sur ce à quoi il pourrait servir.

Un voyage qui passe de l’utopie à un projet plus réaliste et collectif, cette vieille valeur communiste à laquelle les protagonistes semblent rester attachés. « L’argent, c’est la liberté en espèces » :Cette citation qui clôt le film correspond parfaitement à ce que vivent les membres de cette petite communauté.

La bonne affaire raconte aussi l’histoire d’un triangle amoureux dont la singularité fait écho au récit plus large de la réunification de l’Allemagne, contrainte d’imaginer les modalités de sa réunification. « Si nous ne pouvons pas définir ce que nous sommes tous les trois, comment allons-nous recommencer ? »Maren demande aux deux hommes qui l’aiment. Une phrase qui sonne juste pour leur histoire d’amour ainsi que pour l’histoire d’une Allemagne qui a besoin de se réconcilier.

Le triangle amoureux semble ici encore trouver une résolution dans le collectif, avec cette image de toute la famille s’endormant dans le même lit, figure intime des retrouvailles, où chacun doit pouvoir trouver une place dans un espace commun à réinventer.

La réalisatrice allemande, qui a commencé sa carrière d’actrice à un très jeune âge, a joué le rôle principal dans le film Moi, Christiane F., 13 ans, toxicomane, prostituée, Dans ce deuxième long métrage, il dresse un portrait de l’ex-RDA teinté de nostalgie.

Questionnant les modèles familiaux et sociétaux, le film déconstruit les mythes du communisme, tout en défendant une certaine idée du collectif, héritée de ce même modèle. « Nous avons travaillé pour maintenir le monde uni, mais pas le nôtre, celui des autres », regrette l’un des personnages, stupéfait d’apprendre que l’usine où il a travaillé pendant des décennies fournissait en réalité des pièces détachées à une célèbre entreprise suédoise.

Ce film choral, qui aurait gagné à être un peu plus resserré, est servi par une troupe d’acteurs où chacun joue son rôle autour d’une Sandra Hüller lumineuse. La mise en scène soignée, avec des plans et des décors bien composés, des costumes et la célèbre Trabant, évoque avec justesse l’esthétique et l’esprit très particulier de ce monde singulier, né dans l’ancien « bloc de l’Est », et mort avec sa disparition.

Affiche du film

Genre : Comédie
Réalisationriz : Natja Brunckhorst
Acteurs : Sandra Hüller, Max Riemelt, Ronald Zehrfeld
Pays : Allemagne
Durée :
1h56
Sortie :
28 août 2024
Distributeur :
KMBO

Synopsis : 1990, en pleine réunification complexe des deux Allemagnes, des ouvriers d’un même quartier de l’ex-RDA se retrouvent au chômage. Un jour, ils découvrent l’emplacement de milliers de billets de banque est-allemands destinés à être détruits. Ils ont trois jours pour les saisir et convertir l’argent en Deutsche Mark, mettant ainsi en place l’affaire qui va changer leur vie.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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