Sanctions : les États-Unis et l’Europe échappent enfin à l’hypocrisie en touchant aux ressources cachées de la Russie
Vladimir Poutine.
©Alexandre Demyanchuk / SPOUTNIK / AFP
Entreprise Atlantico
Une nouvelle série de sanctions contre la Russie pourrait cette fois porter le coup final. Américains et Européens vont désormais s’interdire d’acheter de l’uranium enrichi et du GNL à la Russie et s’emparer des revenus financiers des fonds déposés en Occident.
Tandis que Vladimir Poutine ne cesse de lancer des bulletins de victoire dès qu’il semble avoir reconquis un centimètre carré de territoire en Ukraine, tandis qu’il continue de menacer l’Occident en appuyant sur le bouton nucléaire, etc. L’Occident semble déterminé à reprendre son soutien aux Ukrainiens à travers la livraison de nouvelles armes, mais surtout à renforcer une fois de plus la série de sanctions économiques et financières.
Depuis deux ans, Vladimir Poutine donne le sentiment de contrecarrer les sanctions occidentales puisqu’il continue d’affirmer que son économie n’a pas souffert avec près de 3% de croissance par an.
Le chiffre n’est pas forcément inexact, la Russie a réussi à contourner les sanctions occidentales en vendant son pétrole et son gaz à la Chine et à l’Inde qui les revendent souvent sur le marché mondial à l’Occident. Avec le produit de ces ventes, la Russie achète ce dont elle a besoin pour alimenter sa vie quotidienne sur les marchés de seconde main en Asie ou en Afrique. Cela dit, la croissance du PIB russe est principalement le résultat de l’économie de guerre. Cette économie de guerre permet de redistribuer les salaires mais n’améliore pas le quotidien de la population.
De nombreux secteurs sont déjà gravement touchés : le secteur automobile, le secteur aéronautique, l’électronique, les systèmes de santé manquent de composants voire de médicaments. Vladimir Poutine fait tout pour que l’esprit patriotique des Russes puisse remplacer ou soutenir les interruptions d’approvisionnement… La nouveauté depuis ce week-end, c’est que l’Occident s’est enfin débarrassé de l’hypocrisie qui entourait la gestion des sanctions.
1er point : l’Amérique de Joe Biden a débloqué un paquet d’aides pour reprendre les livraisons d’armes qui doivent permettre à l’Ukraine de se défendre, mais surtout l’Amérique a décidé d’un embargo total sur les achats d’uranium enrichi à la Russie. Jusqu’alors, la Russie fournissait encore plus de 25 % de l’uranium utilisé dans les 93 centrales nucléaires américaines. Le monde entier a découvert à cette occasion que l’Amérique avait continué à acheter cet uranium à Moscou. La Maison Blanche a expliqué qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Il est nécessaire de trouver des ressources alternatives répondant aux besoins et à un prix acceptable. Il semble que ce soit chose faite et que l’Amérique a fermé ses services d’achat à la Russie.
2ème point, au même moment, l’Union européenne a pris la décision d’arrêter les achats de GNL, gaz naturel liquéfié, en provenance de Russie, qui arrivait par bateau pour approvisionner l’Europe. Là encore, il a fallu trouver des approvisionnements de substitution. Il faut savoir qu’au lendemain de l’embargo sur le gaz liquide arrivant de Saint-Pétersbourg via les gazoducs de la mer Baltique, les importations de gaz liquéfié par bateau ont augmenté de 40 %. Plus concrètement, l’Union européenne va interdire le transbordement de pétroliers russes en Europe.
3ème point, l’administration américaine va étendre le principe d’extraterritorialité aux banques et institutions qui accepteraient quand même de travailler directement ou indirectement avec la Russie ou au profit des intérêts russes. Concrètement, ce principe revient à menacer de pénaliser les banques en question en leur interdisant l’accès au marché américain. Dans un passé récent, certaines banques françaises ont été lourdement pénalisées pour avoir fait des affaires avec l’Iran, toujours sous sanctions. Cette mesure est extrêmement grave car elle ferme le marché mondial aux agents économiques russes, dont beaucoup continuent de travailler via Dubaï par exemple.
4ème point, les Etats-Unis et l’Europe s’apprêtent à séquestrer les revenus des actifs russes en Occident. Ces avoirs financiers sont gelés depuis le début de la guerre, mais cet argent continue de produire des intérêts ou des revenus. Au lieu de les capitaliser avec des avoirs gelés, les autorités européennes et américaines les anticiperont et les utiliseront pour contribuer au financement de l’aide aux Ukrainiens. Cela représente environ 5 milliards de dollars par an. Toutes ces nouvelles sanctions contribueront à accélérer l’étouffement de l’économie russe et à mettre fin à plus de deux ans d’hypocrisie de la part de l’Occident qui a accepté les violations des sanctions et a permis à la Russie de survivre. »