Des chiffres de pertes considérables, qui reflètent la violence ahurissante des combats dans l’est de l’Ukraine. Engagée dans une offensive féroce, l’armée russe a vu ses effectifs fondre comme neige au soleil au printemps, au point de compter en moyenne 1.262 hommes tués ou blessés chaque jour en mai, affirment les services de renseignements britanniques.
Cette augmentation des pertes résulte de l’ouverture par la Russie d’un nouveau front dans la région de Kharkiv le 10 mai tout en maintenant un rythme soutenu d’offensives dans la région du Donbass pour exploiter la prise de la ville d’Avdiivka en février 2024. En seulement deux mois, près de 70 000 hommes ont été mis hors de combat.
Impossibles à vérifier en l’absence de données officielles, ces chiffres sont corroborés par d’autres agences de renseignement occidentales et par des enquêtes de presse. Selon le média russe indépendant Meduza, qui épluche les registres de succession russes pour estimer les pertes, le nombre de soldats tués au front se situerait désormais entre 200 et 250 par jour, un rythme deux fois plus élevé qu’à la fin 2023.
Selon ses projections, le nombre total de soldats russes tués en Ukraine s’élève désormais à environ 120 000 hommes. Une estimation cohérente avec le bilan minimum de 58 207 morts recensé par la BBC et le site russe Mediazona au 5 juillet, sur la base des annonces de décès diffusées sur les réseaux sociaux.
Cette hémorragie sans précédent depuis les premiers mois de l’invasion en février 2022 met la Russie au défi de reconstituer les unités décimées. Pour l’instant, elle semble y parvenir, affirme un rapport du think tank britannique Chatham House publié le 9 juillet. « D’ici mars 2024, l’appareil de recrutement russe était en mesure de fournir suffisamment de troupes pour compenser les pertes dans un rapport d’environ un pour un.« , Les auteurs estiment que ces efforts devraient être suffisants. » à condition que L’économie russe et son industrie de défense réussir à maintenir le rythme»Un avis partagé par les renseignements militaires ukrainiens, qui estimaient en décembre 2023 qu’entre 1 000 et 1 200 volontaires signaient chaque jour un contrat avec l’armée russe.
« L’argent est le principal moteur du recrutement »
En l’absence de mobilisation, perçue comme trop risquée politiquement, les autorités russes misent beaucoup sur les incitations financières pour attirer les recrues. En plus d’un salaire d’au moins 2 180 euros par mois, soit plus du double du salaire moyen en Russie, les recrues reçoivent des primes à la signature de leur contrat, dont les montants n’ont cessé d’augmenter, atteignant jusqu’à 13 500 euros.
« L’argent est le principal moteur du recrutement, et nous assistons à une dynamique de surenchère« , « , analyse la chercheuse Anna Colin Lebedev, qui cite aussi un ensemble d’avantages offerts aux combattants comme des services de garde gratuits ou un accès privilégié aux études. Autre levier de recrutement : les 250 000 conscrits qui effectuent leur service militaire chaque année, et qui subissent des pressions pour les faire signer un contrat.
Même si elles peuvent être compensées, les pertes subies par l’armée russe ne sont pas sans conséquences sur ses capacités. Les unités qui ont subi de nombreuses pertes mettent du temps à intégrer les recrues, d’autant que la formation qu’elles reçoivent est souvent insuffisante. Au fil du temps, la qualité des volontaires a également tendance à baisser, de nombreux nouveaux soldats ayant plus de 40 ans.
Enfin, la mort d’un certain nombre d’officiers nécessite une réduction du temps de formation des élèves officiers. « Ces facteurs aggravent l’incapacité des unités russes à mener des opérations conjointes au-dessus du niveau de la compagnie. (entre 100 et 200 hommes, NDLR) « , les auteurs du rapport de Chatham House estiment que la prévention de la réalisation de « Des avancées significatives » pour le reste de l’année 2024.