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Sahara occidental : les illusions et désillusions du roi du Maroc

Sahara occidental : les illusions et désillusions du roi du Maroc
Sahara occidental : les illusions et désillusions du roi du Maroc

Mohammed VI. RD

Le Maroc nous a longtemps cassé les oreilles avec la thèse du dossier clos lorsqu’il s’agit du Sahara occidental, prétendant ou se faisant illusion d’avoir atteint tous ses objectifs et vise à convaincre la communauté internationale d’accepter la politique du fait accompli colonial. Pourtant, et hier encore, le roi du Maroc a consacré l’intégralité de son discours, prononcé à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du Parlement, à la question du Sahara occidental, alors qu’il n’avait pas l’habitude d’évoquer précisément cette question cette occasion généralement consacrée à l’examen de dossiers internes relatifs à la vie quotidienne du peuple marocain opprimé.

Alors, que s’est-il passé pour que le souverain marocain s’écarte de la tradition en consacrant l’intégralité du discours royal au Parlement à la question du Sahara occidental ? Ce qui vient de se passer est inhabituel, c’est même un événement tout à fait inédit. Les décisions adoptées par la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) ne sont pas un événement éphémère qui sera oublié au bout de quelques jours ou quelques mois, mais c’est un événement historique qui aura un avant et un après : Avant cela événement historique, la frénésie du Maroc ou plutôt son fantasme d’avoir réussi à clôturer le dossier du Sahara occidental et à mobiliser le soutien international nécessaire pour réaliser ses desseins d’occupation des territoires du Sahara occidental. Après cet événement historique, le Maroc a pris conscience d’une réalité évidente : toutes ses manœuvres et tentatives n’étaient qu’une tempête dans un verre et ne lui jetaient que de la fumée et des miroirs dans les yeux. Des Marocains qui ont enfin compris que le Sahara n’est pas marocain comme veut nous le faire croire le Makhzen.

En effet, les décisions de la CJUE affirment que le Sahara occidental est un territoire distinct et séparé des territoires marocains, et que le Front Polisario est le seul représentant légitime du peuple sahraoui. Notons que le fait que la plus haute instance judiciaire européenne traite avec autant de sérieux et de rigueur une question qui lui a été soumise, initialement par le Front Polisario, est en soi une reconnaissance claire et directe du statut juridique international de ce dernier, malgré les allégations du Maroc. et ses tentatives récurrentes de dévaloriser l’unique représentant légal du peuple sahraoui. Comme l’a affirmé la CJUE, dans ce contexte, le peuple sahraoui restera maître de ses territoires et des richesses naturelles dont il regorge, d’autant plus que l’exploitation de ces richesses restera nulle et illégitime tant que le peuple sahraoui n’aura pas été consulté et que l’avis de son seul et unique représentant, à savoir le Front Polisario, n’aura pas été pris en compte.

Ces mêmes faits avaient déjà été confirmés par la Cour internationale de Justice (CIJ) il y a cinquante ans ; en d’autres termes, les choses n’ont pas changé d’un iota au cours des cinq dernières décennies, malgré toutes les tentatives et manœuvres du Maroc visant à consacrer son occupation du Sahara occidental. Cinquante ans plus tard, la CJUE rejoint la CIJ sur les mêmes faits historiques qui n’ont pas été impactés par les longues années écoulées et qui reposent sur trois piliers, à savoir : le Sahara occidental est occupé, le Maroc n’a aucune souveraineté sur ce territoire et, enfin, ce territoire est habité par un peuple totalement distinct du peuple marocain. Ces faits ont été un véritable coup de tonnerre qui a frappé le Makhzen qui, à ce jour, ne sait pas comment s’y prendre. Suite aux déclarations du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui a tenté de minimiser l’importance de ces jugements, en les qualifiant de non-événement et en affirmant que le Maroc n’était guère concerné, le roi du Maroc s’adresse à son peuple dans un discours qui tire la sonnette d’alarme, appelant les Marocains à la vigilance face au danger qui plane sur la question du Sahara occidental. Ce dernier ne parvient à trouver du réconfort que dans la lettre du président Macron, qui a reconnu la prétendue souveraineté marocaine sur les territoires du Sahara occidental, reproduisant un scénario similaire qui s’est produit récemment, celui du Tweet de l’ancien président américain, Donald Trump, qui avait également reconnu cette même soi-disant souveraineté, reconnaissance à laquelle la nouvelle administration américaine a rapidement renoncé.

Sous le choc des retombées des arrêts de la CJUE, le Maroc n’a pas perdu de temps pour parcourir tous les pays européens, implorant tant bien que mal le soutien à sa cause, il a même tenté de promouvoir les déclarations émises par nombre de ces pays, les interprétant comme souhaite un rejet catégorique des arrêts de la CJUE. En fait, quand on passe au peigne fin ces déclarations, on se rend compte qu’il est impossible de toutes les mettre dans le même panier, il faut distinguer la position de la Commission européenne de celles de la France, de l’Espagne et des autres pays européens. La Commission européenne a pris acte des trois décisions, en s’appuyant sur le principe de «pacta sunt servanda« , alors que les communiqués de la France et de l’Espagne étaient cohérents avec leur parti pris pour le Maroc. Les déclarations des autres pays européens ont salué le partenariat euro-marocain sans aucune explication.

Dans ce contexte, une source bien informée au ministère des Affaires étrangères nous a indiqué que les ambassadeurs de ces Etats européens ont tous été reçus au siège du ministère, où il leur a été demandé de fournir des explications sur les communiqués émis par leur pays. La plupart d’entre eux ont souligné que ces communiqués ne signifiaient en rien leur opposition aux décisions de la Cour ou leur volonté de ne pas en tenir compte à l’avenir, comme voudrait le faire croire le Makhzen marocain, insistant sur le fait que leurs pays sont des États gouvernés par l’État de droit et qu’ils respecteront les décisions de la Cour européenne. Certains de ces ambassadeurs ont même manifesté leur étonnement face au contenu du communiqué de la Commission européenne, communiqué qui affirmait le principe de «pacta sunt servanda» sur les arrêts rendus par la plus haute autorité judiciaire européenne.

Le Maroc, le Makhzen, le gouvernement et le peuple, ont ouvert les yeux sur une réalité évidente : le dossier du Sahara occidental n’est pas clos, alors qu’il continue de suivre les rencontres internationales successives sur cette question, notamment au cours de ce mois d’octobre. A côté des décisions de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE), se tiennent également les réunions de la Quatrième Commission de l’ONU, consacrées à l’examen de la situation dans les 17 territoires concernés par la décolonisation, avec un accent particulier sur le Sahara occidental, la dernière colonie d’Afrique. Après la Quatrième Commission, le Conseil de sécurité aura également son mot à dire sur le dossier du Sahara occidental le 16 octobre, lorsqu’il recevra un exposé de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, sur ses efforts pour relancer le processus politique de règlement. de la question sahraouie.

Après le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale examinera également le dossier du Sahara occidental dans une prochaine étape. Après tout cela, le Maroc osera-t-il prétendre que le dossier est clos et qu’il a atteint tous ses buts et objectifs ? En effet, octobre est le mois de la prise de conscience du Maroc à la réalité qu’il a longtemps nié et tenté d’éluder : la question du Sahara occidental est toujours posée, et son règlement implique un engagement sérieux dans des négociations directes avec le représentant légitime et unique des Sahraouis. populaire, le Front Polisario, dans le cadre du processus parrainé par les Nations Unies.

RI

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