Bambou nous retrouve aux Beaux-Arts, un hôtel de charme proche de la rue de Verneuil (Paris 7ème). Tout près de la maison de Serge Gainsbourg, dont elle fut la dernière compagne. Ils ont vécu ensemble de 1980 jusqu’à sa mort en 1991 et ont eu un fils, Lulu, en 1986. On n’a pas vu Bambou dans les médias depuis des lustres, mais elle n’a pas changé et, dans la pénombre d’un salon, on reconnaît sa beauté métisse, son visage tacheté de grains de beauté. De leur décennie en couple, on garde un souvenir à la fois sulfureux et doux, associé au caractère provocateur et alcoolisé de « Gainsbarre », mais aussi à cette femme qui, on le sentait, le rendait heureux mais semblait aussi fragile que lui. Deux coeurs cabossés.
Ce qu’on ne savait pas, c’est que Bambou revenait de l’enfer. D’une enfance sans amour. Lorsqu’elle rencontre Gainsbourg, elle s’appelle Caroline Paulus. Née dans un camp de réfugiés chinois et vietnamiens du Lot-et-Garonne, elle est placée dans l’Assistance Publique puis dans une famille d’accueil dans un village du Morvan. Elle les surnomme les « T », comme Thénardier, les personnages odieux de Victor Hugo. Sauf que pour elle, ce n’était pas de la fiction, son quotidien depuis treize ans.