Sa santé scrutée, le président américain doit assurer et rassurer – Libération

Loin d’être un adepte de l’exercice, le président sortant de 81 ans, candidat à sa réélection face à Donald Trump, doit affronter les journalistes ce jeudi 11 juillet au soir afin de faire taire les voix, au sein même de son propre camp, qui l’appellent à se retirer de la course à la Maison Blanche.

Joe Biden à l’épreuve du feu. Le président américain, qui joue sa survie politique à chaque apparition publique depuis son débat désastreux avec Trump, doit se soumettre à une redoutable épreuve ce jeudi 11 juillet, la conférence de presse, un exercice qu’il n’apprécie guère. Il faudra pourtant « une conférence de presse de grand garçon », vend la Maison Blanche, sans plus de détails sur la durée ni le processus.

A 17h30 heure locale (23h30 en France), au Centre de conférences qui accueille cette semaine à Washington un sommet de l’Otan, Joe Biden devra avoir de la répartie, s’exprimer clairement, d’une voix assurée, sans notes et sans prompteur. Tout ce qui lui a manqué le 27 juin lors de son duel télévisé contre le milliardaire républicain Donald Trump, qu’il affrontera à l’élection présidentielle de novembre.

Depuis, le démocrate de 81 ans n’a pas réussi à dissiper les doutes qui rongent son parti. Pire, des voix s’élèvent au sein de son propre camp pour lui demander de renoncer. Alors que les sénateurs démocrates avaient prévu de déjeuner ce jeudi avec trois des plus proches conseillers de Joe Biden, la veille, Peter Welch, du Vermont, a été le premier d’entre eux à l’appeler directement à « se retirer de la course » à la Maison Blanche, « pour le bien du pays ». Plusieurs membres de la Chambre des représentants ont fait de même. Ils ont été rejoints mercredi par l’acteur George Clooney, un démocrate convaincu qui a également été un important collecteur de fonds.

Trump reste à l’écart de la controverse sur la santé de Biden

De grands noms du parti – comme l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, 84 ans – exhortent le président américain à « prendre une décision ». Sous-entendant que celle qu’il a déjà prise, à savoir rester dans la course, est nécessairement la mauvaise. Le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, aurait également signalé en privé aux donateurs qu’il était ouvert à l’idée de remplacer Biden, selon le média en ligne Axios Mercredi. Information démentie immédiatement par l’intéressé. Dans un communiqué publié par son bureau mercredi soir, Chuck Schumer a réaffirmé son soutien au président Biden et son « déterminé à faire en sorte que Donald Trump soit battu en novembre. »

L’ancien président républicain s’est pour sa part tenu relativement à l’écart des polémiques autour de la santé de Joe Biden depuis leur débat. Ce qui ne l’a pas empêché de qualifier Nancy Pelosi de « chaos cognitif » sur sa plateforme Truth Social. Ou de faire mourir George Clooney, qu’il a décrit comme un « faux acteur de cinéma », tout en lui suggérant de « se retirer de la politique et revenir à la télévision ».

Depuis qu’il est devenu président, Joe Biden a donné 36 conférences de presse, selon la chercheuse Martha Joynt Kumar. Parmi ses six prédécesseurs, seul le républicain Ronald Reagan en avait fait moins. La dernière, en janvier 2023, avait duré deux heures. Il l’avait conclue par ces mots : « Mes amis, il est presque 18 heures. Avec tout le respect que je vous dois, je vous retrouve à la prochaine conférence (de presse). OK ? » Mais de « suivant » longue conférence de presse, il n’y en a pas eu depuis.