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Russie : les « lignes rouges » nucléaires de Vladimir Poutine ressemblent de plus en plus à de fausses menaces



C’est devenu l’un des classiques de la télévision russe, un marronnier quasi quotidien des propagandistes du Kremlin, présenté par BFMTV, qui braillent en permanence leur haine de l’Occident, alors que la guerre en Ukraine continue. Si l’Occident continue à jouer l’escalade matérielle et militaire, si Kiev franchit telle ou telle ligne rouge, la réponse russe pourrait être nucléaire.

Avec cette épée de Damoclès atomique suspendue au-dessus de leurs têtes, les États-Unis et la plupart des alliés de l’Ukraine avancent donc avec prudence, et n’entrent en contact avec ces « lignes rouges » de Vladimir Poutine que très progressivement.

Cette doctrine de « l’escalade par petits pas », soutenue par le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan, a empêché les alliés de l’Ukraine de fournir une aide massive et illimitée dès le début de l’invasion à grande échelle de la Russie.

Les « lignes rouges » nucléaires de Poutine

L’aide matérielle et militaire est arrivée progressivement, certains diraient au compte-gouttes, et Kiev a toujours dû faire face aux « interdictions » imposées par les États-Unis et d’autres proches soutiens concernant l’utilisation de certaines des armes fournies.

Pas de frappes d’ATACMS trop profondes en territoire russe, alors que les cibles militaires de premier choix y sont nombreuses. Même chose (pour l’instant) avec les Storm Shadows fournis par le Royaume-Uni, malgré des discussions toujours en cours (Politico) et alors que l’incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk n’a pas été repoussée par les troupes russes (Le Monde).

Et pour cause : comme le rapportaient Le Figaro et l’AFP le 12 septembre, Vladimir Poutine lui-même a récemment déclaré que l’utilisation de telles armes occidentales sur des cibles situées sur le territoire russe entraînerait Moscou dans une guerre contre l’Otan, avec les conséquences que l’on peut imaginer.

Et comme le rapporte le Washington Post dans un article sur ces fameuses « lignes rouges » que le monde entier redoute sans même savoir si elles existent réellement, les alliés du président russe ne cachent pas du tout leur volonté d’effrayer l’Occident.

Alexander Mikhailov, un analyste russe, a proposé publiquement que la Russie atomise littéralement les répliques en bois de Londres et de Washington DC, afin d’instiller un véritable sentiment de peur chez ces alliés de l’Ukraine qui ne cessent de taquiner l’ogre atomique de l’Est (Newsweek).

Le président de la Douma d’Etat russe et habitué des déclarations tonitruantes, Viatcheslav Volodine, a rappelé que le Parlement européen, situé à Strasbourg, n’était qu’à quelques minutes de vol d’un missile balistique russe. Ambiance.

Ambiance, mais problème : si ces fanfaronnades ont sans doute leur petit effet à une heure de grande écoute sur Russie-1, il semble, explique le Washington Post, que les cercles les plus proches du Kremlin eux-mêmes ne croient plus vraiment à ces fameuses « lignes rouges » atomiques.

« Des analystes et des responsables proches de hauts diplomates russes affirment que Poutine s’oriente vers une réponse plus nuancée et limitée si l’Occident permet à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée pour frapper la Russie. »écrivez Catherine Belton et Robyn Dixon pour le Washington Post.

Sabotage et groupes terroristes : le Kremlin a d’autres choix

A trop crier au loup, on finit toujours par ne pas voir son visage, expliquent en substance des diplomates, sous couvert d’anonymat. « Il y a eu une vague de menaces nucléaires, l’un d’eux explique au « WaPo ». Une immunité a désormais été créée contre de telles déclarations, et elles n’effraient plus personne. »

Toujours dans le quotidien américain, un analyste militaire abonde dans le même sens. L’utilisation d’armes nucléaires par la Russie, en réponse par exemple à une autorisation des alliés de l’Ukraine de frapper profondément sur son territoire, est « l’option la moins crédible ».

« Parce que cela entraînerait beaucoup de mécontentement parmi les partenaires de la Russie dans le Sud, mais aussi clairement parce que d’un point de vue militaire, ce n’est pas très efficace. »il explique.

En mettant de côté l’option atomique, qui ne serait activée que si la nation russe était menacée dans son existence même, la Russie dispose de nombreux leviers puissants qu’elle pourrait activer, et qui pourraient avoir un impact significatif en Occident, tant militaire que symbolique.

Le sabotage pur et simple, comme il l’a déjà démontré ces derniers mois, notamment sur des cibles militaires, la menace d’attaques contre des câbles de télécommunications sous-marins, ainsi que les campagnes de déstabilisation et de désinformation ou l’ingérence dans des élections étrangères (l’incroyable affaire Tenet Media, rapportée par Euronews) font partie de ces options. Encore discrètes, bien qu’efficaces, elles pourraient prendre des proportions bien plus importantes si le Kremlin décidait d’agir plus ouvertement et d’y mettre toutes ses forces.

Autre option pour Moscou, évoquée par le Washington Post : mener une guerre indirecte en augmentant drastiquement son soutien à des groupes terroristes ou à des acteurs de conflits régionaux dans lesquels l’Occident ou ses alliés sont engagés.

Mais si les « lignes rouges » russes peuvent sembler être un fantasme et une simple menace, elles n’en demeurent pas moins utiles et ont un impact qui pourrait être mondial. Comme l’explique le Washington Post, elles restent un argument de campagne pour Donald Trump et ses partisans.

En jouant le jeu de l’escalade un peu plus fort avant les élections américaines de novembre, Vladimir Poutine pourrait contribuer à faire élire le candidat républicain. Il placerait alors dans le Bureau ovale un président qui aurait sans doute moins de mal à maltraiter que son adversaire démocrate Kamala Harris.

GrP1

Ray Richard

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