Il ne manque pas grand-chose au Vendée Globe pour passer dans une autre dimension, celle qui fait frissonner rien qu’en prononçant le nom de l’épreuve. Imaginez par exemple un hymne similaire à celui de la Ligue des champions de football pour accompagner les skippers à la sortie du canal des Sables-d’Olonne. Ce serait nul. En attendant l’arrivée d’un voilier Tony Britten, cela nous a donné l’idée de transformer cinq skippers en clubs de football participant à la C1, en fonction de leurs objectifs pour la course qui démarre dimanche.
Thomas Ruyant (Vulnérable), Manchester City
Il existe depuis plusieurs années, est annoncé comme grand favori par les bookmakers et dispose d’un budget faramineux. De plus, pour cette édition, en multipropriété, le groupe TR Racing City met pour la première fois deux bateaux en compétition. On nous dit qu’il n’y aura pas d’instructions entre les deux entités très indépendantes. En tout cas, à l’instar de Gérone, Sam Goodchild ne devrait pas lui faire de l’ombre.
Habitué à tout gagner sur son passage – Transat Jacques-Vabre (2021, 2023) et Route du Rhum (2022) – Thomas Ruyant veut capitaliser sur la plus grande course du monde. « Ma meilleure préparation mentale ces dernières années, c’est de savoir avec toute l’équipe qu’on sait gagner des courses, qu’on peut faire des courses en Imoca », nous expliquait-il dans Le Vendée, « je l’ai déjà fini, ce sera donc la victoire cette année. »
Yannick Bestaven (Maître CoQ V), Real Madrid
Ce n’est pas un vieux singe, habitué aux victoires, à qui l’on apprend à faire des grimaces. Vainqueur du Vendée Globe en 2021 au prix d’un retour improbable, Yannick Bestaven sera encore client cette année, même s’il n’est pas forcément annoncé parmi les favoris. La faute à une forme un peu aléatoire, aux blessures et au renforcement de la concurrence.
Mais dans ce genre de compétition, l’expérience prime. « Peut-être que j’ai moins de pression que ceux qui ne l’ont jamais gagné et dont c’est le rêve. D’un autre côté, cela n’enlève rien à mon envie d’arriver à nouveau premier. » Faites juste attention à ne pas être hors-jeu trop rapidement.
Jérémie Beyou (Charal), PSG
Cela existe depuis un certain temps. Pour sa cinquième participation, Jérémie Beyou annonce vouloir remporter le Graal, après avoir mis beaucoup de moyens avec son équipe. Jusqu’à présent, il avait été assez malchanceux dans la compétition, notamment cette improbable « élimination » lors de la dernière édition, avec un retour au port quelques heures seulement après le départ pour un problème matériel.
Cette fois, le skipper de Charal reparti avec une nouvelle philosophie, encadré notamment par le marin de la décennie, Franck Cammas. Reconnu mondialement pour sa formation, Jérémie Beyou fera participer quatre de ses anciens bateaux à la course. Attention à la théorie de l’ex qui vient vous crucifier, n’est-ce pas Kingsley Coman ?
Jean Le Cam, (Tout commence dans le Finistère), celtique
Même s’il n’a plus son lustre d’antan, on aime toujours voir Jean Le Cam participer au Vendée Globe. C’est l’occasion de vivre une histoire dans la compétition et aller la voir est un vrai régal assuré. Malheureusement, comparée aux grosses cylindrées, elle ne devrait pas être à la hauteur et pourrait prendre plusieurs kilomètres en face.
Mais, comme en 2021, on n’est pas à l’abri d’une belle performance, même sans foils, avec cette quatrième place du Vendée Globe. Avec Jean Le Cam, nous sommes dans la vraie voile. Tu ne marcheras jamais seulJeans.
Violette Dorange (Devenir), Stade Brestois
Personne ne l’y attendait et pourtant, elle sera au départ de la plus belle compétition, parmi les leaders mondiaux. Le tout sans ressources énormes. D’ailleurs, faute de bateau homologué, elle a repris l’Imoca du voisin Jean Le Cam pour préparer et disputer cette épreuve. Violette Dorange, 23 ans, va se battre avec ses armes, sans déjouer, mais avec l’enthousiasme de la nouvelle venue, des étoiles dans les yeux, mais avec un peu de stress aussi.
« Je me dirige vraiment vers l’inconnu où il y a plein de mers que je ne connais pas du tout. Les mers du Sud, le Pot au Noir, nous ont confié le petit dernier de l’épreuve. Je sais que sur trois mois, certains problèmes vont forcément m’arriver. Je me demande comment je vais pouvoir réagir, est-ce que je saurai comment le faire. De petites craintes peuvent en découler. » On lui promet des débuts encourageants, avant de se durcir un peu une fois les premiers jours de folie passés.