Royaume-Uni : victoire écrasante du Labour, Keir Starmer sur le point d’être nommé Premier ministre
C’est une transition comme le Royaume-Uni n’en avait pas connue depuis la victoire écrasante de Tony Blair en 1997. Après quatorze ans de règne conservateur, les Britanniques ont choisi pour être leur prochain Premier ministre Keir Starmer, un ancien avocat de 61 ans élu à Westminster depuis 2015. Au terme d’une campagne intense de six semaines, le leader travailliste devrait remporter une large majorité de 410 sièges sur les 650 que compte la Chambre des communes, selon un premier sondage de sortie des urnes.
Une victoire de la même ampleur que lors de la « vague rouge » de Tony Blair en 1997. Les conservateurs arriveraient loin derrière avec 131 sièges, devant les libéraux-démocrates qui verraient leur présence grimper à 61 sièges. Autre fait notable : l’extrême droite de Reform UK remporterait un nombre record de 13 sièges. Quant aux indépendantistes écossais, ils subissent un sérieux revers. Ils ne devraient remporter que 10 circonscriptions, sur les 57 que compte l’Écosse, ce qui devrait encore éloigner la perspective d’un référendum sur l’indépendance de la province.
Le résultat final sera connu vendredi matin, après le décompte des voix, qui a débuté jeudi soir à 22 heures (heure britannique) après la fermeture des bureaux de vote. L’enjeu pour Keir Starmer est désormais de connaître précisément la taille de la majorité avec laquelle il pourra gouverner. « A tous ceux qui ont fait campagne pour le Parti travailliste lors de cette élection, à tous ceux qui ont voté pour nous et qui ont fait confiance à notre nouveau Parti travailliste, merci », a-t-il réagi sobrement sur X.
Le travail revient
Ce scrutin marque ainsi le retour du Labour au pouvoir, à l’issue d’une campagne menée au centre, sur la promesse d’un retour à la stabilité, après les années marquées par le Brexit, la pandémie et la succession de cinq Premiers ministres conservateurs.
Un retournement de situation inimaginable il y a cinq ans, alors que le Labour venait de subir une défaite historique face à Boris Johnson, gonflé à bloc par sa promesse de « faire aboutir le Brexit ». Nommé à la tête du parti au lendemain de cette défaite, en avril 2020, Keir Starmer a mené un travail de fond pour transformer le parti et le rallier plus largement derrière une ligne modérée.
Dans le camp conservateur, ce score, le plus mauvais depuis la fondation du parti en 1834, ouvre toutefois une crise profonde qui devrait conduire à l’élection d’un nouveau leader. Le Premier ministre Rishi Sunak avait parié qu’en convoquant des élections anticipées, il pourrait contenir les dégâts sur sa famille politique, en profitant de l’amélioration économique et de la baisse de l’inflation, voire que les sondages pourraient se resserrer à son avantage. Il n’en fut rien.
Lassés d’exercer le pouvoir, les Tories ont été pris en étau d’un côté par l’extrême droite de Nigel Farage, sous sa nouvelle bannière, Reform UK, et de l’autre par la percée des Libéraux-démocrates, qui ont réussi à séduire un électorat aisé déçu par le Brexit et le bilan économique peu flatteur des conservateurs.
Évaluation économique
Ce dernier laisse un pays aux finances publiques fragilisées, dont les services publics ont été mis à rude épreuve par la pandémie, où l’économie a mis plus de temps à revenir à son niveau d’avant le Covid que d’autres pays développés.
C’est du bilan dont héritera Keir Starmer, même s’il pourra bénéficier d’un début de reprise économique et d’un marché de l’emploi toujours aussi dynamique. Autant dire que la tâche s’annonce titanesque pour le nouveau Premier ministre qui devra parvenir à maintenir discipline et cohésion au sein d’une majorité aux sensibilités diverses.
De son côté, Keir Starmer sera reçu vendredi à Buckingham Palace, où le roi Charles III l’appellera pour former un nouveau gouvernement. Sauf surprise, ce gouvernement devrait refléter le « cabinet fantôme » qui l’a accompagné durant les années d’opposition, avec Angela Rayner comme numéro deux, Rachel Reeves au Trésor, David Lammy aux Affaires étrangères, Yvette Cooper à l’Intérieur et Wes Streeting à la Santé.