Si le scrutin local de jeudi 2 mai en Angleterre fait office de thermomètre à quelques mois des prochaines législatives, les conservateurs ont de quoi s’inquiéter. Une tempête se prépare lors du prochain renouvellement à Westminster. Alors que les résultats ont été annoncés dans 69 des 107 municipalités en lice cette année, le parti au pouvoir a déjà perdu 212 sièges, tandis que l’opposition travailliste en a gagné 138, selon le décompte du Guardian.
A ce rythme, les Tories pourraient perdre près de 500 sièges, estime l’enquêteur John Curtice qui, sur BBC Radio 4, a qualifié cette performance de « l’une des pires, sinon la pire, pour les conservateurs lors d’une élection locale depuis 40 ans ».
Ce scrutin est révélateur du déclin du parti depuis 2021, date de la dernière mise aux voix de ces sièges, lorsque la popularité de Boris Johnson, au sortir de la pandémie, était à son apogée. Parmi les résultats marquants, le Parti travailliste a remporté la municipalité de York, dans la cour du Premier ministre Rishi Sunak, où se trouve sa circonscription. L’opposition a remporté des sièges à la fois dans le nord pro-Brexit et dans les régions rurales les plus riches du sud du pays.
Poursuivi par l’extrême droite
Les Tories déplorent également une défaite dans la circonscription de Blackpool, où s’est tenue une session législative partielle suite à la démission du député conservateur sortant sur fond de scandale de lobbying. Dans cette ville ouvrière du nord de l’Angleterre, les travaillistes l’ont largement emporté avec 58,9 % des voix. Plus inquiétant encore pour les Tories, leur candidat a été suivi de près par le parti d’extrême droite Reform UK, dont le discours anti-immigration séduit les déçus de la politique de Rishi Sunak à Downing Street.
Seul soulagement pour le Premier ministre : son parti conserve la ville de Tees Valley, dans le nord-est de l’Angleterre, où Ben Houchen, jeune espoir du parti conservateur, a remporté une victoire écrasante en 2021. Si les Tories avaient perdu ce vote, Rishi Sunak s’est exposé à une révolte à la Chambre des communes qui aurait pu le pousser à convoquer des élections législatives en juillet, au lieu de cet automne.
Autres résultats attendus
D’autres résultats majeurs doivent encore être annoncés dans la journée de samedi, parmi lesquels l’élection à la mairie de Londres et dans l’agglomération des West Midlands (Birmingham, Coventry).
Mais le Parti travailliste, avec 20 points d’avance dans les intentions de vote à Westminster, n’a pas attendu pour déclencher des élections générales. « Un message a été envoyé directement au Premier ministre. Nous en avons assez de votre déclin, de votre chaos, des divisions, et nous voulons du changement », a déclaré le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer. Droit dans ses bottes, le Premier ministre a répondu qu’il y avait « encore beaucoup de résultats à venir ».
