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Roquettes et missiles : ce que l’on sait des prétendues caisses d’armes que le Hezbollah cache à l’aéroport de Beyrouth

L’aéroport de Beyrouth abrite-t-il des caches d’armes du Hezbollah ? Dans un article publié dimanche en ligne, The Telegraph affirmait que le mouvement chiite allié au Hamas stockait des missiles et des explosifs iraniens à l’aéroport, situé au sud de la capitale libanaise, dans une zone où il est prédominant. Alors que la tension entre Israël et le Hezbollah libanais n’a jamais été aussi forte, de hauts responsables libanais l’ont fermement démenti lors d’une visite organisée lundi pour la presse et les diplomates.

« Caisses mystérieuses »

Le personnel et les sources de l’aéroport soulignent l’existence d’une « cache » dans l’aéroport où sont stockés différents types d’armes de fabrication iranienne : roquettes d’artillerie, missiles balistiques et antichar ou encore de grandes quantités de missiles balistiques à courte portée. L’article du Telegraph suggère en outre que les employés de l’aéroport ont remarqué l’arrivée de « mystérieuses caisses » à l’aéroport de Beyrouth au début des affrontements entre Israël et le Hezbollah. Les employés de l’aéroport, qui ont requis l’anonymat, ont déclaré craindre une explosion ou un bombardement de l’armée israélienne.

L’article évoque également la forte présence de hauts responsables du mouvement libanais à l’aéroport. Notamment celle de Wafiq Safa, considéré comme l’un des dirigeants les plus influents du Hezbollah. « J’ai l’impression que si nous ne faisons pas ce qu’ils disent, nos familles seront en danger », s’inquiète l’un des lanceurs d’alerte auprès des médias britanniques. Cette même source suggère ensuite que certains membres de l’aéroport, qui apparaissaient au volant de voitures de luxe et avec des montres neuves, étaient corrompus.

Beyrouth dément

Les responsables libanais ont immédiatement nié ces allégations. Des diplomates représentant notamment l’Egypte, l’Allemagne et l’Union européenne, ainsi que des journalistes, ont même été invités à visiter le site, seul aéroport international du Liban.

Ils sont notamment entrés dans un entrepôt où des cartons de marchandises étaient empilés sur des palettes, dans lesquels étaient placées des marchandises en provenance d’Iran et d’autres destinations. Les visiteurs sont ensuite entrés dans un immense entrepôt adjacent au tarmac, où d’autres marchandises étaient stockées.

Reuters/Mohamed Azakir
Reuters/Mohamed Azakir

« L’aéroport répond aux normes internationales », a assuré le ministre des Transports Ali Hamié, qui a dirigé la visite. Il a ajouté que l’article du Telegraph faisait partie d’une « guerre psychologique » contre le Liban et constituait une « atteinte à la réputation » de l’aéroport. « Notre présence est un message de soutien » au Liban et « un message à toutes les parties pour dire que le calme est nécessaire », a déclaré l’ambassadeur égyptien Alaa Moussa, même si selon lui, inspecter l’aéroport ne relève pas de la responsabilité des diplomates.

Les avions iraniens « soumis aux mêmes procédures douanières »

Le directeur de l’aéroport de Beyrouth, Fadi el-Hassan, a déclaré à l’AFP que tous les avions arrivant à l’aéroport « sont soumis aux mêmes procédures douanières », y compris les avions iraniens. Il a indiqué que les arrivées à Beyrouth sont en augmentation et que « les passagers arrivés au Liban depuis début juin ont dépassé les 300.000 – c’est un très bon chiffre ». « Si Dieu le veut, nous nous attendons à un été prometteur », a-t-il déclaré, les expatriés revenant généralement en grand nombre pour passer l’été au Liban.

Dans le hall des arrivées, des familles attendaient leurs proches, certaines portant des bouquets de fleurs, tandis que les détails des vols en provenance notamment de Chypre, de Turquie, d’Égypte et du Qatar apparaissaient sur les écrans. Rola Qassem, une femme au foyer d’une cinquantaine d’années qui venait d’arriver de Côte d’Ivoire pour passer l’été dans le sud du Liban avec sa famille, a déclaré qu’elle ne croyait pas aux informations faisant état d’armes. stockés à l’aéroport. « Ce sont des mensonges pour faire peur aux gens d’aller au Liban, pour arrêter le tourisme », a-t-elle déclaré à l’AFP.

L’armée israélienne réagit

Le Hezbollah n’a pas commenté les informations du quotidien britannique. Israël accuse depuis plusieurs années le Hezbollah de transformer des roquettes en missiles de précision, notamment sur un site proche de l’aéroport international de Beyrouth, ce que le mouvement chiite a démenti en 2020.

Le mouvement armé et financé par l’Iran a ouvert le front contre Israël le 8 octobre 2023 en soutien à son allié palestinien le Hamas à Gaza. La rhétorique belliqueuse et l’intensification des échanges de tirs transfrontaliers entre le Hezbollah et Israël ces derniers jours font craindre une extension du conflit.

Dans un communiqué, l’armée israélienne a regretté la « stratégie du Hezbollah consistant à cacher les armes dans les quartiers civils », avertissant que si le mouvement chiite venait à « cibler des civils israéliens », Tsahal « n’aurait pas d’autre choix ». d’autre choix que de réagir, ce qui pourrait mettre les civils libanais en danger. Israël a bombardé l’aéroport de Beyrouth lors de ses conflits au Liban dans le passé, notamment lors de la dernière guerre contre le Hezbollah en 2006.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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