Le Français, qui n’avait jamais porté le maillot jaune depuis dix apparitions, a finalement atteint l’un de ses derniers objectifs en s’imposant à Rimini samedi.
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Il lui aura fallu attendre onze éditions et 197 étapes pour enfin endosser le maillot jaune. Certes, Romain Bardet ne l’amènera probablement pas à Paris, mais c’était devenu presque un crève-cœur pour celui qui a terminé six fois dans le top 10 depuis 2013.
Une anomalie désormais réparée, presque sur le gong, pour celui qui dispute sa dernière Grande Boucle à 33 ans. Et un immense soulagement de réaliser un doublé, avec une quatrième victoire d’étape sur le Tour. « C’était un rêve de porter le maillot jaune, une consécration. Il représente un objet inaccessible, une tunique extraordinaire. Cela couronne mon parcours sur le Tour de France depuis tant d’années, c’est incroyable »a souri le Français au micro de France Télévisions.
Longtemps attaché à sa quête du classement général, Romain Bardet a souvent résisté, parfois gagné, mais n’a jamais porté la seule chose à laquelle il aspirait tant. « Quand je suis arrivé sur le Tour, j’étais dans un tunnel. La pression et les attentes m’ont rongé”a-t-il révélé. « Il a toujours eu cet objectif en tête. Ce n’était pas forcément prévu qu’il le fasse aujourd’hui, mais c’est incroyable que nous ayons le maillot jaune au départ. »a ajouté son coéquipier Nils Eekhoff.
Après un bon Tour d’Italie (6e), il avait choisi : pour son dernier Tour de France, pas question de regrets. « A la fin du Giro, on s’est assis avec Romain tard dans la soirée, on a discuté de l’approche de ce Tour. On a décidé d’y aller à fond et avec enthousiasme. Romain s’est vraiment préparé pour ce premier week-end. Ce qu’il a fait aujourd’hui est difficile à croire. »rembobine son entraîneur chez dsm-firmenich PostNL, Matt Winston.
D’habitude coureur méticuleux et sérieux, Romain Bardet a pris ses distances avec ses principes alors qu’il arrive au crépuscule de sa carrière. « Ne pas faire le classement général m’enlève énormément de pression. Je suis enfin moi-même, courir sans arrière-pensée, c’était fantastique. Je n’y ai pas réfléchi, et à chaque fois que j’ai suivi mon instinct sur la moto, ça a marché. s’en sort plutôt bien. »
« J’espère enfin découvrir, même tard dans la vie, ma vraie nature. C’est fou. Cela montre bien qu’en cyclisme, il y a encore des moments inattendus.
Romain Bardet,sur Eurosport
Car au-delà de la victoire et du maillot jaune, Romain Bardet a imposé le style. Il a résisté, avec son équipier Frank van den Broek, aux affamés du peloton qui se sont échoués juste derrière le duo. « C’était dingue : le vent de face, on frappait 46/47 par heure, c’était l’enfer… », a expliqué le gagnant du jour.
Au kilomètre 50, l’Auvergnat a saisi sa chance : flairant le bon coup sous le cagnard, il a demandé à sa radio s’il pouvait attaquer. Feu vert, le grimpeur a rejoint son équipier. « Je lui ai demandé ce qu’il voulait, il a répondu ‘une glace et une bouteille’. Je lui ai donné et il est parti ! Fl’élevage était audacieux. Le maillot jaune est ce qu’il mérite depuis longtemps« , sourit, très ému, son coéquipier et ami Warren Barguil, qui l’a rejoint cet hiver. « Ce n’était pas une étape pour lui sur le papier, mais cela montre ses connaissances en course »soutient l’autre grimpeur de l’équipe Oscar Onley.
« Aujourd’hui, je me suis dit : ‘Merde, je n’ai jamais couru pour un maillot jaune !’ On va le faire, c’est fou. Romain est souvent deuxième, beaucoup critiqué. Aujourd’hui, il a fait un truc de fou.
Son coéquipier Warren Barguil
Mais celui qui doit le plus de mérite à cette victoire après l’homme en question est Frank van den Broek. Le jeune Néerlandais a tiré son équipier vers la victoire comme un diable. Romain Bardet, dans sa bienveillance naturelle et caractéristique, lui a rendu hommage.
« Franck était super fort, ça l’a remotivé que je sois devant. Il le mérite autant que moi, il m’a tiré sur le plat. C’est un grand talent, je lui dois beaucoup. Ce maillot est vraiment partagé.« , a salué le Français. « J’étais à la limite de mes limites. Quand j’ai vu l’écart avec le peloton dans la dernière montée, je me suis dit que ça pouvait y arriver »a expliqué son coéquipier.
S’il devait conserver le maillot jaune jusqu’à mardi matin, la quatrième étape dans les Alpes pourrait l’en déposséder. Mais qu’importe, avec ce maillot jaune Romain Bardet a rempli l’un de ses derniers objectifs qu’il s’était fixé. « Honnêtement, j’avais accepté cela. »a admis le natif de Brioude dans l’Allier.