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Romain Bardet, ici interviewé depuis le Col de la Couillole après la 20e étape du Tour de France, le 20 juillet 2024.
TOUR DE FRANCE – Si Tadej Pogacar a marqué de son empreinte ce 111e Tour de France, en s’imposant à nouveau ce samedi 20 juillet au col de la Couillole lors de la 20e étape, côté français, c’est Romain Bardet qui a fait vibrer les spectateurs et téléspectateurs cette année.
Après la première étape en Italie où il portait le maillot jaune il y a trois semaines, le cycliste de 33 ans a pour ainsi dire bouclé la (grande) boucle en terminant dans le top 10 (10e) de l’étape montagneuse du jour sur les hauteurs de Nice.
Au sommet du col de la Couillole après l’arrivée, Romain Bardet a embrassé son alliance et dit au revoir au Tour de France, avant de donner une interview pleine d’émotion aux micros qui lui étaient tendus. Un moment fort à voir en vidéo ci-dessous. « C’est l’histoire de ma carrière, me battre sans jamais être le meilleur »dit-il d’une voix tremblante après avoir longuement essuyé ses larmes, le visage enfoui dans une serviette.
« Ma femme m’a dit ‘quand ce sera dur aujourd’hui, tu penseras à ton fils, à nous, tu as le droit de te faire plaisir une dernière fois, de tout donner’, parce qu’elle savait que ça me pesait depuis 10 ans d’aller au Tour tous les ans, parce que j’avais du mal à être moi-même. »il expliqua.
Longtemps présenté comme un coureur froid et méthodique alors qu’il avait concentré les deux premiers tiers de sa carrière à la conquête du classement général du Tour, le coureur de Brioude a fait craquer comme jamais l’armure, lui qui avait été célébré dans un virage lors de la 11e étape au pas de Peyrol.
« C’est addictif »
« 13 ans de ma vie, et voilà, c’est fini. C’est si dur. »il l’a admis après être arrivé 1 min 52 derrière Tadej Pogacar. « J’ai la chance d’être rattrapé par les meilleurs de ce Tour, je crois que c’est comme si le train passait et que mon histoire se terminait »a soufflé le deuxième de Liège-Bastogne-Liège au printemps.
Ce samedi, Romain Bardet a passé la journée les cheveux au vent, se blessant sur les routes sinueuses et jamais plates de l’arrière-pays niçois, dans une attitude offensive qu’il a si longtemps réprimée et qu’il laisse s’exprimer avant de prendre sa retraite en juin prochain.
Parti dans un groupe de costauds à l’avant, Bardet s’est mêlé à la bagarre avec les autres grimpeurs qui avaient encore de l’énergie dans l’ascension finale. « Après, c’était un combat contre la petite voix dans ma tête, avec les coups de pied dans mes jambes qui me disaient d’arrêter. »reconnut le grimpeur dégingandé.
Alors qu’Enric Mas et Richard Carapaz se sont retrouvés isolés à l’avant, l’ancien coureur d’AG2R s’est lancé à sa poursuite, parvenant à revenir avant d’être définitivement distancé par une énième attaque de l’Equatorien.
Il a ensuite vu Pogacar et Vingegaard revenir, accrochés un moment à leurs roues, comme pour se souvenir de ses plus grandes batailles, puis laisser partir la nouvelle génération. « C’est addictif, on se fait mal, on se fait gifler tous les jours, mais on revient. »il a résumé.
Mais l’année prochaine, Romain Bardet ne reviendra pas, étant déjà parti être lui-même dans sa vie d’après.
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