Roland Lescure, « maître d’œuvre » au cœur du réacteur – POLITICO
Autre sujet en haut de la pile : une loi dodue sur la souveraineté énergétique, laissée par sa antérieure, Agnès Pannier-Runacher. Le texte initialement prévu pour fin janvier fixait notamment les objectifs climatiques et énergétiques de la France, et réformait le marché de l’électricité. Le ministre s’est laissé le temps de la consultation avant de décider de l’avenir du texte.
Interrogé sur le sujet, de sa voix grave et posée, Roland Lescure esquive la question, tout en laissant deviner qu’il se passerait volontiers d’un texte de loi sur les objectifs climatiques. «(Cela) n’a de sens que si nous avons un débat instructif et apaisé», argumente-t-il. Il devrait s’exprimer sur le sort de cette loi — et les débouchés possibles — mercredi 10 avril.
Des sujets climatiques « éparpillés »
Deux mois après son arrivée comme ministre de l’Énergie, Roland Lescure doit encore convaincre que ce nouveau découpage est le plus pertinent pour réussir la transition énergétique. Les associations, comme Réseau action climat (RAC), qui fédère plusieurs ONG environnementales, s’inquiètent de la séparation entre les questions de consommation d’énergie et les questions de production.
Anne Bringault, directrice des programmes de RAC, ajoute : « A Bercy, ils sont écolos quand ça permet de développer l’industrie française. Sur certains sujets, ça peut être bien mais quand il s’agit d’aller vers la sobriété, ils sont moins sur leur terrain habituel. Un lobbyiste du solaire veut croire de son côté que ce regroupement permettra une action « plus fluide », et se dit « assez optimiste ».
Au gouvernement aussi, les avis sont divers. Sollicité par POLITICO, un ancien collaborateur d’Agnès Pannier-Runacher au ministère de la Transition énergétique se dit « partagé » : « Une partie de la transition énergétique dépend des filières industrielles, mais cela témoigne aussi d’une ambition rétrécie, car on ne met plus l’accent sur la sobriété. Et notre ministère concentre des dossiers essentiels aujourd’hui éparpillés.
A l’hôtel de Roquelaure, un conseiller du ministre de Christophe Béchu assure que tout va bien : « L’énergie à Bercy, ce n’est pas un problème pour nous ». Il faut dire que l’actuel ministre de la Transition écologique a aussi profité du remaniement pour garnir son portefeuille, notamment des questions d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.