Roland Lescure et Annie Genevard élus, le RN bredouille

Après l’élection très disputée de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée, aussitôt contestée par la gauche, les députés s’attaquent vendredi à la répartition d’autres postes clés. Avec au-dessus d’eux un accord entre la droite et la majorité qui risque de nuire aux autres forces politiques. Seront élus les six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires : ils composeront les 21 postes stratégiques du nouveau bureau de l’hémicycle. Comme la veille, les députés sont attendus dans l’hémicycle à 15 heures et tous doivent participer au vote.

Lescure et Genevard élus, le RN bredouille

Le ministre de l’Industrie Roland Lescure et la députée de la droite républicaine Annie Genevard ont été élus vice-présidents de l’Assemblée à l’issue du second tour. Le Rassemblement national n’a en revanche pas obtenu de poste de vice-président.

« Honte à ceux qui ont commis cette fraude », dénonce Jérôme Guedj (PS)

Le député PS Jérôme Guedj a dénoncé vendredi avec force une « fraude », un « événement d’une brutalité démocratique absolument impensable », après l’annulation du premier tour de scrutin pour élire les vice-présidents de l’Assemblée, en raison de la présence d’enveloppes trop nombreuses par rapport au nombre de votants.

« Honte à ceux qui ont commis cette fraude dans notre hémicycle, honte à eux », a tonné le député dans l’hémicycle, exigeant qu’une « enquête approfondie soit menée » et que les « procédures électorales » soient améliorées.

Quatre vice-présidents dont deux LFI élus dès le premier tour

Vendredi, les députés ont élu quatre vice-présidents de l’Assemblée nationale sur six au premier tour : les Insoumises Nadège Abomangoli et Clémence Guetté, la candidate d’Horizons et vice-présidente sortante Naïma Moutchou, et Xavier Breton (La Droite républicaine).

Le résultat a mis plus de quatre heures à être validé, après qu’un premier vote a été annulé en raison d’un nombre de bulletins trop élevé par rapport au nombre de votants. Au second tour, le ministre de l’Industrie Roland Lescure et Annie Genevard, députée du groupe Droite républicaine, et les deux vice-présidents sortants du RN Sébastien Chenu et Hélène Laporte seront à nouveau candidats.

Premier tour de scrutin annulé en raison de « dix enveloppes de trop » dans les urnes

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a indiqué que le premier tour de scrutin avait été annulé en raison d’un bourrage d’urnes. « Dix enveloppes de trop » ont été déposées dans les urnes, a-t-elle indiqué. Les députés sont donc invités à voter à nouveau pour le premier tour.

« Les scrutateurs ont procédé au dépouillement des voix du premier tour de scrutin pour l’élection des vice-présidents. A l’issue du dépouillement, il est apparu que dix enveloppes de trop avaient été déposées dans les urnes. Conformément à la position unanime des scrutateurs que j’ai consultés, nous allons devoir refaire le scrutin car les résultats ont fait apparaître un écart trop faible », a déclaré Yaël Braun-Pivet.

Quels sont les différents postes à l’Assemblée qui seront élus cet après-midi ?

Les vice-présidents sont chargés de remplacer la présidente de l’Assemblée en son absence. Les questeurs sont chargés de gérer les finances de l’Assemblée et son administration. Quant aux secrétaires, ils supervisent principalement les opérations de vote. Des charges de travail supplémentaires pour les parlementaires qui, au-delà de leur donner un poids politique, présentent de nombreux avantages. Par exemple, un questeur reçoit une indemnité de 5 000 euros en plus de sa rémunération de député.

Quelle devrait être la répartition des postes ?

En théorie, la répartition devrait être proportionnelle au résultat des urnes. Le règlement de l’Assemblée précise que pour ces postes, il faut notamment « s’efforcer de reproduire la configuration politique de l’Assemblée ». En pratique, le camp présidentiel et les Républicains devraient remporter le plus grand nombre de ces postes.

Une alliance entre la Macronie et la droite ?

Les présidents de groupe avaient rendez-vous vendredi matin à 10H00 pour tenter de s’entendre sur une répartition des postes de six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires, qui forment avec le président de l’Assemblée le Bureau de la chambre basse, sa plus haute instance exécutive. Mais leur réunion a tourné court, selon des sources concordantes. L’ambiance était « détestable », la majorité continuant à vouloir « traiter avec LR » sans « prendre en compte le poids de chaque force », a expliqué une source parlementaire de gauche.

Le règlement de l’Assemblée prévoit que la répartition des postes s’efforce de refléter les équilibres de la Chambre basse. Mais en cas de différend entre groupes, les députés sont appelés à voter pour trancher. Une longue série de scrutins se tiendra donc à partir de 15 heures, potentiellement jusqu’au milieu de la nuit. Pour le camp présidentiel, l’équation s’annonce complexe. Car il doit tenter de faire respecter son accord avec la droite républicaine de Laurent Wauquiez, qui s’écarte nécessairement de cette règle proportionnelle.

Selon des sources parlementaires, le camp de Laurent Wauquiez a fixé comme pari de départ une, voire deux vice-présidences – la première visant Annie Genevard -, un poste prestigieux de questeur, deux secrétaires, et la présidence de la commission des Finances, qui sera attribuée samedi, et pour laquelle Véronique Louwagie pourrait concourir.

Autre motif de désaccord entre les blocs à l’Assemblée : la question des places attribuées au Rassemblement national. La gauche veut poursuivre le « front républicain » du second tour des législatives jusqu’au Palais Bourbon, laissant le RN hors des postes clés.

Yaël Braun-Pivet réélue à la tête de l’Assemblée

Jeudi, Yaël Braun-Pivet a été réélue présidente de l’Assemblée nationale à l’issue d’un troisième tour serré face au candidat de gauche André Chassaigne, grâce au soutien de La Droite républicaine, qui a retiré son candidat Philippe Juvin.