Roland-Garros : Corentin Moutet, dernier rayon de soleil porte d’Auteuil
A tout juste 25 ans, Corentin Moutet est un peu le vilain petit canard du tennis français. Mais quoi qu’il arrive, il aura vécu au septième ciel cette première semaine de Roland-Garros marquée par la pluie. Le numéro 5 français était en effet le dernier Français en simple dimanche dans cette édition 2024 du tournoi de la Porte d’Auteuil.
Tout un défi quand on connaît le parcours d’un garçon qui n’a décidément pas sa place. Et pour cause ! Il y a près de deux ans, il avait été évincé de la Fédération française de tennis (FFT) en raison de son comportement. « Le comportement de Corentin Moutet sur le terrain ne correspond pas aux valeurs que veut véhiculer la FFT »la Fédération avait envisagé.
Il faut dire que le natif de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), si calme au quotidien, les accumule dès qu’il entre sur un court. Ainsi, le jour de ses 18 ans, il a abandonné la finale des Championnats d’Europe face au Grec Stefanos Tsitsipas alors qu’il n’était qu’à deux points du match et ce parce qu’aucune décision arbitrale n’avait été rendue. dans son sens. Depuis, on ne compte plus ses gestes d’humour, allant parfois jusqu’à en venir aux mains avec ses adversaires. Un volcan qui ne supporte pas l’injustice ou tout ce qui pourrait perturber son jeu particulier.
Tennis inclassable
Car, au-delà de ses sautes d’humeur, le Français possède bel et bien un tennis inclassable, qui déstabilise tous ceux qui ont dû l’affronter. C’est par exemple celui qui a remis à la mode le service à la cuillère, un engagement hérité du tennis et qui n’avait d’autre but que de démarrer une partie.
Considéré comme un engagement perdant ou faible, qui avait valu il y a longtemps à Michael Chang opposé à Ivan Lendl la vindicte de ses pairs, Corentin en a fait une arme redoutable : « Pour moi, c’est un coup dur comme un autre. Pourquoi ne pourrions-nous pas servir d’en bas ? Nous pouvons faire du rembourrage. Pourquoi ne pouvons-nous pas le faire au service ? » a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse.
Face aux « Terminators » du tennis mondial qui, plus ou moins, jouent tous de la même manière – en force et en rythme –, du haut de sa taille d’un mètre soixante-quinze, Moutet ne s’interdit aucune technique : petit slices de revers, lobs judicieux, amortis au mauvais moment…
Un casse-tête pour ses adversaires, mais aussi pour la Fédération française. Grâce à son parcours à Paris, le vilain petit canard a toutes les chances de représenter la France cet été aux JO. Un sacré camouflet ! En effet, si Adrian Mannarino, qui déteste la terre ocre, confirme sa volonté de ne pas s’aligner, il libérera une place dont devrait hériter Corentin Moutet.