Robert Menasse : « L’Europe doit devenir le continent qui vainc le nationalisme »
La littérature européenne est peuplée de bureaucrates. De Flaubert à Gogol. A tel point qu’en 2006, dans le cadre de la modernisation de l’État, le gouvernement français a testé un indicateur, « Kafka » pour les connaisseurs, afin de mesurer la complexité des démarches administratives. Le grand roman du siècle méritait bien ses technocrates.
C’est chose faite avec l’écrivain autrichien Robert Menasse, basé à Bruxelles, qui nous plonge au cœur de l’Europe et de ses institutions, puis dans ses marges. Le résultat est une galerie de personnages qui, par l’absurdité ou le sérieux, permettent d’appréhender l’époque. Robert Menasse est aussi cet essayiste qui a publié, en 2015, Un messager pour l’Europe (éditions Buchet-Chastel). Une réflexion sur un projet communautaire encore en construction. Il continue avec le monde de demain, une Europe démocratique et ses ennemisà venir.
Comment l’Union européenne est-elle devenue pour vous un objet littéraire ?
L’UE produit notre environnement de vie. Le roman, en tant que genre littéraire, raconte la réalité d’une époque. Et cette réalité est aujourd’hui le produit de la poursuite de l’unification européenne. Nous vivons différemment de nos grands-parents, nous avons d’autres possibilités, d’autres problèmes, d’autres espoirs, dangers, chances, nous échouons aussi différemment, nous avons notre propre condition humaine, ce qui signifie que si je veux raconter la contemporanéité, je dois prendre cela au sérieux. et comprenez-le. Et je me demande : comment puis-je le dire ?
À quoi ressemble votre Europe ?