Risque imminent : l’AMOC, courant atlantique vital pour le climat mondial, proche du point de basculement
Un scénario catastrophe digne du film Le lendemain (Roland Emmerich, 2004) : sans la Circulation Méridionale de Renversement de l’Atlantique (AMOC), sorte de « bande transporteuse » tridimensionnelle des masses d’eau de l’Océan Atlantique, l’hémisphère nord se refroidirait considérablement. L’Europe perdrait entre 5 et 10 degrés Celsius en l’espace d’un siècle…
L’effondrement de l’AMOC – dont le Gulf Stream est un segment – entraînerait également des modifications des précipitations, et pas seulement dans l’hémisphère nord. Ainsi, les saisons humides et sèches de la forêt amazonienne changeraient de temporalité, avec des impacts écologiques majeurs sur cet écosystème déjà proche d’un point de basculement.
Une question cruciale : la date de l’effondrement du courant ?
La question ne semble plus être désormais : « Ce courant va-t-il s’effondrer ? mais « Quand va-t-il s’effondrer ? ». En effet, les masses d’eau océaniques plongent et montent par rapport à la surface en fonction de leur teneur en sel (gradient de salinité). Cependant, la fonte accrue des glaces polaires s’accompagne d’un apport accru d’eau douce dans ces régions, ce qui ralentit la circulation.
Le reste sous cette annonce
La nature prend son temps…
j’aime cette annonce !
La nature prend son temps…
j’aime cette annonce !
Une étude de l’année dernière, basée sur les changements dans les températures de surface de la mer, a suggéré que le point de basculement de l’AMOC pourrait se produire entre 2025 et 2095. Cependant, le Met Office britannique avait déclaré que des changements importants et rapides de l’Amoc étaient possibles. « très improbable » au 21e siècle (The Guardian). Le débat n’est pas terminé.
Aujourd’hui, une nouvelle étude (Science Advances, 9 février) souligne un « panneau d’avertissement clé » indiquant, selon ses auteurs, un « effondrement imminent de l’AMOC ». Ce marqueur n’est autre que l’écoulement d’eau douce à l’autre extrémité de l’océan Atlantique, à une latitude précise de 34 degrés sud (la latitude à laquelle se situe l’Afrique du Sud).
Le reste sous cette annonce
La nature prend son temps…
j’aime cette annonce !
Incertitude
Les enregistrements sédimentaires au cours des 100 000 dernières années suggèrent que l’AMOC s’est parfois arrêté brusquement, entraînant des changements climatiques majeurs en quelques décennies. Cependant, l’équipe a constaté qu’environ 25 ans avant l’effondrement du courant, ce débit d’eau douce à la frontière sud de l’océan Atlantique avait atteint un minimum.
Les scientifiques ne disposaient pas d’un historique d’observations des débits d’eau douce suffisamment long pour prédire la distance entre l’AMOC et un point de basculement, explique Live Science. « Nous nous rapprochons, mais nous ne pouvons pas déduire la distance qui nous en sépare »» a confié à nos confrères René M. van Westen, de l’Université d’Utrecht (Pays-Bas), premier auteur de l’étude.
Pour trouver ce point de bascule, les auteurs de la nouvelle étude ont simulé à l’aide de modèles climatiques une augmentation progressive du débit d’eau douce dans l’Atlantique Nord sur plus de 2 000 ans. Ils ont constaté une tendance négative prolongée du débit à 34 degrés de latitude sud, atteignant un minimum environ 25 ans avant l’effondrement de l’AMOC.
Le reste sous cette annonce
La nature prend son temps…
j’aime cette annonce !
La nature prend son temps…
j’aime cette annonce !
Ce minimum n’est pas lié à une valeur de salinité spécifique, mais est plutôt relatif aux modèles, les chercheurs ne sont donc pas sûrs de pouvoir comparer ces conditions à celles d’aujourd’hui, nuance Live Science. L’effondrement de l’AMOC a entraîné une absence totale de circulation et une perte d’environ 75 % du transport de chaleur du sud vers le nord.
Il est urgent d’arrêter le changement climatique
« Nous savons qu’avec le changement climatique, l’AMOC va progressivement s’affaiblir et ce paramètre (d’eau douce) deviendra plus négatif, ce qui déstabilisera encore davantage l’AMOC », résume en tout cas le chercheur. Le message, ajoute-t-il, est qu’il est urgent d’arrêter le changement climatique : « Notre société doit, à l’échelle mondiale, cesser d’émettre gaz à effet de serre« .
Cet article a été initialement publié le 12 février.