rien que le brouhaha « doux » de centaines de musiciens
Accordéon sous le bras, le visage traversé d’un large sourire, Jean-Pierre Martin remonte la rue Passemillon, le pas et le cœur léger. Pour celui qui accompagne depuis de nombreuses années la chorale de la peña Lous Tiholes, c’est un grand jour : ce jeudi 11 juillet a été décrété « journée sans sono » par la Ville de Bayonne…
Accordéon sous le bras, le visage traversé d’un large sourire, Jean-Pierre Martin remonte la rue Passemillon, le pas et le cœur léger. Pour celui qui accompagne depuis de nombreuses années la chorale de la peña Lous Tiholes, c’est un grand jour : ce jeudi 11 juillet a été décrété « journée sans sonorisation » par la mairie de Bayonne. Bars et restaurants ont accordé leurs violons pour couper les sonorisations extérieures, jusqu’à 19 heures.
« C’est comme revenir à une époque que seuls les vieux Bayonnais comme moi ont connue », apprécie le septuagénaire. Rue d’Espagne, Poissonnerie, des Basques, il tend l’oreille : rien que le brouhaha « doux » des bandas, tamborradas, txistularis et autres groupes de cornemuses ne résonne dans les entrailles de la fête. La nouvelle donne acoustique ne semble pas perturber les fêtards qui s’éparpillent devant le moindre duo de guitaristes, planté à un coin de rue. Dans le bruit, certes, mais pas la fureur des sound systems.
Pas de télécommande
« C’est énorme, le changement d’ambiance », s’enthousiasme Christine, qui tire une grosse caisse montée sur un diable. Son groupe, Mari Koska, fait partie des dizaines de formations musicales qui se produisent, sans contrat avec la Ville, pendant le festival de Bayonne. Depuis vingt-cinq ans, la petite association anime la rue « gratuitement », « par amour de la musique live ». « C’est sympa de pouvoir se présenter devant un comptoir et de ne pas avoir à quémander qu’on baisse le volume », soupire la musicienne.
Venu directement de Clermont-Ferrand, le groupe de Cournon n’est pas du genre à se laisser intimider par un patron de bar qui ne trouve pas la télécommande. « On a huit percussionnistes. On est équipés pour faire face », assure Didier Martin. Le directeur musical de l’équipe officielle des supporters de l’ASM se réjouit toutefois de l’expérience bayonnaise. « C’est assez appréciable, on n’a pas besoin de jouer super fort pour que ça marche. Au niveau du jeu, on entend les voix, les différentes harmonies », savoure le trompettiste.
Fin de la trêve
Christine, de Mari Koska, relève toutefois un bémol : « Nous n’avons pas assez de musiciens pour couvrir tout le centre-ville. Nous aurions dû inviter plus de groupes », pointe-t-elle. Pour pallier l’absence de musique live devant leur porte, en début d’après-midi, certains établissements n’hésitent pas à monter le volume de leur sono intérieure. « Au bar, on a le droit », plaide Marie Esgrime, propriétaire de deux bars sur le quai Augustin Chaho. La gérante du Café du Midi et du Paddy sait qu’elle marche sur un fil aux yeux des autorités locales.
« On a ouvert récemment, ce sont nos premiers Festivals de Bayonne, tout a été très compliqué à organiser, justifie-t-elle. Sans compter les 1 200 euros qu’on a investis pour être reliés, avec les autres bars du quai, à la sonorisation extérieure… » La Toulousaine assure que la musique relancerait le business. « Ça a un impact », assure-t-elle.
Dans le Grand Bayonne, d’autres partagent le même avis. « Même si on fait venir 6 ou 7 groupes ou chorales, ça ne permet pas de maintenir l’ambiance toute la journée. Une fête sans musique, c’est compliqué, les gens vont ailleurs. Il faut un minimum de fond sonore pour attirer la foule », regrette Thibault Bribet, derrière son comptoir au bar du Palais, au pied de la cathédrale.