L’hiver approche à grands pas et nous sommes presque prêts à rallumer le chauffage. Qui n’a jamais entendu sa mère, sa grand-mère ou son père (au choix) nous saisir avant une sortie dans l’air glacial pour nous dire : « Couvrez-vous, vous allez avoir froid ! » (l’autre version avec le mal de ventre existe, mais ce n’est pas le sujet). Mais le froid est-il vraiment responsable de nos rhumes hivernaux ? ?
La réponse est plus complexe qu’il n’y paraît, combinant des facteurs environnementaux, biologiques et comportementaux. Entre croyances populaires et avancées scientifiques, démêleons le vrai du faux sur cette maladie respiratoire qui nous a tous touchés un jour ou l’autre.
Le froid, complice, mais pas coupable
Contrairement à la croyance populaire, le froid seul ne suffit pas à déclencher un rhume. Les agents pathogènes, principalement les virus (rhinovirus, adénovirus, coronavirus, virus respiratoires syncytiaux…) en sont responsables. Cependant, les basses températures ne sont pas totalement innocentes dans le déclenchement d’un rhume.
Une étude de 2022 de l’American Academy of Allergy Asthma & Immunology a mis en avant le rôle du froid dans l’affaiblissement de nos défenses immunitaires. Le froid altère donc notre réponse immunitaire innéenotamment dans la cavité nasale, en réduisant l’efficacité des mécanismes de défense, notamment la production de vésicules extracellulaires (VE). Les EV sont de minuscules particules au rôle antiviral, entourées d’une membrane lipidique, que les cellules libèrent dans leur environnement. Ils peuvent être comparés à de petites bulles qui transportent du matériel génétique (comme l’ADN ou l’ARN), des protéines et d’autres molécules d’une cellule à l’autre.
Cette recherche a mis en évidence un phénomène de corrélation entre température et production de VE. Lorsque la température de notre nez baisse d’environ 5°C, comme c’est le cas lorsque nous respirons de l’air froid, nos cellules nasales produisent beaucoup moins de ces vésicules. Ainsi, les VE voient leur efficacité réduite de près de 42 % face au froid.. Cette dernière n’est donc pas directement responsable de l’infection, mais affaiblit notre première ligne de défense contre les virus respiratoires ; c’est un catalyseur.
Saison froide : une combinaison de facteurs
Si les rhumes sont plus fréquents en hiver, ce n’est pas uniquement à cause du froid. Plusieurs facteurs entrent en jeu. Tout d’abord, nous passons plus de temps dans des espaces clos et mal ventilésfavorisant efficacement la transmission des virus par voie aérienne. Ce phénomène a été particulièrement mis en évidence lors de la pandémie de COVID-19.
De plus, les virus qui causent le rhume survivre plus longtemps dans l’air froid et seccaractéristique des intérieurs hivernaux et chauffés. Cette longévité accrue augmente encore les risques de contamination. Autre facteur qui pèse assez lourd dans la balance : quand on chauffe une maison, on assèche mécaniquement son air. L’air chaud a une capacité à retenir l’humidité inférieure à celle de l’air froid. Ainsi, lorsque nous chauffons notre intérieur, l’air s’assèche et nos muqueuses nasales, buccales et oculaires s’assèchent également.
Une muqueuse sèche est beaucoup plus vulnérable aux invasions virales. Plusieurs raisons expliquent cet affaiblissement. Des muqueuses saines forment une barrière physique protectrice, emprisonnant les virus et les bactéries. Lorsque celles-ci sont sèches, cette barrière est beaucoup moins efficace. Ceux-ci produisent également du mucus, chargé d’anticorps et d’enzymes qui protègent contre les infections et comme l’air est sec, cette production de mucus est réduite. Une muqueuse desséchée est donc une véritable porte ouverte aux virus.
Prévention : au-delà des idées reçues
Comment se protéger efficacement et réduire les risques d’attraper un rhume ? Une première solution est très simple à mettre en œuvre : couvrez-vous le nez et la bouche par temps froid peut aider à maintenir la température de nos muqueuses nasales. Cependant, cette action à elle seule ne constitue qu’une partie de la solution et ne suffit pas à vous protéger efficacement.
L’hygiène des mains reste essentielle, même si la transmission par contact est bien moins fréquente que par voie aérienne. Aérer régulièrement les espaces clos (au moins 10 minutes par jour), même en hiver, permet de réduire la concentration de virus dans l’air.
L’utilisation d’un humidificateur permet de contrer les effets néfastes de l’air sec sur nos muqueuses. Pour un confort optimal et une bonne santé, il est généralement recommandé de maintenir un taux d’humidité relative dans votre intérieur entre 40% et 60%. En dessous de 40 %, vos muqueuses s’assèchent, et au-dessus de 60 %, l’air est trop humide, ce qui favorise le développement de moisissures et de bactéries.
Enfin, dernier point très important en dehors du soin apporté à son environnement : prends soin de toi. Une alimentation équilibrée renforce le système immunitaire, tout comme une activité physique régulière et un sommeil régulier et suffisant. Ce trio gagnant constitue une stratégie de défense efficace à long terme contre les infections en général. Alors la prochaine fois que votre grand-mère vous conseillera de bien vous envelopper pour éviter un rhume, vous saurez qu’elle n’a pas tout à fait tort. Même si la réalité est plus complexe que ne le suggère la sagesse traditionnelle.
- Le froid affaiblit les défenses immunitaires nasales, rendant les virus plus faciles à contracter.
- En hiver, les virus survivent plus longtemps dans l’air sec et les muqueuses sont plus vulnérables à cause de la chaleur.
- Se couvrir, aérer et maintenir une bonne hygiène sont essentiels pour prévenir le rhume, mais une bonne santé globale est tout aussi importante.
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