« Ils m’ont dit pas de bière ! », rapporte Roan, une pinte à la main au bar 8, se remémorant les recommandations de ses parents avant de partir pour les Vieilles Charrues. Avec ses amis, ils viennent pour la première fois de la région de Pontivy au festival ce samedi 13 juillet. Ils sont jeunes adultes ou en passe de le devenir et sont sans leurs parents. Ces Charrues 2024 sont une première pour Emma. « Je n’avais pas le droit d’y aller avant mes 18 ans. Maintenant, ils m’ont laissée », rapporte la jeune femme à qui on a tout de même donné quelques recommandations : « Fais attention à ce que personne ne mette des trucs dans ton verre, porte des manches longues contre les piqûres, n’y va pas avec des inconnus. Il fallait aussi un endroit sûr pour dormir, sinon je n’irais pas ». Le groupe d’amis a planté sa tente, fermée à clé, au camping dans un endroit calme. Les parents de Roan lui ont donné une dernière consigne : « Reviens en un seul morceau ».
« Ils vivent une époque difficile et pleine de dangers, alors nous sommes prudents. »
« Je suis grand maintenant »
Blandine, 17 ans, devra elle aussi attendre ses 18 ans pour aller seule aux Vieilles Charrues. « En journée, je l’aurais peut-être laissée, mais pas le soir. Elle voulait venir, alors je suis venue avec elle. C’est aussi l’occasion pour moi de découvrir », explique Alison, 38 ans. Blandine n’est pas gênée par la présence de sa mère : « D’un côté, je comprends, mais bon, je me dis que je suis une grande fille maintenant et on fait attention ». La mère laissera tout de même un peu de liberté à son ado et à son cousin, notamment pour les concerts, car elle évite la foule, tandis que Blandine veut être au plus près de la scène pour le concert de Dadju. « Ils vivent une époque difficile, avec des dangers. Donc on fait attention », explique la mère. Ils fixent eux-mêmes le point de rendez-vous à la mesure 8. Même stratégie pour Lily-Jeanne avec ses parents qui la laissent vivre sa vie sur le site avec ses copines mais fixent un lieu de rendez-vous pour un départ après le concert de Dadju et Tayc. « Ça ne nous dérange pas qu’ils soient là, ils ne sont pas collés à nous et c’est plus pratique pour les transports », explique l’adolescente. Eléa est aussi accompagnée de ses parents et cela a même tendance à la rassurer : « c’est bien pour ne pas se faire aborder par n’importe qui ».
Patrice, 48 ans, originaire de Quimper, ne lâche pas ses filles, Clara, 16 ans, et Salomé, 14 ans. « De toute façon, on écoute la même musique, elles nous mettent au goût du jour. » Zoé, 17 ans, est venue en famille, non par obligation, mais parce que tout le monde y trouve son compte. Les Charrues solo, c’est un « non » catégorique pour Sébastien, son père. Comme beaucoup de croisés, il a peur que sa fille soit droguée à son insu, c’est pourquoi il lui a acheté un bouchon anti-GHB pour sa boisson. « On lui fait confiance, les autres, c’est le problème », ajoute la mère. Oui, l’adolescente aimerait venir seule avec ses copines, « mais je suis aussi rassurée qu’elles soient là. » Preuve que, malgré le désir d’émancipation, les parents servent toujours à quelque chose.